VIDEO. Espèces invasives en France: Les perruches à collier menacent-elles l’écosystème d’Ile-de-France?

ENVIRONNEMENT Introduites accidentellement par l'homme, ou volontairement, mais sans réfléchir aux conséquences les espèces invasives sont l'un des premiers facteurs de perte de biodiversité dans le monde. Exemple en Ile-de-France, les perruches à collier seraient près de 4.000…

Caroline Sénécal
Les perruches à collier investissent les parcs d'Ile-de-France.
Les perruches à collier investissent les parcs d'Ile-de-France. — D.R.
  • Dès 1970, une cinquantaine de perruches à collier ont investi la capitale.
  • Elles sont désormais entre 3 et 4.000.
  • Au sein des parcs parisiens, les réservoirs destinés aux mésanges sont fréquemment picorés par les perruches.

Au sommet des arbres parisiens, de curieux volatiles au plumage vert vif paradent. Du parc des Buttes-Chaumont, jusqu’au cimetière du Père-Lachaise ou encore au  parc Montsouris, jusqu’au bois de Vincennes, et au Luxembourg, les perruches à collier font leurs nids dans les espaces verts de la capitale.

Aujourd’hui, leur croissance s’envole en Ile-de-France. Plus de la moitié des perruches à collier présente dans l’Hexagone se trouve installée dans la région. D’une cinquantaine de volatiles dans les années 1970 autour des aéroports d’Orly et de Roissy, leur nombre a été multiplié par presque 100 en trente ans. Cette augmentation exponentielle risque-t-elle de bouleverser la biodiversité francilienne ?

Des chants nuisibles

« L’unique problème que posent ces volatiles réside dans la construction de leurs dortoirs, précise Maxime Zucca, naturaliste à l’agence régionale de la biodiversité en Ile-de-France. Elles se retrouvent en très grand nombre au même endroit, près des habitations, pour dormir en banlieue sud. » Ces dortoirs peuvent être constitués de 3.000 à 4.000 volatiles, relativement bruyants.

Les riverains dénoncent des nuisances sonores, se plaignent des piaillements de l’animal, ainsi que de ses fientes. En plein cœur du parc de Sceaux, ainsi qu’en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, les perruches à collier s’éloignent assez peu des milieux urbains et périurbains. « Pour autant, elles ne peuvent pas être considérées comme l’unique volatile perturbateur. Les Franciliens se plaignent aussi des pigeons », précise Maxime Zucca.

Perruches invasives ?

Certains spécialistes considèrent les perruches à collier comme invasives, délogeant sittelles ou étourneaux. « Si elles squattent le nid des autres oiseaux, souligne Frédéric Malher, délégué régional de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) en Ile-de-France, elles n’hésitent pas non plus à voler la nourriture de ses voisins dans les mangeoires. Au sein des parcs parisiens, les réservoirs destinés aux mésanges sont fréquemment picorés par les perruches à collier. »

Cependant en France, ce volatile ne s’attaque pas encore aux cultures agricoles. Il privilégie les cerisiers, les marronniers et les pommiers des jardins. « Il s’agit d’un problème pour les oiseaux qui établissent leur nid dans des cavités naturelles, qu’ils ne creusent pas eux-mêmes. La perruche suit leur exemple. Elle dérobe ces habitats aux autres volatiles, car elle y niche plus tôt, dès le mois de février. Pour le moment cependant, les populations de sittelles ou de colombins ne diminuent pas. »

« Des oiseaux qui prolifèrent très vite »

Au cœur du parc des Buttes-Chaumont, de vifs points verts suspendus dans les airs attirent les regards des promeneurs curieux. « Il s’agit d’un bel oiseau qui apporte de l’exotisme en bas de chez nous, sourit Martine, sa fillette de six ans solidement agrippée à son bras. Il se laisse approcher très facilement et toujours en groupe. C’est très amusant pour les enfants. »

Un avis que ne partage pas André Gattolin, sénateur écologiste des Hauts-de-Seine. Il dénonce la prolifération des perruches à collier (le parc de Sceaux, par exemple, abrite déjà 90 nids) et a d’ailleurs soumis une question écrite en 2015 au ministère de l’Ecologie, dans laquelle il réclame l’interdiction de vente de ces volatiles. Réponse du ministère en 2016 ? « Il est d’ores et déjà possible d’intervenir à l’encontre des populations de perruches à collier là où elles sont identifiées. »

« Les perruches ne causent aucune menace pour la faune ou la flore !, conteste Maxime Zucca. Aucune étude scientifique n’est parvenue à prouver qu’il y ait une quelconque concurrence avec les autres oiseaux. Elles ne menacent pas la biodiversité locale de Paris. Les gens ont souvent tendance à se méfier des espèces qui viennent d’ailleurs. »