Loire-Atlantique : Pourquoi y a-t-il autant de chauves-souris dans la forêt du Gâvre ?

NATURE Quelque 200 chiroptères trouvent refuge dans d’anciens quais de stockage militaire datant de la Seconde Guerre mondiale

David Phelippeau
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Olivier vient de capturer un Grand Rhinolophe.
Olivier vient de capturer un Grand Rhinolophe. — D.P. / 20 minutes
  • Près de 200 chauves-souris s’abritent en période d’hivernage dans des bâtiments militaires en forêt du Gâvre, au nord-ouest de Nantes.
  • Une équipe de l’Office national des forêts était présente toute la semaine dernière pour réaliser des études dans l’optique de préserver au maximum ces chiroptères.

Mardi soir, il est presque 21 heures. Le soleil décline de plus en plus au-dessus de la forêt du Gâvre. Equipés d’une lampe frontale et de gants, quatre forestiers et naturalistes, venus des quatre coins de la France, s’apprêtent à entrer en action. Leur mission : capturer les chauves-souris qui entrent et sortent de deux anciens quais de stockage militaire datant de la  Seconde Guerre mondiale.

Quelque 180 chiroptères trouvent refuge dans cette trentaine de soubassements en béton, lesquels sont des endroits à humidité fixe et chauds qu’ils cherchent en période d’hibernation (comme les caves et les vieilles bâtisses). « Avec ces bâtiments militaires, la forêt du Gâvre est l’un des deux plus gros sites d’hivernage de la Loire-Atlantique pour les chauves-souris », explique Mickael Ricordel, chef de projet à l’Office national des forêts dans les Pays de la Loire.

Des grilles ont été installées à l’entrée des principaux soubassements en béton pour protéger les colonies de chauves-souris. « Elles ont fait et font encore malheureusement l’objet d’activités humaines indésirables », justifie l’ONF. « Il ne faut pas oublier que les chauves-souris rendent service à l’homme en se nourrissant d’insectes ravageurs comme les scolytes ou même les moustiques, poursuit Mickael Ricordel. Il faut les préserver dans l’intérêt des forestiers, des agriculteurs et tout simplement pour la santé publique. »

Des micros placés à l’entrée des quais

C’est d’ailleurs pour cette raison que le réseau naturaliste de l’ONF est resté plusieurs jours en forêt du Gâvre, située à 40 km au nord-ouest de Nantes, la semaine dernière. Les spécialistes doivent essayer de « comprendre les interactions entre la gestion forestière et les chauves-souris ».

Pour ce faire, des micros ont été placés à l’entrée de cinq quais autour desquels des coupes d’arbres ont été réalisées et à l’entrée de cinq quais sans coupes d’arbres. « L’objectif est de voir les différences d’activités des chiroptères et de les préserver au maximum, explique Mickael Ricordel. En fonction des résultats, nous nous adapterons pour la gestion forestière des parcelles. »

Le Gâvre est-il aussi un lieu de gros regroupements de reproduction ?

Autre étude lancée par les spécialistes : « Est-ce que les quais militaires accueillent des gros regroupements de reproduction sur le Gâvre ? » Cela tombe bien, Olivier vient de capturer, à l’aide d’un filet placé à l’entrée des soubassements, une chauve-souris. « En voyant le niveau d’excitation des chauves-souris… », l’équipe de l’ONF aura une tendance forte pour son étude.

« C’est un Grand Rhinolophe qui pèse 22 grammes », lance Olivier, la lampe frontale bien calée et le chiroptère en main. Et au regard de ses organes génitaux, c’est un mâle et « il est chaud patate », selon le spécialiste, tout sourire. Une donnée supplémentaire qui atteste que le Gâvre est aujourd’hui devenu un des plus gros sites d’intérêt national pour les chauves-souris dans le département.