Les dérives de l'Opus Dei mises en lumière à la barre
Le procès qui s'est ouvert hier devant la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris, au terme de dix ans de procédures, est juridiquement une banale affaire de travail dissimulé. Mais la plaignante et l'accusation ont fait sortir de l'ombre les dérives sectaires de l'Opus Dei, puissante organisation catholique (lire encadré), où elle a servi pendant treize années.
« Dimension sectaire évidente »
L'affaire éclate en 2001, lorsque Catherine Tissier, ne pesant plus que 39 kg, décide de porter plainte contre l'association de culture universitaire et technique (ACUT), en charge de l'Ecole technique privée d'hôtellerie de Dosnon dans l'Aisne où elle est envoyée à 14 ans pour préparer un CAP hôtellerie. Elle doit y faire vœux d'obéissance, de pauvreté et de chasteté. « On m'a éloignée de ma famille. J'ai alors découvert que c'était un centre de l'Opus Dei. Je n'avais pas le droit de le dire à mes parents », raconte-t-elle à l'audience. Elle devient alors « numéraire auxiliaire », en langage opusien, « chargée des taches domestiques ». Elle enchaîne des contrats de travail dans plusieurs centres de l'Oeuvre. A l'audience, elle raconte travailler de 6 h à 22 h avec une heure et quart de pause. Des témoins cités à la barre ont dénoncé « une dimension sectaire évidente ». Pour les trois prévenus, dont deux appartiennent à l'Opus Dei, il n'y a pas lieu de parler de « travail dissimulé ». « Elle fait les horaires légaux et est rémunérée », argumente la directrice de l'école. L'Opus Dei, de son côté, ne reconnaît pas avoir un réel lien avec l'école Dosnon. « On ne finance que l'aumônerie », souligne Béatrice de la Coste, porte-parole de l'organisation. Les réquisitions et les plaidoiries auront lieu aujourd'hui.
Organisation
L'Opus Dei est une association conservatrice, discrète voire secrète de laïcs catholiques fondée en 1928 par un prêtre espagnol, Josemaría Escrivá de Balaguer. Les membres pratiquent parfois la flagellation et vivent en communauté.