Côte d'Azur: « Le risque de tsunami existe et il faut encore sensibiliser », alerte une scientifique
INTERVIEW La géographe Laurie Boschetti étudie cette problématique au laboratoire Geoazur
- 40 ans après un tsunami qui avait fait 11 morts sur la Côte d’Azur, 20 Minutes fait le point sur ce risque.
- Selon une scientifique du laboratoire Géoazur, la proximité d’une faille sous-marine et les pentes importantes des fonds marins sont propices à la survenue de tsunamis.
- L’urbanisation du littoral pourrait impliquer d’importants dégâts, voire des pertes humaines.
Le 16 octobre 1979, un tsunami provoqué par un affaissement de terrain sur un chantier au sud de l’aéroport de Nice déferlait sur la Côte d’Azur. Onze personnes perdaient la vie entre Nice et Antibes. 40 ans après, Laurie Boschetti du laboratoire Geoazur fait le point sur les risques qui pèsent sur le littoral azuréen.
Y a-t-il eu d’autres précédents ?
J’ai notamment travaillé sur le tsunami du 23 février 1887, d’origine sismique. Il avait provoqué des dégâts essentiellement entre Gênes et Menton, malgré une vague qui n’avait pas excédé 1 m de hauteur.
En quoi la Côte d’Azur est-elle particulièrement exposée ?
Le premier risque concerne donc les séismes et la faille Ligure située entre 20 et 30 km du littoral, qui s’étend sur 80 km de long face à l’Italie. Le second concerne ce que l’on appelle les événements gravitaires. Localement, la topographie des fonds marins est propice aux glissements de terrain. La pente est raide et il y a beaucoup de canyons. Ils peuvent être déclenchés notamment par les courants, mais aussi par l’apport de sédiments transportés par le Var.
Selon vos modélisations, quels pourraient être les risques ?
Nous avons fait des simulations sur d’importants séismes. Selon le pire des scénarios, quand même très peu probable avec une rupture totale de la faille Ligure et une magnitude de 7.5, les vagues pourraient atteindre 4 m à Menton et sur les caps, notamment à Antibes. Les baies, comme celles de Nice et de Cannes, seraient moins exposées.
A-t-on une idée des dégâts ?
C’est difficilement quantifiable. Mais l’urbanisation et la forte anthropisation du littoral font que les dégâts seront de toute façon très importants. Sur les pertes humaines, tout dépend de l’époque à laquelle surviendrait un tsunami. En plein mois d’août, la fréquentation des plages aggraverait forcément le bilan.
D’autant plus que les signes, et notamment le retrait de la mer, ne seraient pas très flagrants vu la topographie des fonds marins. L’alerte n’est pas encore optimale. Mais il faut que les Azuréens aient conscience que le risque existe. Et il faudrait faire davantage de sensibilisation.