VIDEO. Massacre, torture, appâts... Cinq truquages utilisés dans certains documentaires animaliers

ANIMAUX Quand la nature n'est pas assez coopérative...

M.C.
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Deux manchots semblent n'avoir pas de tête sur cette photographie prise en Géorgie du Sud.
Deux manchots semblent n'avoir pas de tête sur cette photographie prise en Géorgie du Sud. — Exodus/REX Shutterstock/REX/SIPA

«C’est dans la boîte, coco.» Comme un fauve qui guette sa proie, l’équipe de tournage d'un documentaire animalier peut «planquer» pendant des heures, voire des jours, dans l’espoir de ramener les images magnifiques, surprenantes, émouvantes, effrayantes ou dégoutantes (choisir au moins deux adjectifs dans la liste) qui vont captiver le téléspectateur.

Mais celui-ci, à demi assoupi après un copieux déjeuner en famille, ne se rend pas toujours compte que les scènes de la vie sauvage qu’on lui présente ont (parfois) été soigneusement mises en scène. Chris Palmer, producteur et réalisateur de films animaliers, a publié deux livres sur ces «secrets de tournages» plus ou moins (parfois même pas du tout) avouables utilisés pour boucler un film quand la nature ne veut pas faire son œuvre, dont il a raconté quelques extraits au site américain Huffington Post.

Des M&M's dans la carcasse

«Ils peuvent partir avec les meilleures intentions du monde», concède Chris Palmer. Mais quand on n'a rien après deux jours de tournage, et qu’il reste vingt-quatre heures, on devient désespéré.» Ces tournages coûtent cher et beaucoup de chaînes de télévision les financent a minima, raconte le spécialiste. Ce qui pousse parfois les documentaristes à devenir «créatifs».

Pour attirer de gros animaux, certains ont recours à de petites friandises comme les M&M's, placés dans une carcasse d’animal trouvée sur le bord de la route pour donner l’impression qu’un ours renifle une proie fraîchement chassée. Variante: un faux phoque attaché à l’arrière du bateau pour faire bondir les requins hors de l’eau.

La proie humaine

Chris Palmer confie au site américain que d'autres n’hésitent pas à donner de leur personne pour réaliser le «money shot» qui sortira le téléspectateur de sa torpeur dominicale. Les documentaristes Carol et Richard Foster auraient ainsi attiré des chauves-souris vampires à l’aide d’un humain (volontaire). Celui-ci aurait reçu un vaccin contre la rage avant de faire semblant d'être endormi pour que les animaux nocturnes en quête d’un casse-croûte viennent s’intéresser à lui.

Les animaux filmés en captivité

Parfois, avec les bons angles de caméra, un coin de cage de zoo ou de réserve naturelle peut devenir un parfait morceau de brousse ou de savane. Le Huffington Post rappelle le scandale causé par la révélation que les documentaires animaliers de la BBC mettaient régulièrement en scène des animaux en captivité, par exemple un ours polaire filmé dans un zoo ou des poissons clowns dans un aquarium, sans que le téléspectateur en soit informé.

Les images de synthèse

La réaction d’un animal n’est jamais aussi parfaite que si on l’a soi-même écrite. Comme les bêtes sont parfois peu coopératives, les images de synthèse, qui ont fait de remarquables progrès ces dernières années, peuvent constituer un bon recours. Un documentaire de 2009, Turtle: The Incredible Journey, mettait en scène des tortues de mer entièrement digitales, sans un mot d’explication.

Les lemmings jetés d’une falaise

Si les méthodes décrites ici peuvent sembler douteuses, Chris Palmer rappelle que par le passé, les réalisateurs de documentaires avaient parfois encore moins de scrupules, attachant ou cassant par exemple les pattes d’un lapin pour qu’il ait moins de chances d’échapper à son prédateur.



La «palme» revient cependant à un documentaire de Disney de 1958 intitulé White Wilderness, dans lequel l’équipe, pour donner une base scientifique à la légende urbaine selon laquelle les lemmings se suicident massivement en se jetant dans l’eau, avait acheté un groupe des petits animaux pour les précipiter face caméra du haut d’une falaise, effaçant au montage toute trace de cette horrible intervention humaine.