L’Etat alerte sur les dangers de la pêche à l’aimant, un loisir en vogue qui « dépollue » les rivières
PREVENTION Si de plus en plus de pêcheurs s’équipent d’aimants pour nettoyer les rivières, les autorités alertent sur les nombreuses armes de la Seconde Guerre mondiale retrouvées
- Des pêcheurs se munissent d’aimants « super-puissants » pour arpenter les rivières et les « dépolluer »
- Parmi les objets retrouvés, figurent de nombreuses armes et munitions de la Seconde Guerre mondiale.
- L’Etat rappelle donc que cette pratique est strictement encadrée.
« Ferraille, vélos ou scooters », mais parfois aussi obus ou grenade… De plus en plus de pêcheurs, munis d’aimants « super-puissants », arpentent les rivières pour les « dépolluer ». Mais ce nouveau loisir écolo inquiète les autorités, qui rappellent que la pêche à l’aimant est « illégale » et « risquée » dans les départements marqués par la guerre.
Armés d’aimants « en néodyme », considérés comme les plus puissants au monde, au bout d’une corde tenue en main, les pécheurs repèrent les objets avant de les remonter à l’aide d’un grappin.
Des obus, des munitions et des grenades qui peuvent être « encore actifs »
Animé par sa « passion pour la Seconde Guerre mondiale » et le désir de dénicher « des objets historiques », médailles ou matériel militaire, Owen Gressier, 20 ans, s’est « vite aperçu qu’il était possible de dépolluer les eaux ». Il a donc créé en 2017 une page Facebook, comptant aujourd’hui 500 abonnés, pour « partager des photos, donner des conseils et organiser des sorties ». « C’est fou tout ce qu’on trouve dans l’eau ! » s’exclame le jeune homme. Scooters rouillés, trottinettes, panneaux de signalisation, micro-ondes : « en s’y mettant à une dizaine, on sort parfois 50 kg de ferraille en quelques heures ! ».
Mais dans certaines zones comme les Hauts-de-France, terrain de batailles sanglantes au cours des deux conflits mondiaux, de nombreux obus, munitions et grenades demeurent dans les cours d’eau. N’ayant parfois pas explosé, ils peuvent être « encore actifs », s’inquiète la Direction générale de la sécurité civile. Face au développement « exponentiel » du loisir depuis près de deux ans, y compris sous le pont des Arts, à Paris, elle a adressé cet été une note à toutes les préfectures, rappelant sa « dangerosité ».
« C’est une passion, bonne pour la planète, on n’arrêtera pas du jour au lendemain ! »
En mai, à Ferrière-la-Grande (Nord), un homme a ainsi été gravement blessé par du gaz moutarde échappé d’un obus. Deux jeunes ont également « remonté fin juillet une grenade au phosphore » à Hem-Monacu (Somme) et subi des « irritations » notamment aux yeux, selon la préfecture de la Somme, première à interdire le 5 août cette pratique sur son territoire. Elle est « de toute façon illégale sans autorisation », car délivrée par l’État dans les fleuves et autres cours d’eau, ou par les propriétaires sur terrains privés, rappelle la préfecture de l’Oise.
« On n’avait pas conscience des risques… jusqu’à ce que mon fils trouve une grenade ! » se souvient Hélène Ledien, habitante du Pernois (Somme). Arthur, 14 ans, « pêchait régulièrement avec son copain, et son aimant acheté une trentaine d’euros sur Amazon, dans un but écologique ». Quand il a trouvé l’arme, « il m’a heureusement appelée, j’ai vraiment eu très peur », raconte-t-elle. « On a déjà repêché un obus actif, des armes et 600 munitions, entièrement rouillées », reconnaît Owen Gressier. Mais « on sait comment réagir. On établit un périmètre de sécurité et on prévient les démineurs », jure-t-il, affirmant faire de la pédagogie sur sa page. « C’est une passion, bonne pour la planète, on n’arrêtera pas du jour au lendemain ! », renchérit Nicolas, 26 ans.