Bretagne: Le scandale des algues vertes raconté dans une bande dessinée
ENVIRONNEMENT La journaliste Inès Léraud a enquêté pendant trois ans sur cette pollution qui infeste les plages bretonnes
- Une BD, signée Inès Léraud et Pierre Van Hove et parue chez Delcourt, vient de sortir sur le scandale des algues vertes en Bretagne.
- La journaliste a enquêté pendant trois ans sur cette pollution qui empoisonne les plages bretonnes.
- Son travail d’enquête n’a pas été simple car le sujet est hautement sensible dans la région.
Les algues vertes. Voilà un sujet dont la Bretagne aimerait bien ne plus entendre parler. Mais même si elle se soigne, la région n’en a pas pour autant fini avec ce fléau. L’actualité le démontre d’ailleurs avec des échouages massifs constatés ces derniers jours dans la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), qui ont d’ailleurs contraint un maire à interdire l’accès à une plage.
Dans le même temps, une journaliste a décidé d’en remettre une couche en publiant mi-juin une enquête fleuve sous forme de bande dessinée, Algues vertes : l’histoire interdite (La Revue Dessinée/Delcourt) consacrée à « ce scandale étouffé ». Pendant trois ans, Inès Léraud a tenté de comprendre quel était ce mal qui empoisonnait la région et aurait causé depuis la fin des années 1980 la mort « d’au moins 3 hommes et 40 animaux ».
Un dossier hautement sensible dans la région
Elle revient dans son récit très détaillé sur les tristement célèbres affaires du cheval mort asphyxié à Saint-Michel-en-Grève en 2009 et des 36 sangliers retrouvés morts en 2011 dans le lit du Gouessant. Ou sur le décès de Thierry Morfoisse, ce chauffeur de camion qui était décédé en 2009 après avoir transporté des algues vertes en décomposition. « Et je pense qu’on est passé à côté de beaucoup plus de morts », assure-t-elle.
Aidée dans sa tâche par des lanceurs d’alerte et des militants écologistes, la journaliste n’a pas été accueillie, on s’en doute, avec des fleurs dans la région. Car les algues vertes sont un sujet hautement sensible, et même un peu tabou, en Bretagne. « Personne ne veut le voir et les autorités cherchent même à l’occulter », indique l’auteure, évoquant « une désinformation » qui semble contenter tout le monde.
« Les Bretons se sont habitués à ces algues vertes »
Car le principal responsable des algues vertes est bien connu : l’agriculture intensive. Et quand on connaît le poids de ce secteur dans l’économie bretonne, on comprend mieux pourquoi le dossier embarrasse les autorités et une partie de la population. « C’est une pollution qui est pourtant visible. Les Bretons ont ces algues vertes sous leurs yeux mais ils s’y sont habitués. Mais en même temps, c’est un énorme dilemme. Car si on s’attaque vraiment au problème, ils ont peur que la Bretagne soit sinistrée et son économie ruinée », précise-t-elle.
Durant son enquête, Inès Léraud a tout de même constaté, non sans satisfaction, que les lignes commençaient à bouger avec de nouvelles pratiques agricoles qui se mettaient en place. « C’est un premier pas. Mais il faudra du temps pour que la Bretagne gagne ce défi », lâche-t-elle.