Les perturbateurs endocriniens, des substances banales aux effets néfastes
SANTE Parabènes, bisphénol A ou phtalates pourraient être à l'origine de graves perturbations hormonales chez l'homme...
Ils sont présents autour de nous, dans nos crèmes, nos dentifrices, nos emballages, les jouets de nos enfants… Les perturbateurs endocriniens, des substances chimiques qui interfèrent avec le fonctionnement du système hormonal, inquiètent de plus en plus les médecins et les associations.
Alors que l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) doit rendre, en mars 2013, un avis scientifique sur les risques sanitaires provoqués par les perturbateurs endocriniens, les ONG alertent sur les risques potentiels sur la santé. Women in Europe for a common future (WECF) publie le 4 octobre Menace sur la santé des femmes, et la Greenpride, qui aura lieu dimanche à Paris, a fait des perturbateurs endocriniens le thème de son défilé annuel.
2.000 substances perturbent les hommes
Cancers de la prostate ou du sein, obésité, diabète, puberté précoce ou baisse de la fertilité masculine, autant de troubles liés au système hormonal qui se multiplient dans la population. «La littérature scientifique montre un lien entre l’exposition aux perturbateurs et l’explosion de maladies chroniques, alerte Soléane Duplan, coordinatrice du Réseau environnement santé (RES). Leurs effets sont notamment décuplés pour les fœtus pendant la grossesse.» Ainsi, lors d’un congrès scientifique qui s’est tenu en mai dernier, l’exposition in utero aux perturbateurs endocriniens a été identifiée comme une source de maladies.
Certaines maladies peu visibles, tels que le syndrome des ovaires polykystiques, pourraient être liées à ces substances, s’inquiète Elisabeth Ruffinengo, du WECF France. «2.000 substances chimiques sont connues pour interférer avec l’appareil reproducteur masculin, mais on en sait encore peu pour les femmes.» Le WECF relaye donc une publication américaine datant de 2008 qui dresse un constat inquiétant des effets délétères des perturbateurs endocriniens pour les femmes.
Vers une interdiction globale?
Pour se prémunir de ces substances, le WECF a édité plusieurs guides. Mais leur présence dans l’alimentation, les emballages ou les cosmétiques ainsi que leurs multiples voies de contamination (absorption, voie cutanée ou inhalation) les rendent difficiles à éviter. «Les industriels mettent sur le marché des produits sans phtalates, sans parabènes ou sans bisphénol A, mais cela devrait être mieux réglementé par les politiques», estime Soléane Duplan.
Les associations appellent à une interdiction globale des perturbateurs endocriniens, comme la France s’est engagée à la faire pour le bisphénol A. Mais pour le moment, il n’existe aucune liste officielle des substances en question. «Selon les critères d’acceptation, on a entre une centaine et plusieurs milliers de substances», déplore Soléane Duplan. L’enjeu de l’étude de l’EFSA sera précisément la définition des perturbateurs endocriniens ainsi que la prise en compte, ou non, de «l’effet cocktail» de ces substances.