Naufrage du «Grande America»: «Pas de pollution de grande ampleur, mais il peut y avoir quelques galettes»

ENVIRONNEMENT Les opérations de lutte anti-pollution après le naufrage du navire dans le golfe de Gascogne, sont désormais terminées

Mickaël Bosredon
"L'Argonaute" tente de capter une partie de la pollution du "Grande America".
"L'Argonaute" tente de capter une partie de la pollution du "Grande America". — AFP
  • Le robot sous-marin chargé de colmater les brèches de l’épave a été remonté, et les navires anti-pollution sont rentrés à leurs ports.
  • Que ce soit par satellite ou par voie aérienne, une surveillance de la zone du naufrage va toutefois se poursuivre.
  • L’épave du navire devrait, elle, rester au fond de l’océan.

Un peu plus d’un mois après le naufrage du Grande America, dans le golfe de Gascogne à 330 km des côtes françaises, la situation est désormais sous contrôle, et la préfecture maritime de l'Atlantique confirme que la marée noire a été évitée. Elle continuera toutefois de surveiller la zone où se situe l’épave.

Quelle est la situation du Grande America ?

Suite au naufrage du navire le 12 mars, avec ses 2.200 tonnes de fioul lourd dans ses réservoirs, une des priorités était de localiser l’épave, c’est pourquoi l’armateur italien Grimaldi a été mis en demeure par le préfet maritime de l’Atlantique de mettre en œuvre des solutions. Il a alors affrété le navire spécialisé norvégien Island Pride équipé d’un ROV (Remoted Operated Vehicle, un robot sous-marin télé-opéré). Celui-ci est allé inspecter par 4.600 mètres de fond l’épave. « Les investigations sous-marines de ce robot téléguidé ont permis de montrer qu’elle était posée droit sur un fond sableux, enfouie de plusieurs mètres sur sa partie arrière » explique à 20 Minutes le capitaine de frégate Riaz Akhoune, porte-parole de la préfecture maritime de l’Atlantique.

Epave du Grande America modélisée en image 3D par le robot sous-marin ROV.
Epave du Grande America modélisée en image 3D par le robot sous-marin ROV. - Préfecture maritime de l'Atlantique.

Ensuite, « l’objectif était de déterminer d’où provenaient les irisations visibles en surface, à la verticale de l’épave », poursuit le capitaine de frégate. « Il s’agissait de fuites d’hydrocarbures qui remontaient depuis plusieurs évents de dégagement d’air du navire. Il a donc fallu trouver le moyen d’obturer ces évents, avec le robot qui a bouché les trous et vissé des plaques par-dessus. C’est la première fois qu’on réalise ce type d’opération avec un robot à 4.600 mètres de profondeur, au moins en Atlantique. Et il est ensuite resté pour vérifier l’étanchéité du bâtiment. » Il a quitté la zone du naufrage vendredi 19 avril.

Y’a-t-il encore des nappes de pollution ?

Non, il n’y a plus de nappes de pollution et les navires français et espagnols affrétés pour les pomper sont désormais tous rentrés dans leurs ports. Par ailleurs six conteneurs qui étaient à la dérive ont été ramassés et amenés au port de La Rochelle. « Cela n’empêche pas que nous restons vigilants, assure Riaz Akhoune. Nous continuons de suivre par exemple les balises Argos que nous avions jetées en mer autour des premières nappes, et un dispositif de pré-alerte est toujours en vigueur sur la façade Atlantique. » Par ailleurs, des moyens aériens continuent de surveiller régulièrement la zone ainsi que le système satellite Cleanseanet de l’EMSA (Agence Européenne pour la Sécurité Maritime) afin de s’assurer de l’absence de remontées d’hydrocarbures à la verticale de l’épave. « Grâce au travail que nous avons réalisé, aux centaines de tonnes de fioul lourd que nous avons retiré, on sait qu’il n’y aura pas de pollution de grande ampleur, mais il peut toujours y avoir quelques galettes qui arrivent sur le littoral, sans que l’on sache où précisément, ni quand. »

Que va devenir l’épave du Grande America ?

Pour le moment aucune décision n’a été prise. Il semble toutefois peu probable que l’on cherche à la sortir de l’eau, d’une part parce qu’elle est très profonde, d’autre part parce qu’elle a été fragilisée. « L’armateur va poursuivre son travail de veille et peut-être proposer un traitement sur site, avance Riaz Akhoune, mais le principal pour nous est que la pollution ait été traitée en aval et que les fuites en provenance de l’épave aient été arrêtées. »