Lyon: La ville se met à recycler les mégots de cigarette

ENVIRONNEMENT Une expérimentation vient d'être lancée pour deux ans

Caroline Girardon
Un mégot de cigarette jeté par terre.
Un mégot de cigarette jeté par terre. — Smaragd/Pixabay
  • La ville de Lyon vient de lancer sa première zone «Zéro Mégot».
  • Seize cendriers ont été installés dans deux parcs pour que la structure EcoMégot récupère les déchets et les recycle.
  • L’objectif est d’étendre le dispositif à toute la ville si l’expérimentation de deux ans est un succès.

40 milliards de mégots de cigarette jetés par terre chaque année en France. Et des conséquences dramatiques pour l'environnement. Si aujourd’hui une collectivité ne peut juridiquement imposer l’interdiction de fumer dans un lieu public, la ville de Lyon a décidé d’instaurer des zones « Zéro mégot » en lançant une expérimentation de deux ans sur trois de ses sites : le parc de Gerland, le parc des Berges et le port Edouard Herriot.

Seize cendriers à tête orange ont été installés et seront gérés par la structure EcoMégot, chargée ensuite de recycler le tout. L’objectif : collecter potentiellement 300.000 mégots et éviter ainsi la pollution des sols et des cours d’eau.

1 mégot pollue jusqu’à 500 litres d’eau

« La première fausse idée, largement répandue, consiste à dire que les mégots sont biodégradables. Pas du tout. Les filtres sont en plastique. Un mégot met jusqu’à 12 ans pour se dégrader, plaide Lisa Duvillard, responsable de l’antenne régionale d’EcoMégot. Il contient 2.500 composants chimiques rejetés dans la nature ».

« Aujourd’hui, la plupart des gens les jettent par terre en pensant qu’ils seront ramassés par les services de propreté. Mais pas forcément. Les balayeuses des engins les envoient dans les caniveaux et donc dans les cours d’eau. Quand on se débarrasse d’un mégot en le mettant dans une grille d’égout, c’est pareil », poursuit la jeune femme rappelant qu’un seul mégot pollue jusqu’à 500 litres d’eau et représente le 4ème plus gros déchet dans les océans.

Briser les réflexes

L’objectif de la structure est de valoriser la matière des mégots récupérés, comme le papier. Ou de les mélanger avec d’autres déchets dangereux tels les sciures de bois traitées afin de fabriquer des briques destinées à alimenter les fours de cimenterie. Et éviter ainsi d’avoir recours aux énergies fossiles. La ville de Lyon, elle, se laisse le temps de voir si ça fonctionne.

« Installer des cendriers ne suffit pas, il faut aussi sensibiliser le public », estime Alain Giordano, adjoint en charge des espaces verts et de la qualité de l’environnement. Et de poursuivre : « Il ne s’agit pas de stigmatiser les fumeurs, qui jettent leur mégot davantage par réflexe que par la volonté de polluer, mais il faut leur donner la volonté de faire le dernier mètre pour aller jusqu’au cendrier ». En cas de succès de l’expérimentation, l’idée serait d'étendre rapidement le principe à toute la ville. « Avec une priorité accordée aux parcs situés à proximité de l’eau », conclut l’élu.