Panthère d’Armentières : Une affaire « assez banale » pour 30 Millions d’amis

ANIMAUX Partie civile dans ce dossier, la fondation 30 Millions d'amis traite environ 200 procédures similaires chaque année

Mikaël Libert
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La panthère noire d'Armentières.
La panthère noire d'Armentières. — AP/SIPA
  • Quasiment systématiquement, la fondation 30 Millions d'amis dépose une plainte avec constitution de partie civile lorsqu’un animal sauvage et protégé est détenu illégalement.
  • « Les peines encourues en France ne sont pas assez dissuasives au regard de l’argent que génère le trafic d’animaux sauvages », déplore un enquêteur de la fondation.

Une panthère peut en cacher plein d’autres. L’affaire de la panthère d'Armentières a fait grand bruit. Non seulement parce que ce n’est pas courant de voir déambuler un fauve sur les toits d'une commune du Nord, mais aussi en raison des multiples rebondissements qui ont suivi la capture de l’animal. Pour autant, il ne s’agit pas d’un cas isolé comme l’a expliqué à 20 Minutes Arnaud Lhomme, enquêteur à la fondation 30 Millions d'amis.

Quasiment systématiquement, la fondation 30 Millions d'amis dépose une plainte avec constitution de partie civile lorsqu’un animal sauvage et protégé est détenu illégalement. C’est donc ce qui s’est passé pour le propriétaire présumé de la panthère noire capturée à Armentières, mi-septembre. D’ailleurs, dans ce dossier, la fondation s’étonne que le suspect ait été remis en liberté à l’issue de sa garde à vue : « On reproche à cet homme des sévices graves ou acte de cruauté envers un animal et la mise en danger de la vie d’autrui et il n’a même pas été déféré », s’insurge Arnaud Lhomme, enquêteur à la fondation.

Des panthères des neiges à 30.000 euros l’unité

Même si l’enquête préliminaire se poursuit, le défenseur des animaux ne se fait pas d’illusion sur la suite : « Les peines encourues en France ne sont pas assez dissuasives au regard de l’argent que génère le trafic d’animaux sauvages », déplore-t-il. Parce que, selon l’enquêteur, il y a un « véritable marché très lucratif ». « Un zoo que je ne citerai pas, mais qui a été fermé, gardait des panthères des neiges avant de les revendre en Russie environ 30.000 euros chacune », assure Arnaud Lhomme.

D’ailleurs, ce jeudi, l’enquêteur de 30 Millions d’amis a finalisé le transfert vers un sanctuaire en Grande-Bretagne de quatre lionceaux saisis chez des particuliers en France. En juillet, un singe et un serval ont été saisis aux domiciles de particuliers du Pas-de-Calais. « Au cours du dernier mois, ce ne sont pas moins de dix primates que nous avons pu récupérer », précise-t-il.

Des singes achetés « trois fois rien » sur des marchés

Tout le problème est de déterminer la provenance de ces animaux. « Il y a de négociants en animaux vivants, mais il y a aussi de l’achat d’opportunité. Certains cirques par exemple ne déclarent pas toutes les naissances et revendent ainsi sous le manteau les bébés. Sans compter les touristes qui achètent pour trois fois rien un singe sur un marché en Afrique du nord et qui importent ensuite illégalement ces espèces en France », assure Arnaud Lhomme.

Ainsi, pour 30 Millions d’amis, le sauvetage d’animaux exotiques détenus illégalement est devenu banal. Selon la fondation, ce sont plus de 200 plaintes qui sont déposées chaque année. Et les chiffres ne font qu’augmenter.