Les ourses lâchées dans les Pyrénées ont-elles importé une maladie potentiellement mortelle?
ENVIRONNEMENT Le Syndicat ovin de l’Ariège pointe un risque d’importation d’une maladie mortelle transmise par les tiques et véhiculée par les deux ourses relâchées en Béarn. L’ONCFS assure que ce risque est écarté…
- Le Syndicat ovin de l’Ariège craint que les deux ourses lâchées en Béarn ne soient porteuses de l’encéphalite à tiques, une maladie mortelle, absente des Pyrénées.
- Les éleveurs ont décidé d’attaquer l’arrêté ministériel devant le tribunal administratif.
- L’Office national de la chasse et la faune sauvage assure que les deux ourses ont fait l’objet d’un traitement anti-tiques et indique que tout risque de transport de cette maladie est écarté.
Claverina et Sorita, les deux ourses slovènes lâchées en Béarn la semaine dernière ont-elles emmené dans leur bagage une maladie mortelle ? C’est en tout cas ce que craignent les membres du Syndicat ovin de l’Ariège et dans leurs sillages plusieurs éleveurs opposés à la réintroduction de plantigrades sur le massif.
Pour eux, les deux ourses pourraient être porteuses de la TBE, appelée Encéphalite à tiques, une maladie mortelle transmise par l’insecte suceur de sang, bien présente en Slovénie. Et il y aurait du coup un risque de l’introduire sur le massif.
Un risque sanitaire que les autorités françaises n’auraient pas écarté complètement selon le syndicat. « En trente heures, on n’a pas le temps d’avoir les résultats des prélèvements. Il aurait fallu les mettre en quarantaine », assure Franck Watts, le président du Syndicat ovin de l’Ariège.
Recours contre l’arrêté
Ses représentants ont donc décidé de déposer une requête en annulation contre la promulgation de l’arrêté ministériel autorisant les lâchers. Même si ceux-ci ont déjà été réalisés.
« Nous nous sommes fait prendre de vitesse, nous voulions agir entre la promulgation de l’arrêté ministériel et le lâcher, mais nous allons déposer quand même notre recours. Le risque est délibérément négligé », poursuit Franck Watts.
Pour appuyer ses propos, ce dernier pointait notamment la vaccination préventive des agents chargés du transport des plantigrades.
« Risque écarté » pour l’ONCFS
Elle a bien eu lieu, confirme l’Office national de la chasse et la faune sauvage, chargé de la réintroduction. Mais celle-ci était préconisée « vis-à-vis du risque sur place, puisque c’est une zone d’endémie », rappelle son service communication. Pour les vétérinaires de l’ONCFS les ourses lâchées la semaine dernière « n’ont pas véhiculé de tiques porteuses de la TBE ».
A l’issue de leur capture, elles ont en effet fait l’objet d’une recherche systématique de tiques. Aucun insecte n’a été retrouvé sur leur corps et d’un traitement acaricide a été réalisé. « Donc toutes les tiques éventuellement présentes sur les ours sont mortes et ne sont donc plus en capacité de transmettre le virus », assure l’ONCFS. « Il n’a pas été nécessaire de faire des prélèvements sanguin sur l’une et l’autre l’ourse car la tique ne véhicule la maladie qu’à l’autre tique », note l’ONCFS.
L’office précise aussi que les ours ne sont pas les porteurs de cette TBE, les rongeurs étant les vecteurs les plus courants de cette maladie. « Des anticorps ont déjà été détectés chez des ours, mais le virus n’a jamais été isolé sur cette espèce. Les espèces sauvages, réservoir principal de la maladie, sont les rongeurs sauvages sur lesquels les nymphes d’Ixodes ricinus se nourrissent préférentiellement », détaille l’Office qui conclut qu’au vu de ces éléments elle est « en capacité d’écarter tout risque de transport de cette maladie via les ourses ».