Strasbourg: Au guidon des vélos Sikle ou Bioclou, ils se mettent en selle pour récupérer les déchets alimentaires

ENVIRONNEMENT Les initiatives strasbourgeoises Sikle et Bioclou veulent faciliter la collecte des déchets organiques en ville

Alexia Ighirri
Strasbourg: Sikle collecte et valorise les déchets organiques des professionnels.
Strasbourg: Sikle collecte et valorise les déchets organiques des professionnels. — Sikle - Les composteurs de Strasbourg
  • Depuis janvier, Sikle-Les composteurs de Strasbourg collecte à vélo les déchets organiques chez les restaurateurs et autres professionnels de l'alimentation pour les valoriser par compostage.
  • Complémentaire, le bioclou est expérimenté sur la place Saint-Etienne à Strasbourg et propose aux habitants de venir y déposer leurs déchets alimentaires deux fois par semaine.

La semaine nationale du compostage, qui dure en fait 15 jours, c’est maintenant. Mais pour Sikle-Les composteurs de Strasbourg c’est en continu depuis deux mois et le début des collectes à vélo de déchets organiques chez les restaurateurs et autres professionnels de l’alimentation pour les valoriser par compostage.

Constatant le gaspillage engendré par l’incinération des déchets organiques, Joakim Couchoud, responsable de cette activité portée par l’association Bretz’selle, a « trouvé le moyen de lier les deux secteurs dans lesquels j’avais travaillé : les déchets et le vélo. A Strasbourg, il y a une grande thématique vélo, mais aussi de pollution de l'air et de restrictions de circulation dans l’hypercentre. D’où la pertinence… »

Entre un à quatre passages par semaine

Comment ça marche ? Les clients choisissent la fréquence du passage du vélo Sikle et sa remorque. « La collecte se fait une à quatre fois par semaine. Le restaurateur nous donne son bac de 50 litres avec couvercle, on lui en donne un propre en échange. Il est facturé en fonction du nombre de passages et du volume collecté », explique Joakim Couchoud. Le Sikle file ensuite sur un site de compostage pour décharger les déchets : au jardin partagé de Saint-Gall de Strasbourg, de façon provisoire en attendant un site dédié au nord de la ville mis à disposition par la collectivité en coopération avec la Maison du compost. La piste du financement participatif est en réflexion, histoire de pouvoir investir sur des sites de compostage.

Sur le modèle de ce qui a pu être mis en place dans d'autres villes comme à Nantes, la jeune activité strasbourgeoise Sikle peut se targuer d’avoir à ce jour collecté 1.400kg auprès de ses clients. L’objectif, selon Joakim Couchoud, ne se calcule pas en volume mais en nombre d’établissements. Reste donc à convaincre plus de restaurants et les premiers commerces, traiteurs ou hôtels.



Une solution complémentaire avec le Bioclou

Les professionnels ont leur solution. Et les particuliers alors ? Il y en a, dont le bioclou, expérimenté depuis juin 2018 sur le secteur de la place Saint-Etienne. Porté par l’entreprise d’insertion la Régie des écrivains ainsi que la filière Recybio du groupe Schroll et encadré par l’eurométropole de Strasbourg, le concept est basé sur le même constat : « Le centre-ville est particulier, on ne peut pas y rajouter des bacs ou des camions pour la collecte. Il faut inventer les solutions adaptées aux différents types d’habitat », indique Françoise Bey, vice-présidente de l’agglomération en charge de la gestion et la valorisation des déchets.

L’eurométropole espère bien multiplier ces prochaines années différentes sortes de collecte : des Bioclou pour les centres-villes complexes, de nouvelles solutions pour les autres quartiers ou communes.

Deux créneaux pour les habitants

En attendant, stationné sur la place Saint-Etienne les mercredis de 17h30 à 19h30 et les vendredis de 7h30 à 9h30, le bioclou a collecté plus de deux tonnes de déchets alimentaires déposés dans des bios seaux ajourés par 84 foyers inscrits au service gratuit. Le bémol : les déchets devaient partir en lombricompostage, mais la société a fermé ses portes ; ils sont pour le moment transformés par méthanisation.

En complément, entre 2015 et 2017, les ordures ménagères sont passées de 255 à 250 kg par an et par habitant dans l’agglomération, selon Françoise Bey. Depuis 2014, le volume de déchets complets produit par habitant a diminué de 13 kg, pour s’établir à 452 kg aujourd’hui.