Réchauffement climatique : Le cri du cœur du roi de la minuscule île de Tikopia pour réveiller le monde
PLANETE Une délégation de ce peuple du Pacifique a été accueillie en Bretagne, où vit Corto Fajal, qui a réalisé le film « Nous Tikopia »…
- Le roi de l’île de Tikopia est en visite en France pour expliquer les dangers du réchauffement climatique.
- Ti Mano est à l’honneur dans le documentaire « Nous, Tikopia », réalisé par le Breton Corto Fajal.
- Cette île peuplée de 2.000 habitants et perdue dans l’océan Pacifique est notamment menacée par la montée des eaux.
Il est le roi d’un territoire de cinq kilomètres carrés, perdu au milieu du Pacifique, à des milliers de kilomètres de l’Australie. Maître spirituel de l’île Tikopia, Ti Namo n’avait jamais quitté l’archipel des Salomon où se trouvent ses terres. Jusqu’à cette semaine et son arrivée en France. Son premier contact réel avec le monde occidental. « Nous avons été accueillis chaleureusement par votre peuple. Mais aussi par la nature, qui nous a offert de la neige à Dijon. C’est la première fois que nous en voyons », témoigne Ti Namo par la voix de son interprète.
Accompagné de cinq des 2.000 habitants de Tikopia, le roi a exceptionnellement quitté son île pour témoigner des dangers du réchauffement climatique. Colliers de fleurs autour du cou, les six hommes tous taillés comme des pierres sillonnent la France pour assurer la promotion du documentaire « Nous, Tikopia », réalisé par le Breton Corto Fajal. « Le roi est le protecteur spirituel de son île. Normalement, il n’a pas le droit de la quitter. Mais il a jugé que les dangers qui guettaient ses terres venaient de très loin. Et qu’il était nécessaire de partir pour en parler », explique le réalisateur du film, dont la sortie nationale est prévue le 7 novembre.
« Observer ces sociétés qui ont un autre mode de vie »
Ce mercredi, Corto Fajal a accueilli sur ses terres bretonnes le roi, qui l’a hébergé plusieurs fois sur son île pour permettre la réalisation du documentaire. « Notre modèle de société montre ses limites et il nous faut en inventer un autre. Mais nous n’avons pas la solution. Je veux faire en sorte que nous déplacions notre regard, que nous observions ces sociétés qui ont un autre mode de vie », explique le natif de Combourg (Ille-et-Vilaine).
Quasiment coupée du monde et privée d’internet, l’île de Tikopia « que personne ne connaît » se sait menacée. La médiatisation soudaine de ce territoire a été acceptée par le roi et son peuple pour « sauver leur île ». Balayée par Zoé, le plus important cyclone jamais enregistré dans le Pacifique, Tikopia avait vu son lac d’eau douce être submergé par la mer fin 2002, rendant son unique réserve d’eau potable inbuvable.
L’île est grignotée par la montée des eaux
Depuis, la montée des eaux a grignoté deux mètres tout autour de l’île. Mais le monde occidental a continué de polluer, de dérégler. « Les saisons ont changé. Nous ne pouvons plus planter comme avant. Ce sont des choses que nous n’avions jamais vues. Nous vivons les conséquences du réchauffement climatique », poursuit Ti Namo.
Comme lui, tous les habitants de l’île se considèrent comme des invités sur Terre et qu’il est nécessaire d’en prendre soin. « Il n’y a pas de droit de propriété comme chez nous et l’île ne leur appartient pas », détaille le réalisateur Corto Fajal. « Vous nous avez aidés à acheter des fontaines d’eau potable après le cyclone. En retour, nous aimerions vous aider à définir votre politique sur l’environnement », a expliqué le roi au président de la région Bretagne Loïg Chesnais-Girard. « Nos enjeux sont liés. Nous avons beaucoup à apprendre », a répondu l’élu. Dont acte.