Changement climatique: «J’ai décidé de ne plus produire aucun déchet»

TÉMOIGNAGE Pauline, 24 ans, a radicalement changé son mode de vie depuis six mois…

Journaliste afp
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Le logo "Triman" près de poubelles à Paris, le 10 mars 2014
Le logo "Triman" près de poubelles à Paris, le 10 mars 2014 — Alain Jocard AFP

Tout n’est pas perdu. Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), dans son rapport rendu ce dimanche, affirme qu’il est encore temps de limiter le réchauffement de la planète. Et si les industriels et les Etats trainent un peu la patte, les internautes, eux, sont bien décidés à agir. Pauline, 24 ans, Ardennaise installée à Paris depuis peu, s’est donnée un «objectif zéro déchet». Trier bien gentiment ses poubelles puis les abandonner dans la cour de l’immeuble, non merci. «Elles disparaissent et on les oublie, s’offusque la jeune fille. Après moi, le déluge». Depuis huit mois, très inspirée par la démarche de Béa Johnson et sa famille, qui n’ont produit aucun déchet depuis trois ans, Pauline diminue chaque jour un peu plus sa production personnelle de détritus, même recyclables.

«Ai-je vraiment besoin d’un produit pour le sol et d’un autre pour mon évier?»

Persuadée que l’idéal du sac poubelle vide est tout à fait atteignable, elle ne produit actuellement que 20 litres de déchets par mois avec son petit ami (et un petit seau de déchets recyclables par jour, qu’elle donne à des particuliers qui font du compost). «Ce qui a vraiment fait la différence, raconte-t-elle, c’est lorsque j’ai séparé les épluchures du reste». Depuis qu’elle a quitté le domicile familial des Ardennes en janvier, Pauline s’est installée à Paris et a mis un coup d’accélérateur à son projet. Elle a fait de son compte Twitter un plaidoyer et envisage de créer un blog. Surtout, elle ne ménage pas les efforts et les privations au quotidien. Ni les questions que personne n’ose se poser. «Pourquoi les publicités nous montrent-elles des gens systématiquement bras nus chez eux alors qu’on nous dit que 18°C suffisent? Ai-je vraiment besoin d’un produit nettoyant pour le sol et d’un autre pour que mon évier en inox brille?»

Les produits de beauté de Pauline: Deux savons, mon exfoliant lèvres fait maison, les cotons, du bicarbonate, mon pot de beurre de karité pur, mon démaquillant (bientôt remplacé par de l’huile de ricin), pince à épiler, coupe-ongles, pierre d’alun, mooncup — Pauline, internaute de «20 Minutes»

Pauline achète ses légumes, ses fruits, mais aussi son beurre et son savon «en vrac». Tous les produits jetables ont été remplacés par leurs équivalents lavables: le Sopalin devient torchon, les mouchoirs et les cotons à démaquiller sont en tissus. (Voir photo ci-dessus). Reste à la charge de la planète le papier toilette, «toujours vendu dans du plastique», les paquets de céréales «quand je craque», les produits d’hygiène intime. «La mooncup, tout le monde a l’air de dire que c’est génial, s’amuse-t-elle, mais aussi qu’il faut des mois pour s’y habituer.»

«Ce serait plus simple s’il n’y avait plus d’emballage dans les supermarchés»

C’est là que les industriels pourraient intervenir. Comme beaucoup d’autres internautes, Pauline a passé des années à attendre que les efforts viennent d’en haut. Si cette Parisienne a changé d’avis, c’est loin d’être le cas de tous les consommateurs. «Les gens ont réussi à se déshabituer des sacs plastiques dans les supermarchés, note Pauline. Ce serait plus simple s’il n’y avait plus d’emballage non plus. Si on les force, ça marche.»

Pauline se heurte aussi aux incohérences d’enseignes qui confondent parfois biologique et image verte. «Je peux trouver sans aucune difficulté de la levure de soja, que je n’utilise jamais, sur tous les étals des magasins dits «bio», mais impossible de dégoter du chocolat, produit de base, sans emballage.» Idem pour la maïzena. «La version standard est vendu depuis longtemps dans un emballage en carton recyclable, la version bio dans du plastique.» Dans certaines enseignes qui se revendiquent comme respectueuses de la planète, on encourage les gens à acheter «en vrac» mais dans des sacs en papier. «C’est débile», déplore cette internaute, qui fait ses courses avec un sac en toile fabriqué par sa mère à partir de chutes de tissus. «Et le chauffage est à fond, poursuit-elle, avec les portes du magasin bien ouvertes». Autant arrêter les magasins bios? Impossible, «si on veut acheter en vrac, on doit forcément acheter bio», et subir en plus la différence de prix qui va avec.