L’association Génération future a trouvé des traces de pesticides et de perturbateurs endocriniens dans l’eau du robinet
POLLUTION L’association a voulu vérifier les tests effectués par l’Etat sur l’eau potable
L'eau du robinet contient des traces de pesticides et de perturbateurs endocriniens présumés, dénonce ce mercredi l’association Générations futures, qui milite contre les pesticides dans l'agriculture. Sans remettre en cause la qualité de cette eau, tempèrent les autorités. Générations futures a épluché les analyses effectuées par les Agences régionales de Santé (ARS), qui contrôlent la qualité de l’eau du robinet.
« Le ministère de la Santé communique chaque année au sujet des situations de dépassement de norme pour l’eau potable. Nous voulions aller voir la nature des molécules, si elle est préoccupante ou pas », explique François Veillerette, président de l’association. En 2018, « 90,6 % de la population a été alimentée en permanence par de l’eau respectant les limites de qualité réglementaires pour les pesticides », selon le ministère.
8.835 analyses
L’eau potable, « aliment le plus contrôlé en France », répond à des normes très strictes, explique Maryllis Macé, directrice du Centre d’information sur l’eau, qui représente les professionnels de la gestion de l’eau. Pour les pesticides, « on ne doit pas dépasser 0,1 microgramme par litre et par molécule » et 0,5 microgramme toute substance confondue, indique-t-elle.
Générations futures a retenu 8.835 analyses « ayant révélé la présence d’au moins un résidu de pesticide au-delà des limites de quantifications », sur environ 273.500 prélèvements au total. Il en ressort « 15.990 quantifications individuelles de pesticides », dont 38,5 % sont des CMR, 56,8 % des perturbateurs endocriniens suspectés, selon Générations futures. Le pourcentage monte à 78,5 % en comptabilisant les molécules ayant l’une ou l’autre de ces propriétés ou les deux, poursuit l’association.
Des effets encore mal connus
Les effets des perturbateurs endocriniens sur la santé sont encore mal connus. Ils inquiètent car ils peuvent agir à de très faibles niveaux d’exposition et les chercheurs suspectent des « effets cocktails » en présence de plusieurs substances. « La proportion de produits problématiques est vraiment importante », critique François Veillerette, qui regrette l’impossibilité de comparer les départements, les mêmes substances n’étant pas recherchées partout.
Parmi les dix molécules les plus quantifiées, sept sont interdites depuis les années 2000, dont le métolachlore et l’atrazine, des herbicides, ou encore l’oxadixyl, un fongicide. Cette persistance s’explique par le temps nécessaire pour que les eaux polluées atteignent les nappes phréatiques. « On paye les erreurs du passé », constate François Veillerette. Certaines de ces molécules sont les mêmes trouvées dans les cas de non-respect des limites réglementaires en 2018, comme l’atrazine ou le métolachlore.
Le ministère de la Santé précise que la quasi-totalité des situations de dépassement de la limite de qualité en 2018 « ont été limités en concentration et/ou dans le temps, ne nécessitant pas une restriction de l’usage de l’eau du robinet pour la boisson ». La France a lancé plusieurs plans, dits Ecophyto, pour réduire la consommation de produits phytosanitaires en agriculture, mais ils se sont soldés par des échecs : cette consommation a augmenté de 21 % en 2018, quand elle était censée diminuer de moitié en dix ans, malgré 400 millions d’euros dépensés.