Quelle cuisson ?On a testé Paris sous 50°C et là « même marcher, ça devient intense »

On a testé Paris sous 50°C et là « même marcher, ça devient intense »

Quelle cuisson ?En marge des débats sur le plan Climat 2024-2030 au Conseil de Paris, habitants et élus sont invités à tester Paris sous 50°C dans un camion chauffé à côté de l’Hôtel de ville. On est allés tester l’expérience
Dérèglement Climatique : un Update sous 50 degrés
Octave Odola

Octave Odola

L'essentiel

  • Le plan Climat 2024-2030 est présenté cette semaine en Conseil de Paris et sera débattu par les élus.
  • Derrière l’Hôtel de Ville, le centre de recherche Human Adaptation Institute propose de tester Paris sous 50°C, une température qui pourrait s’abattre sur la capitale d’ici quelques décennies.
  • « On doit tout faire pour éviter cette échéance, mais aussi s’y préparer », pose Dan Lert, adjoint en charge de la transition écologique. 20 Minutes est allé tester le caisson à la température caniculaire.

Derrière l’Hôtel de Ville, une remorque de camion aménagée. A l’intérieur ? Un aller simple vers le possible (et flippant) futur climatique de la capitale : Paris sous 50 °C. C’est l’expérience proposée par le Human Adaptation Institute en pleine grisaille automnale. Et surtout, en plein Conseil de Paris où le plan climat 2024-2030 passe à l’épreuve du débat.

« Le but, c’est de ressentir cette chaleur dans sa chair, briefe Dan Lert, adjoint en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie. Un pic de chaleur à 50 °C, ça pourrait arriver à Paris dès le milieu du siècle. On doit tout faire pour éviter cette échéance, mais aussi s’y préparer. »

T-shirt de rechange, transpiration et eau chaude

L’écologiste appuie sur les « 400 mesures concrètes » du plan climat, à l’heure d’envoyer une première fournée de journalistes dans la fournaise. « Moi, je testerai un peu plus tard », évacue l’élu. On se range derrière la tactique de l’élu en temporisant, histoire de recueillir la réaction des premiers confrères cobayes à la sortie.

« On propose une activité physique avec des tapis de course, un espace sensoriel où l’on touche des objets du quotidien (montre, lunettes), et un atelier cognitif avec plusieurs exercices à réaliser », liste Jérémy Roumian, directeur général de l’Human Adaptation Institute.

Au bout de quelques minutes de marche à un rythme très léger, la transpiration s'invite.
Au bout de quelques minutes de marche à un rythme très léger, la transpiration s'invite.  - Octave Odola / 20 Minutes

Une consœur sort au bout d’une quinzaine de minutes. « On ressent la chaleur d’un coup, même quand on enlève plusieurs couches de vêtements. Même marcher, ça devient intense, tu ne peux pas le faire quinze minutes d’affilée. » Seul bémol selon elle, la courte durée de l’expérience. On va pouvoir en juger par nous-même.

Après avoir signé une décharge, il est temps de pénétrer dans l’étuve, non sans passer par le sas de Véronique, chargée de veiller sur nous depuis ses écrans de contrôle.

Une expérience éprouvante

On prend une grosse bouffée de chaleur à l’ouverture de la porte, tout en pressentant que le tee-shirt de rechange dans notre sac ne sera pas de trop. La chaleur est sèche (20 à 22 % d’humidité dans le camion). Passé l’entrée assez pénible, les premières minutes s’avèrent supportables.

« Je m’attendais à pire. Ne pas être exposé au soleil, ça aide », souffle un confrère en train de s’activer sur un tapis de marche. Le vélo d’appartement, lui, ne trouve pas preneur.

« Je sais que le test dure trente minutes maximum, donc je me gère », précise un agent de la mairie. Courageux mais pas téméraire, on délaisse les machines d’efforts pour aller tester l’atelier dédié aux objets quotidiens. Résultat : le bracelet de la montre exposée est brûlant.

On surveille le chrono pendant que ça s'active sur les tapis de course. Le bracelet de la montre est brûlant.
On surveille le chrono pendant que ça s'active sur les tapis de course. Le bracelet de la montre est brûlant.  - Octave Odola / 20 Minutes

Le mardi transpi a décidé d’attendre une quinzaine de minutes pour faire son apparition, remarqué. La transpiration s’invite sur notre tee-shirt et assez abondamment sur le front.

Quoi de plus immersif que la gorge qui s’assèche et de l’eau chaude pour seul breuvage ? Sans prendre la peine de se pencher sur les tests de logique, il est temps de mettre fin à l’expérience, au bout d’un peu plus d’une vingtaine de minutes. L’air frais et la pluie à la sortie ne nous auront jamais autant réjouis.

Se préparer aux étés toujours plus étouffants

L’an dernier, à la même période, la Ville avait déjà organisé un exercice de simulation grandeur nature de ce scénario de fortes chaleurs. « Des opérateurs parisiens me disaient qu’il pourrait y avoir des problèmes techniques par ces chaleurs. Mais on oublie souvent les personnes, qui doivent être en capacité de travailler, rappelle Pénélope Komites, adjointe à la maire de Paris en charge de la résilience et de la prospective. Il va falloir penser à l’adaptation de nos corps. »

Face à ces enjeux, la protection des personnes vulnérables est l’une des priorités érigée par Paris. « Les personnes âgées, les malades chroniques, les personnes précaires, c’est-à-dire celles qui ne partent pas en vacances, habitent près des axes pollués, logent dans des habitations mal isolées », cible Dan Lert.

Avant de citer l’une des mesures du futur plan climat : la rénovation de l’intégralité des écoles et crèches d’ici 2050. Pour lutter contre la touffeur des étés à venir.