Oise : Un jeune ingénieur recycle des mégots pour faire des doudounes

INNOVATION En recyclant les fibres des filtres de cigarettes Julien Paque obtient une matière isolante

Mikaël Libert
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Julien Paque utilise environ 3.500 mégots pour fabriquer une doudoune.
Julien Paque utilise environ 3.500 mégots pour fabriquer une doudoune. — Frederic Scheiber/20 Minutes
  • Un jeune ingénieur de l’Oise planche sur le recyclage des mégots de cigarettes.
  • La matière des filtres peut-être utilisée pour fabriquer un matériau isolant.
  • Il a confectionné un prototype de doudoune doublée avec des mégots recyclés.

Fraîchement diplômé d’une célèbre école d’ingénieurs lilloise, Julien Paque, 22 ans, s’est lancé dans la conception d’un textile un peu particulier. En  recyclant des mégots de cigarettes, il est parvenu à élaborer une  matière isolante que le jeune homme utilise pour confectionner des doudounes.

A la base, ce n’est pas très sexy. « Pour moi, comme pour tout le monde d’ailleurs, les mégots c’est sale et ça pue », reconnaît Julien Paque. Une chose plutôt rebutante, donc, mais qui a plusieurs avantages selon l’ingénieur : « On en trouve en grande quantité, gratuitement et le potentiel est intéressant », assure-t-il.

La serre familiale comme laboratoire

Cette idée farfelue, Julien l’a eue il y a un an alors qu’il bricolait l’isolation dans une maison : « J’ai vu un mégot par terre et je me suis rendu compte que la matière du filtre ressemblait beaucoup à ce que l’on utilisait pour isoler les toitures », se souvient-il. Alors, il s’est sérieusement penché sur la question, enchaînant les expériences dans la serre de la maison familiale de Beauvais.

Avec l’acétate de cellulose, principal composant des filtres de cigarettes, Julien est parvenu à fabriquer une sorte de rembourrage. Mais avant cela, il a été confronté au problème de la dépollution de sa matière première. « Dans un mégot, il y a des milliers de composés chimiques dont certains sont toxiques, explique-t-il. Il faut non seulement se débarrasser de cela, mais aussi de l’odeur ». Un processus onéreux, d’autant que Julien ne souhaite pas utiliser d’eau : « Je veux m’assurer que le procédé de recyclage pollue moins que la simple destruction du déchet ».

Avec ses petits moyens, l’ingénieur est parvenu à élaborer un prototype de doudoune qu’il a exhibé au public lors de la braderie de Lille. « L’accueil a été plutôt favorable, les gens ont accepté de l’essayer sans a priori. Il faut juste passer la barrière psychologique », assure-t-il.

Un financement participatif pour récolter 5.000 euros

Sauf que pour convaincre les investisseurs, il lui faut davantage que des commentaires de bradeux. « Je dois tester les caractéristiques techniques, notamment le pouvoir isolant, déclare Julien Paque. Mais aussi vérifier que le processus de nettoyage élimine effectivement toutes les substances toxiques ». Pour cela, il a lancé un financement participatif afin de récolter les 5.000 euros nécessaires.

Si les résultats sont concluants, le jeune homme pourrait se lancer rapidement dans la production de ses doudounes. « Pour être rentable, il faudrait les vendre environ 120 euros », estime-t-il. Pour sa matière première, il ne devrait pas avoir trop de souci d’approvisionnement, même s’il lui faut environ 3.500 mégots pour fabriquer un seul manteau. Selon le ministère de la Transition écologique, ce sont en effet 25.000 tonnes de mégots qui sont jetés chaque année en France.