Alsace: Mais pourquoi des buses s'en prennent-elles à des joggeurs ces temps-ci?
ANIMAUX Depuis quelques semaines, plusieurs attaques de buses ont été rapportées en Alsace sur des coureurs à pied. Comment expliquer ce phénomène ? Et les joggeurs sont-ils particulièrement ciblés ? Réponse…
- Depuis début mai, plusieurs attaques de buses sur des coureurs à pied ont été rapportées en Alsace, comme ailleurs en France.
- En pleine période de nidification, le rapace le plus répandu du pays peut ainsi attaquer pour défendre ses petits après éclosion.
- Mais pourquoi s’en prend-elle surtout aux joggeurs, plus qu’aux marcheurs ou aux cyclistes ? Et comment se défendre ? Réponses.
EDIT: Une buse a attaqué une joggeuse dans la région de Molsheim début juin, dans le Bas-Rhin. « 20 Minutes » vous explique pourquoi ces volatiles s'en prennent aux coureurs avec le retour des beaux jours.
Le schéma reste le même. Un coup sur l’arrière de la tête par-derrière. Quitte à effectuer quelques allers-retours en piquant en direction de sa cible, ailes dépliées et griffes en avant. Ces dernières semaines en Alsace, plusieurs attaques de buses sur des joggeurs ont été rapportées par les médias, L'Alsace, les DNA ou France 3.
Alexandre, la trentaine, l’a vécu sur les hauteurs de Molsheim (Bas-Rhin) où il travaille depuis deux ans. Lors d’un footing un midi, casque de musique sur la tête. « J’ai d’abord senti quelque chose dans mes cheveux, raconte-t-il. Alors j’ai passé ma main, puis je me suis retourné, et j’ai vu la bête derrière moi ! » Avec un gros coup de flippe en prime.
En pleine période de nidification avant l’été
Mais ce n’est pas la dernière fois qu’une buse s’en est prise à lui. Au même endroit, ou presque. Le garçon prolonge : « Tous les ans, à la même époque, quand tu cours dans le vignoble à certains endroits, une buse peut t’attaquer. » Entre Molsheim et Avolsheim, Alexandre a changé de parcours pour éviter ce spot désormais identifié.
Revenu avec le cuir chevelu en sang, son collègue Pascal, marathonien, a pourtant subi pareille aventure en début de semaine. « C’est la troisième année que je connais ça, précise-t-il. Mais là, je n’y ai pas trop fait attention car je pensais la période de nidification finie. Ce sont des animaux protégés, il faut juste être patient et modifier son itinéraire. »
La buse veut protéger ses petits après éclosion
C’est là l’explication du phénomène, pas nouveau : après construction de son nid, la buse variable peut attaquer pour défendre sa progéniture près de son repaire. « Lorsque ses petits ne peuvent pas encore voler, après l’éclosion », précise Alexandre Gonçalves, chargé de mission à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) en Alsace.
Si sa nidification dure globalement d’avril à août, la vigilance de la buse est plus intense de mai à juillet (des dates qui varient suivant son milieu naturel et la météo). Et ce jusqu’à 500 mètres de son nid. Des coureurs surtout, qu’elle voit donc visiblement plus comme un danger que les marcheurs ou les cyclistes. Sans explication connue.
De 10 à 20 attaques « anecdotiques » par an en France
En moyenne, 10 à 20 attaques sont recensées chaque année dans toute la France, sans jamais entraîner de grave blessure. Pour la LPO (qui dénombre et suit toutefois leur évolution), ces événements restent donc « anecdotiques ». « Il suffit de comparer avec les centaines de milliers de morsures de chien par an », justifie Alexandre Gonçalves.
D’une envergure de plus d’un mètre, la buse variable a cependant de quoi impressionner les joggeurs qu’elle veut chasser, malgré un nid à une dizaine de mètres de haut dans les arbres. Mais des solutions existent. Le spécialiste de la LPO préconise simplement de « se mettre à marcher » ou de « secouer une branche au-dessus de sa tête ».
Dans des communes où des couples de buses sont connus, des panneaux ont même été installés près de leurs nids, souvent à proximité de prairies. Mais pas d’inquiétude chers coureurs, ce rapace le plus répandu de France ne veut pas vous manger. A l’affût, la buse préfère chasser des campagnols, des souris ou encore des taupes.