Les experts du climat se penchent sur l'avenir de la Terre

Sandrine Cochard
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Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), qui se réunit à Paris du 29 janvier au 2 février, constitue la plus vaste expertise internationale possible sur le changement climatique.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), qui se réunit à Paris du 29 janvier au 2 février, constitue la plus vaste expertise internationale possible sur le changement climatique. — AFP/Nasa/Archives

A quel point avons-nous endommagé la Terre et comment pouvons-nous rectifier le tir ? Pour répondre à ces questions primordiales, près de 500 experts délégués du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) sont à l'Unesco, à Paris. Après cinq jours de débats, ils rendront vendredi leur verdict sur le réchauffement climatique qui menace la planète d'ici la fin du siècle. Outre leur quatrième rapport scientifique, ils sont chargés d’en tirer un «résumé à l'intention des décideurs».


En 2001, le Giec s'était accordé sur une hausse possible des températures moyennes de la planète de +1,4° à +5,8°C d'ici 2100 par rapport à 1990, selon les scénarios socio-économiques envisagés. Sa nouvelle édition pourrait affiner les prévisions, et les accompagner d'indices de confiance plus élevés, du fait de l'amélioration des connaissances. Elle devrait aussi prendre en compte les effets d'amplification qui pourraient découler de la modification de la végétation, de la fonte des glaces et du réchauffement des océans.

Sur la foi de ses premiers travaux, la communauté internationale a élaboré en 1992 la Convention de l'Onu sur le changement climatique puis, en 1997, le Protocole de Kyoto de lutte contre l'effet de serre. 


Alors que l’environnement est aujourd’hui une problématique incontournable, 20minutes.fr fait le point sur les certitudes et les inquiétudes liées au réchauffement climatique.


Les certitudes : un réchauffement observé depuis 1970 


  • Le réchauffement climatique, observé depuis les années 1970, est impossible à expliquer par les seules causes naturelles (activité volcanique ou variations du rayonnement solaire) sans intégrer l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre provenant de la combustion des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) depuis le début de l'ère industrielle. 
  • Les gaz à effet de serre qui conservent une partie du rayonnement solaire, et rendent la planète confortable à vivre, évoluent depuis deux siècles à une vitesse jamais enregistrée depuis 20.000 ans. La concentration dans l'atmosphère du principal d'entre eux, le dioxyde de carbone (CO2), est inégalée en 400.000 ans et s'établit à 380 parties par million, contre 280 ppm avant 1750 (selon l'analyse des bulles d'air retenues dans les glaces polaires). A ce rythme, si rien n'est fait, elle atteindra 800 ppm environ d'ici à 2100. 
  • Depuis 1900, la température moyenne de la Terre a augmenté de 0,8°C, dont un demi-degré depuis les années 70. Le réchauffement est plus rapide aux pôles: les températures pourraient ainsi être multipliées par 2 ou 3 au pôle nord. 
  • La couverture neigeuse diminue; le Groenland et 90% des glaciers rétrécissent et l'étendue des glaces de mer décroît (-15% à - 20% en Arctique). L'océan se réchauffe en surface, le permafrost (ou pergélisol, sols gelés en permanence en Sibérie, ou au Canada) fond, le niveau des océans s'est élevé de 10 à 20 cm au cours du XXe siècle : pour la plupart des scientifiques, ce sont autant de signes visibles du changement climatique. 
  • Le phénomène El Nino joue un rôle dans les perturbations climatiques. Se produisant tous les sept ans, il modifie le cycle des échanges de chaleur et d’humidité entre l’océan et l’atmosphère. 
  • Les tempêtes ont gagné en intensité 


La faute aux gaz à effet de serre

Incriminés dans le réchauffement de la planète qu'ils enserrent comme un casque chauffant, les gaz à effet de serre (GES), notamment le dioxyde de carbone (CO2) connaissent une croissance exponentielle depuis le début de l’ère industrielle. Les émissions de CO2 liées à la consommation de pétrole, de gaz et de charbon ont ainsi augmenté de 30% et restent stockées dans l'atmosphère plusieurs siècles, renforçant l'effet de serre. 

Le CO2 est responsable d'environ 55% de l'effet de serre et le méthane de 17%. 


D’où viennent les émissions de GES ?

Principalement émis par l'élevage de ruminants, les décharges d'ordures ménagères, les exploitations pétrolières et gazières et la riziculture, le méthane a augmenté de 150% depuis 1750. Le seul élevage contribuait en 2004 pour 9% du total des émissions de gaz à effet de serre. Autre facteur d’émission de gaz à effet de serre, la consommation d'énergie qui a engendré 7.250 millions de tonnes de GES en 2005, notamment celles des énergies fossiles. Le CO2 émis via la consommation d’énergies fossiles se partage ainsi : 40% issus de la production d'électricité fossiles (en raison de l'usage massif du charbon pour alimenter les centrales, aux Etats-Unis et en Chine par exemple), 21% issus des transports, 17% de l’industrie et 14% du bâtiment (habitation et tertiaire). 

La répartition des émissions de CO2 énergie en tonnes, par an et par habitant

Avec 19,5 tonnes de CO2 émis par ane t par habitant, les Etats-Unis sont les mauvais élèves de l’environnement, malgré une prise de conscience progressive du problème, notamment en Californie. Suit l’Australie (17,1), le Canada (17), l’Arabie Saoudite (13,3), l’Allemagne (10,2), le Royaume-Uni (9,1), la Nouvelle-Zélande (8,3) et l’Afrique du Sud (8,2). La France émet quant à elle 6,4 tonnes de CO2 par an et par habitant, la Chine, 3,2. 



Les incertitudes : quels sont les effets de ce réchauffements ?


Passés certains seuils de réchauffement, des effets d'amplification peuvent se mettre en marche et accroître de façon imprévisible la hausse des températures. Parmi eux : 


  • Les océans, en se réchauffant sous l'effet de la hausse de température de l'atmosphère, émettraient davantage de vapeur d'eau (un gaz à effet de serre). ils ne rempliraient donc plus leur rôle consistant à capter le CO2 mais pourraient au contraire en produire. 
  • Les courants profonds de l'Atlantique nord ont déjà subi des ralentissements. Le Gulf Stream qui tempère les côtes européennes pourrait se ralentir, voire s'arrêter. 
  • Les sols gelés ou enneigés (blancs) qui renvoient les rayons solaires vers l'espace se transforment en sols dégelés (sombre) qui les absorbent, contribuant au réchauffement. Là encore, la situation serait totalement renversée: les sols déstockeraient des gaz à effet de serre au lieu de les stocker. 
  • La fonte des glaces : si la couche de glace du Groenland fondait intégralement, les océans s'élèveraient de sept mètres. Un seul mètre supplémentaire noierait 17% du Bengladesh et menacerait des villes côtières comme Londres ou New York. 
  • Le rôle des nuages : il reste à clarifier car ils peuvent amplifier ou modérer le réchauffement selon leur taille et leur altitude. 

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