Travailler dans des espaces verts rendrait plus productif
NATURE Un environnement de travail connecté à la nature réduirait jusqu’à 10% l’absentéisme…
Les feuilles d’érable remplacent les feuilles de papier et les plants de tomates prennent la place des plans de financement: bienvenue dans le bureau «fertile», un concept d’espace de travail végétalisé développé par la société Les Jardins de Gally.
En plein dans la tendance de la nature en ville, cette entreprise spécialisée dans l’aménagement paysager des espaces publics assure qu’introduire la nature sur les lieux de travail permet de réduire l’absentéisme des salariés et d’accroître leur productivité: selon une étude américaine de 2011 menée par l’université de l’Oregon, un environnement de travail connecté à la nature réduirait jusqu’à 10 % l’absentéisme.
Bienfaits physiques et mentaux
«Nous avons des retours très positifs des entreprises avec lesquelles nous travaillons, assure Pierre Darmet, responsable marketing et innovation des Jardins de Gally. Par exemple, chez SFR, dont nous entretenons le nouveau siège, le cadre de travail ressort comme un item très positif dans les questionnaires de satisfaction des salariés.» Convivialité, concentration, calme…
Pour Sandrine Manusset, ethno-écologue à la tête d’un cabinet d’études en écologie humaine, les bienfaits du végétal sur les travailleurs seraient à la fois physiques et mentaux: «Les plantes participent à la dépollution de l’air et réduisent les nuisances atmosphériques, les espaces verts incitent à marcher, et tout cela est bénéfique sur le plan physique, explique-t-elle. Sur l’aspect santé mentale, le végétal a un effet rassurant: on pense que cela renverrait à notre histoire d’homme préhistorique où le fait d’avoir du végétal à côté de soi était synonyme de sécurité alimentaire.»
Plus d’efficacité
La tendance des «corporate gardens» est pour l’instant encore balbutiante en France mais elle pourrait se développer sur les terrasses ou dans les open spaces. «Des cloisons végétalisées mobiles permettent de réorganiser l’espace, explique Pierre Darmet. Il n’y a plus de frontière entre l’intérieur et l’extérieur et l’on peut imaginer des espaces de réunions qui soient moins formels pour être plus efficace.» Les plantes nous rendraient-elles moins à cheval sur la hiérarchie?
«A l’échelle d’un groupe, le végétal humanise les lieux car il alimente toutes les dynamiques sociales, explique Sandrine Manusset. Les gens ont l’impression d’appartenir au même groupe et c’est primordial pour tout être humain.» Bien sûr, entretenir un jardin a un coût et travailler depuis un hamac n’est pas encore dans la culture d’entreprise française, malgré la mobilité permise par les technologies sans fil. Mais sans abattre toutes les cloisons pour les remplacer par des bambous, l’introduction d’un peu de vert et de lumière dans les bureaux pourrait déjà «adoucir les mœurs» en entreprise, estime l’ethno-écologue.