Écoles: La qualité de l'air est «satisfaisante» malgré des points noirs

ETUDE Quel air respire les écoliers dans leur salle de classe ? L’Observatoire de la qualité de l’air intérier a mené l'enquête et en a dévoilé les premiers résultats ce lundi après-midi...

F.P. avec AFP
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Des manteaux accrochés à l'extérieur d'une salle de classe (image d'illustration).
Des manteaux accrochés à l'extérieur d'une salle de classe (image d'illustration). — PASCAL PAVANI / AFP

Après le logement, c’est l’endroit où les enfants passent le plus de temps. L’école bien sûr dont ils sont un peu plus de six millions à franchir chaque jour les portes en additionnant maternelle et élémentaire. C’est alors une question qui compte : quelle est la qualité de l’air de ces espaces confinés ? Que respirent au juste ces écoliers à un âge où, la croissance n’étant pas terminée, ils sont plus sensibles que les autres aux pollutions.

301 écoles inspectées, 71 polluants dans le collimateur

Pour le savoir, l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), un programme de recherche financé par des fonds publics, a mené une campagne nationale de la qualité de l’air intérieure dans les écoles dont les premiers résultats ont été communiqués ce lundi soir.

L’enquête s’est déroulée entre 2013 et 2017 et s’est traduite par des mesures et prélèvements dans des salles de classe de 301 écoles de France métropolitaine. Un petit nombre sur les quelque 52.000 établissements répartis sur les territoires. « Mais cet échantillon de 301 établissements est représentatif du parc des écoles, assure Claire Dassonville, coordinatrice de cette étude à l’OQAI. Ils ont été tirés au sort au sein de 31 départements que nous avions constitués prenant en compte des critères comme la zone climatique, l’environnement (rural ou urbain), ou encore le type d’école (maternelle ou élémentaire). »

71 polluants étaient dans le collimateur. Les fameuses PM2,5, des particules fines en suspension au diamètre inférieur à 2,5 microns. Mais aussi le dioxyde d’azote, des composés organiques volatiles, comme le benzène, des composés organiques semi-volatiles (à la fois présent comme particules et éléments gazeux) comme les pesticides et les phtalates. Ou encore le plomb, l’humidité et les moisissures.

Mieux que la qualité de l’air dans les logements mais des bémols

La conclusion du premier volet de cette enquête est plutôt optimiste. Les prélèvements montrent que la qualité de l’air dans les écoles françaises est globalement satisfaisante », selon le rapport. L’OQAI juge même la qualité de l’air respirée dans les salles de classe meilleure que celle des logements ou équivalentes.

Il y a toutefois quelques bémols. « Les valeurs limites nécessitant des investigations complémentaires et des travaux ne sont jamais dépassées, à une exception près : le plomb », présent dans les poussières et dans les peintures anciennes. Pour ce qui est du plomb détecté dans les poussières, la valeur de 70 ug/m² recommandé par le Haut conseil de la santé publique pour déclencher un dépistage du  saturnisme [intoxication au plomb] infantile est dépassée dans 2,4 % des écoles. Mais c’est surtout la persistance de la peinture au plomb qui est mise en avant. Ainsi, dans 10 % des établissements, la concentration de cette substance dans des peintures dégradées (notamment avec des écailles facilement ingérables par les enfants) dépasse le seuil réglementaire de 1mg/cm2.

Des PM2,5 détéctées dans la quasi-totalité des classes

Autre bémol : les particules fines PM2,5, venant de l’air extérieur pollué par le trafic routier ou les émissions industrielles. Elles ont été détectées dans toutes les salles de classe. Et pour la « quasi totalité » d’entre elles, la concentration dépasse la valeur guide de 10 microgrammes/m3 proposée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Deuxième « point de vigilance », les composés organiques semi-volatils, substances chimiques issues du plastique, des ordinateurs ou des textiles d’ameublement. Certains sont présents dans la quasi-totalité des écoles, comme plusieurs phtalates, le pesticide lindane interdit pour les usages agricoles depuis 1998, ou encore des hydrocarbures aromatiques polycycliques.

Plus de 41 % des écoles ont également au moins une salle de classe très confinée (mesure réalisée par la concentration de CO2), alors que l’aération permettrait d’évacuer plus rapidement certaines pollutions.

Etudier aussi le confort de ces mêmes classes

Le traitement des données se poursuit, précise Claire Dassonville. Il va notamment permettre de compléter les connaissances sur la présence de méteaux et de composés organiques semi-volatils dans la poussière déposée au sol des salles de classe." 

Mais cette campagne nationale ne s'intéresse pas qu'à la pollution de l'air. L'OQAI entend aussi mesurer l'exposition des enfants aux champs électromagnétiques mais aussi analyser le confort thermique, acoustique et d'éclairage de ces mêmes salles de classes. Ce deuxième volet de l'enquête sera dévoilé courant 2019.