Côte d’Azur : Il veut sauver les cabanons de la plage de la Mala

MOBILISATION Un architecte niçois défend les cabanons de la plage de la Mala à Cap d’Ail, menacés de destruction depuis qu’un arrêté préfectoral les a fait basculer dans le domaine public

Olfa Ayed
Photo envoyée par Alice Morini - Plage de la Mala, Cap-d'Ail (06)
Photo envoyée par Alice Morini - Plage de la Mala, Cap-d'Ail (06) — Alice Morini
  • Depuis le mois d’octobre 2019 un décret définissant le domaine maritime public rend les cabanons de la Mala illégaux
  • Un architecte niçois plaide pour la reconnaissance patrimoniale de ces cabanons afin qu’ils soient protégés. Une pétition en ligne a même été lancée

« C’est le dernier témoignage visible des pêcheurs de la Côte », déclare Nicolas Svetchine, fils de l’architecte niçois qui plaide pour l’intérêt patrimonial de ces constructions balnéaires sur la célèbre plage de la Mala de Cap d’Ail (Alpes-Maritimes). Depuis quelques mois, son père, Luc Svetchine, installé à Nice et auteur d’ouvrages sur le patrimoine local, est mobilisé contre la destruction de ces cabanons ancestraux, menacés de destruction.

Installés depuis de nombreuses années aux pieds des falaises, au bord de l’eau, ces petites structures, font désormais parties du domaine maritime public, depuis octobre dernier et la signature d’un arrêté préfectoral en ce sens. Les cabanons sont, dès lors, devenus illégaux.

Les constructions en rose représentent les cabanons qui sont désormais compris dans le domaine maritime public décidé par arrêté préfectoral en octobre 2019, représenté, ici par le trait rouge.
Les constructions en rose représentent les cabanons qui sont désormais compris dans le domaine maritime public décidé par arrêté préfectoral en octobre 2019, représenté, ici par le trait rouge. - Préfecture des Alpes-Maritimes

Pour l’architecte niçois, ces cabanons ont un intérêt patrimonial fondamental. Il demande leur reconnaissance comme « éléments historiques de la plage ». « Mon père a même adressé une longue lettre aux architectes des bâtiments de France où il plaide la cause des cabanons. Ils n’ont pas pris position », déplore son fils Nicolas, qui se rend chaque été, depuis 10 ans, sur la plage de la Mala. « Ces cabanons participent à la poésie du lieu ».


Un « acharnement » sur les cabanons

Et ce n’est pas cette habituée de la plage qui dira le contraire. Depuis 46 ans, cette Niçoise, qui souhaite rester anonyme, passe ses étés dans le cabanon de sa maman. « On se connaît tous, ça fait partie de notre vie. Demain s’il n’y a plus le cabanon je ne remets plus les pieds là-bas ! » déclare-t-elle.

Situé aux pieds des falaises, son petit cabanon de 33 m2, dans la famille depuis 70 ans, est également menacé de destruction. Pour elle, il y a un acharnement sur les cabanons de Cap d’Ail : « C’est incompréhensible. Ils emploient des géologues. Durant toutes ces années ils nous font des démonstrations sur la qualité du sable et cherchent des stratégies pour nous faire partir, souligne-t-elle. Psychologiquement c’est très difficile. Chaque année ma mère croit que le cabanon va disparaître. J’espère qu’elle ne vivra pas ça. »

« On mélange le droit et l’affectif »

« Sur une plage comme la Mala nous sommes sur une plage naturelle, il ne peut pas y avoir plus de 20 % d’utilisation privatif, 80 % doivent être pour l’utilisation publique », explique Serge Castel de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM). Concernant la mobilisation autour des cabanons de la Mala, ce dernier déclare : « On mélange le droit et l’affectif. Ces cabanons sont inscrits dans la vie de famille, festive et locale mais le problème c’est qu’ils se sont approprié les biens publics. »

L’idée, selon Serge Castel, est de monter des projets « respectueux du décret plage comme à Juan-Les-Pins ». « Les projets, nous les avons commencés au mois de mars mais on va laisser passer l’été. Et on retravaillera à la rentrée. On ne va pas remettre de l’émotion cet été surtout avec ce qui s’est passé », en référence au coronavirus.

De leur côté les défenseurs des cabanons restent mobilisés. « Pour eux le combat continue, et ils vont continuer à occuper les lieux tant que les démarches ne seront pas poussées jusqu’au bout », déclare Nicolas Svetchine. Une pétition en ligne a même été lancée pour la « sauvegarde des cabanons plage de la Mala ». Elle a récolté plus de 1390 signatures.