NUCLEAIREDéchets radioactifs: Qui sont ces militants réunis à Bure?

Déchets radioactifs: Qui sont ces militants réunis à Bure?

NUCLEAIREAnticapitalistes, altermondialistes ou antinucléaires, les militants présents à Bure cette semaine ne renient pas les ZAD mais travaillent à de nouvelles formes d’action…
Hélène Sergent

Hélène Sergent

Sur la brochure distribuée aux nouveaux arrivant du camp qui se tient à Bure (Meuse) depuis le 1er août, les mots « Anticapitaliste » et « Antiautoritaire » se distinguent en lettres capitales.

Difficile pourtant de mettre des mots sur cet événement inédit organisé par le collectif VMC jusqu’au 10 août prochain. « On travaille depuis six mois sur la mise en place du camp », résume Arthur* membre de l’équipe média de la manifestation. Du lieu à la logistique, en passant par le programme et les intervenants, tout a été soigneusement pensé. Objectif de l’événement : mobiliser et fédérer les acteurs locaux à l’encontre de projets urbains, énergétiques ou territoriaux.

« Sortir d’un entre soi activiste »

Michel Marie, porte-parole du Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (Cedra), lutte depuis 1994 contre le projet Cigéo qui consiste à enfouir à 500 m de profondeur, sur une surface de 15 km², près de 80.000 mètres cubes de produits radioactifs issus des centrales nucléaires françaises aux abords de la commune de Bure. Lorsqu’il a été contacté par le collectif VMC pour l’organisation de ce camp estival, il n’a pas hésité à s’impliquer : « Forcément, leur initiative nous parlait. Nous sommes connus au niveau local mais faire venir différentes composantes associatives, de France et d’ailleurs, ça permet de rebooster la population. »

Impliquer les habitants des communes concernées par des projets d’aménagements controversés, c’est ce qui a motivé la création de ce camp, rappelle Arthur : « Nous souhaitions sortir d’une forme d’entresoi activiste et construire des liens avec les gens qui portent des luttes au niveau local et qui ne partagent pas forcément toutes nos idéologies politiques ». Un « challenge politique » qui s’articule autour de rencontres et de débats aux intitulés parfois sibyllins et transverses comme la COP21, les droits des LGBT ou la situation des migrants de Calais.

La ZAD est morte, vive la ZAD !

A l’annonce de la tenue du camp, la même question est revenue : la mobilisation de Bure peut-elle se transformer en nouvelle ZAD (« Zone à défendre ») à l’image de Sivens ou Notre-Dame des Landes ? Une interrogation qui irrite soutiens, organisateurs et participants. « Si on regarde la définition d’une ZAD, il s’agit de l’occupation d’une zone menacée. Or là, de toute façon, la zone appartient déjà à l’Andra, en charge de l’enfouissement des déchets. Le camp se tient sur le champ d’un habitant qui a accepté d’accueillir les militants », détaille Michel Marie du Cedra. Mélisande Seyzériat, en charge des groupes et des actions du collectif Sortir du nucléaire s’étonne : « A chaque fois que des militants ou des activistes contestent un nouveau projet, on parle de ZAD ».

Pour Arthur, le terme a été galvaudé : « Le terme a été récupéré à partir de 2013 pour créer une nouvelle identité. Sauf qu’elle gomme désormais toutes les autres ». Le jeune homme le reconnaît, le camp regroupe diverses sensibilités politiques, des anarchistes comme des gens engagés dans des partis politiques plus traditionnels. Lundi prochain, à l’occasion du dernier jour, une assemblée générale devrait se tenir pour tirer un bilan des actions proposées pendant ces dix journées : « La ZAD ne doit pas être systématiquement un modèle à reproduire. Ça a fonctionné pour Notre Dame des Landes et ça a été une tragédie à Sivens ».

L’Autorisation par l’Autorité de sûreté nucléaire, pour le projet de stockage géologique des déchets radioactifs (Cigéo) à Bure ne devrait pas être délivrée avant la fin de l’année 2015.

*Le prénom a été changé.