Les Batignolles privés de leur village
Une heure après l’annonce du résultat, à l’entrée de la friche ferroviaire des Batignolles (Paris 17e), le hall d’exposition où est présenté le « village des athlètes » est désert. En cas de victoire, ces 45 hectares de terrain devaient devenir le plus gros chantier de la capitale. « Sept ans de travaux ! Pour les commerçants et les restaurateurs du coin, ce n’était pas anodin, se désole Michel Vincent, un agent immobilier du quartier. Beaucoup de riverains attendaient le vote pour vendre, espérant voir les prix grimper. Le marché était devenu délirant... Jusqu’à 14 h. » Les employés des lieux et quelques habitants fustigent les méthodes britanniques. « On nous disait que c’était truqué, maintenant on ne peut que le croire », lâche l’un d’eux. A L’Embuscade, un café voisin, Jean-Michel, tee-shirt orné des anneaux olympiques, atterrit doucement. « Je croyais que c’était fait. Après les Jeux, les résidences d’athlètes devaient devenir des logements sociaux. Tout ça ne sera finalement qu’un gros business. Un tel terrain intra-muros va attirer les promoteurs privés et ce sera le mètre carré le plus cher du 17e. » Enfant du quartier, Thierry Rambourg parle d’un « grand gâchis ». « Un demi-siècle que ce lieu est perdu. Avec l’Etat, la région, tout pouvait être refait très vite. Si la ville est seule, il faudra trente ans. » En fin d’après-midi, plusieurs dizaines de familles mal logées se sont rassemblées sur le site pour réclamer la mise en route du chantier des 250 logements sociaux programmés ici, si Paris avait eu les Jeux. Grégory Magne