L'oléoduc Keystone XL, priorité du nouveau Congrès républicain aux Etats-Unis
L'une des premières lois à sortir du prochain Congrès américain contrôlé par les républicains pourrait être le feu vert à la construction bloquée de l'oléoduc Keystone XL, symbole selon eux de l'hostilité de Barack Obama aux énergies fossiles.
Le basculement du Congrès lors des élections de mi-mandat mardi a réjoui les Canadiens, qui désespèrent d'attendre que l'administration américaine approuve, enfin, le chantier qui doit relier les sables bitumineux de l'Alberta, dans l'ouest canadien, aux raffineries américaines du Texas.
«Bonne nouvelle pour l'emploi et l'économie canadienne: on dirait que le nouveau Sénat américain aura les 60 voix nécessaires pour autoriser Keystone XL», a écrit sur Twitter l'influent ministre canadien de l'Emploi, Jason Kenney.
Le dossier est du ressort de l'exécutif, mais les républicains veulent adopter une loi pour autoriser, de force, le chantier. Ils l'ont d'ailleurs déjà fait, mais seulement à la Chambre, en mai 2013. Mais le Sénat, qui était alors dominé par les démocrates, avait rangé le texte dans un tiroir sur ordre de la Maison Blanche.
Les républicains ont désormais les mains libres, et ils ont fait savoir que l'autorisation ferait partie des premiers textes examinés en janvier pour remettre le Congrès au travail au service de la croissance.
«Ces propositions de loi incluent des mesures pour autoriser l'oléoduc Keystone XL, ce qui conduira à une baisse des coûts énergétiques pour les familles, et plus d'emplois pour les Américains», ont écrit Mitch McConnell, chef des républicains du Sénat, et le président de la Chambre, John Boehner, dans une tribune au Wall Street Journal jeudi.
Peu importe la controverse sur le nombre réel d'emplois créés --50 permanents seulement selon Barack Obama en 2013, 42.000 pendant le chantier de deux ans, disent les républicains. La mesure illustre la volonté des républicains de miser sur le boom des énergies fossiles en Amérique du Nord pour créer des emplois et rapprocher les Etats-Unis de l'indépendance énergétique.
Le président américain, interrogé jeudi dans sa première conférence de presse depuis la déroute de mardi, n'a rien révélé de ses intentions. Il s'en remet au processus en cours, en l’occurrence un examen par la justice du Nebraska, où doit aboutir la nouvelle portion de l'oléoduc.
Et il a rappelé ses critères: est-ce un projet qui créera des emplois aux Etats-Unis, fera baisser les prix de l'essence et aura un impact neutre sur le changement climatique?
Le département d'Etat a déjà répondu à cette dernière question par l'affirmative, dans un rapport du 31 janvier. Mais depuis, le dossier n'a pas avancé d'un pouce.
- Gaz naturel, pétrole, charbon -
Keystone XL relierait, sur un tracé de 1.897 km dont 1.400 aux Etats-Unis, l'Alberta au Nebraska, en plein centre des Etats-Unis. Il ferait plus que doubler la capacité de transport actuellement permise par un circuit, plus long, d'oléoducs. La portion sud, entre le Nebraska et le Texas, est déjà en service.
La nouvelle majorité républicaine du Sénat prendra ses fonctions en janvier. Elle comptera entre 52 et 54 sièges, en fonction des résultats définitifs des élections, et pourra s'appuyer sur huit sénateurs démocrates qui avaient déjà manifesté leur soutien pour atteindre le seuil anti-obstruction de 60 voix.
Barack Obama peut toujours mettre son veto, mais la décision pourrait être impopulaire: deux tiers environ des Américains sont favorables au projet, selon un sondage Washington Post/ABC publié en mars.
Keystone XL ne représente que la première brique de l'ambitieuse politique énergétique républicaine.
«Nous n'avons pas eu de loi énergétique depuis sept ans», a relevé mercredi Mitch McConnell, qui a fait campagne contre les réglementations décrétées par l'Agence de protection de l'environnement pour les centrales thermiques au charbon. «Quand on dit énergie en ce moment, les gens pensent Keystone, mais ce n'est qu'une petite partie des choses. Il faut qu'on épouse la révolution énergétique qui a lieu dans ce pays».
Leur programme comprend notamment une mesure pour accélérer la délivrance de permis pour les infrastructures gazières. Et les républicains ont adopté à la Chambre en juin une proposition de loi qui augmenterait la production pétrolière offshore, nommée «Loi pour faire baisser le prix de l'essence».