VIDEO. Tara Expéditions tente de mettre les bitcoins au service des océans
RECHERCHE SCIENTIFIQUE Pendant un mois, la fondation scientifique a immergé une turbine dans le golfe du Morbihan reliée à un ordinateur générant des bitcoins qu’elle réinvestissait dans la recherche sur les océans. On parle de petites sommes, mais l’intérêt du projet est ailleurs…
- La fondation Tara Expéditions a imaginé générer des bitcoins à partir de l’électricité produite par une turbine hydraulique immergée en mer. Les bitcoins étaient ensuite convertis en euros puis investis dans la recherche sur les océans.
- La phase de test a duré un mois dans le golfe du Morbihan et a permis de récolter 200 euros. Soit une goutte d’eau, mais la Fondation s’offre un joli coup médiatique et a lancé une piste à creuser.
Le bitcoin au chevet de l’océan. Cette préoccupation n’est pas inscrite dans le cahier des charges initial de la monnaie virtuelle mais, en étant imaginatif, on peut faire rimer bitcoin et financement de la recherche sur l’océan. C’est ce qu’a fait la fondation Tara Expéditions avec son projet « Ocean Miner ».
La fondation, qui mène des programmes de recherches sur l’impact du changement climatique sur l’océan via sa goélette Tara, a immergé pendant un mois fin 2017 une petite turbine hydraulique dans le golfe du Morbihan. « A un endroit où les courants marins et les marées sont les plus forts », précise Elodie Bernollin, directrice de la communication de la fondation Tara Expéditions. Cette turbine convertissait alors l’énergie de l’océan en électricité et faisait fonctionner, à quelques pas de là sur la côte, un ordinateur spécialisé dans le mining, la production de cryptomonnaie.
Un coup de communication d’abord
Dans le détail, le mining est un processus informatique d’enregistrement et de sécurisation de transactions en bitcoin. Chaque transaction enregistrée génère en contrepartie une fraction de bitcoin en faveur du propriétaire de l’ordinateur. C’est alors cette fraction de monnaie virtuelle que la fondation Tara expéditions a convertie en euros et investit dans la recherche scientifique sur les océans. Et pour minimiser l’impact visuel de l’ordinateur et de ses composants, un petit habitacle recouvert de miroirs avait été conçu pour l’occasion.
Sur cette période d’installation, le dispositif a permis de collecter 200 euros. Autrement dit une goutte d’eau par rapport aux besoins en financement de la fondation. L’expédition Tara Pacifique, commencée en 2016 et toujours en cours, nécessite un budget d’environ cinq millions d’euros et il nous manque 25 % cette somme aujourd’hui », indique Elodie Bernollin.
Ce projet « Ocean Miner », mené avec l'aide de l'agence de communication FF (Fred & Farid) Los Angeles, créee par est plus à voir alors comme un coup médiatique alertant sur les difficultés à mobiliser l’opinion, les classes politiques et les mécènes pour financer la recherche marine. « L’environnement représente moins de 3 % des dons faits aux associations caritatives, rappelle Elodie Bernollin. Alors la recherche marine, je ne vous en parle pas. »
« Un dispositif viable » pour autant
Mais si cette production de bitcoins au service de l’océan se veut avant tout un moyen d’alerter l’opinion publique, ce projet « Ocean Miner » n’est pas pour autant un coup d’épée dans l’eau.
« Nous n’avons pas le projet d’immerger sur le long terme une turbine hydraulique dans le golfe du Morbihan ni de générer des bitcoins pour financer la recherche sur les océans, reprend la directrice communication d’Elodie Bernollin. Mais nous avons montré que ce système inédit était viable. On peut imaginer un jour le déployer sur une plus grande échelle, associant plusieurs associations et toujours avec la même philosophie : créer des bitcoins à partir d’énergie propre en vue de financer des projets environnementaux. »