Trois mois avec sursis pour un écologiste qui a bloqué cinq avions à Roissy

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Un écologiste qui affirme vouloir stopper "la destruction du climat" en empêchant des avions de décoller de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, a été condamné mardi à trois mois de prison avec sursis, pour sa quatrième tentative, début août.
Un écologiste qui affirme vouloir stopper "la destruction du climat" en empêchant des avions de décoller de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, a été condamné mardi à trois mois de prison avec sursis, pour sa quatrième tentative, début août. — Lionel Bonaventure afp.com

Un écologiste qui affirme vouloir stopper "la destruction du climat" en empêchant des avions de décoller de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, a été condamné mardi à trois mois de prison avec sursis, pour sa quatrième tentative, début août.

Pierre-Emmanuel Neurohr, 44 ans, comparaissait détenu car il avait été écroué à la prison de la Santé après sa mise en examen pour avoir tenté une nouvelle et cinquième fois en trois mois de bloquer un avion à Roissy, le 5 septembre. Le parquet de Bobigny avait requis six mois de prison ferme.

"Vous n'êtes pas là pour vos idées, parce que vous pensez que les avions sont néfastes, pour un délit d'opinion (...), mais parce que vous les exprimez de la mauvaise manière, en commettant une infraction", a déclaré le procureur Abdelkrim Grini.

"M. Neurohr persiste à revendiquer son geste mais également à le commettre. Aujourd'hui nous en sommes à la cinquième fois" et le prévenu "s'obstine à vouloir réitérer", a-t-il souligné, reconnaissant qu'il demandait "une peine sévère".

Cet ancien salarié de Greenpeace, aujourd'hui chômeur, avait estimé un peu plus tôt que "la morale la plus basique exige de continuer ce combat", même si, avait-il précisé en pleurs et "fatigué", "après deux semaines à la Santé, je ne sais pas ce que je vais faire".

Sa peine a été assortie d'une période de mise à l'épreuve de deux ans "avec interdiction de s'approcher de toute zone aéroportuaire française". Il a par ailleurs été condamné à 1.000 euros d'amende et à verser 2.828 euros de dommages et intérêts à Air France et Aéroports de Paris.

"On espère que ça va vous aider à trouver d'autres moyens" pour militer, comme "les manifestations, les publications", a indiqué la présidente de la 17e chambre correctionnelle, Marie-Elisabeth Mescart.

L'avocat d'Air France, Me Malka, a dénoncé un "fondamentaliste du climat" qui "considère que c'est normal de prendre en otage des avions".

"Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l'amélioration de l'environnement", a au contraire estimé le défenseur de M. Neurohr, Me Alexandre Faro.

S'appuyant sur "un consensus scientifique", M. Neurohr affirme qu'"il ne faut pas dépasser l'émission de 1,5 tonne de CO2 par personne et par an" soit l'équivalent d'un vol Paris-Montréal. "En 2030, des régions entières de la planète seront dévastées par des sécheresses à répétition, ça se décide aujourd'hui."

Le militant avait déjà été condamné en juillet à trois mois de prison avec sursis puis à une amende pour entrave à la navigation aérienne. Il a fait appel. Son avocat a par ailleurs déposé mardi une demande de remise en liberté auprès de la juge chargée d'instruire l'enquête sur sa dernière action.