Précarité étudiante : Paris débloque 345.000 euros pour l’aide alimentaire et un million pour le logement
INFO 20 Minutes Les subventions pour la distribution alimentaire ont été votées ce mardi au Conseil de Paris
- Pour faire face à la précarité grandissante des étudiants, la Ville de Paris, qui accueille 390.000 étudiants dans ses établissements d’enseignement supérieur, a voté en Conseil de Paris ce mardi une nouvelle subvention de 345.000 euros pour la distribution alimentaire dans la capitale.
- Douze projets ont été choisis après un appel d’offres pour bénéficier de cette nouvelle aide. Tous consacrés à l’aide alimentaire aux étudiants, ils proviennent d’associations dédiées ou de structures plus globales.
- La Mairie annonce également ouvrir l’AILE (Aide à l’installation dans un logement pour les étudiants), d’un montant compris entre 500 et 1.000 euros, aux étudiants non-boursiers bénéficiaires des repas à 1 euro.
La précarité étudiante explose. Depuis la rentrée universitaire, le nombre de témoignages se multiplie, et les chiffres avancés par les associations concernées vont dans ce sens. Selon une enquête* de l’association d’aide alimentaire Linkee, 76 % des étudiants interrogés ont, une fois le loyer et les factures réglés, un « reste à vivre » inférieur à 100 euros par mois. Selon une autre étude réalisée par l’association COP1 en partenariat avec l’IFOP**, en 2023, un étudiant sur deux a déjà sauté un repas faute de moyens.
Une situation qui ne fait que s’aggraver avec l’inflation. Et la capitale, qui accueille près de 390.000 étudiants dans ses établissements d’enseignement supérieur, n’est pas épargnée. Une raison pour laquelle la Mairie de Paris a décidé de donner un coup de pouce aux structures qui viennent en aide aux étudiants en votant, ce mardi, une subvention.
Créer un effet de synergie entre les associations
« Nous avons débloqué une enveloppe de 345.000 euros pour soutenir les acteurs solidaires du territoire parisien qui offre une solution pour les étudiants en situation de précarité alimentaire », annonce à 20 Minutes, Marie-Christine Lemardeley, adjointe d’Anne Hidalgo en charge de l’enseignement supérieur et de la vie étudiante. Sur les quinze candidatures déposées lors d’un appel à projet, plus tôt cette année, douze ont été retenus pour bénéficier de ces nouveaux financements. « Certaines sont des associations purement étudiantes. Mais nous avons aussi voulu soutenir d’autres structures connues pour leur implication sociale comme le Secours populaire, précise l’élue, nous avons souhaité les encourager dans cette ouverture vers les étudiants. »
Surtout, la municipalité espère, par ce biais, inciter toutes ces associations à échanger leurs expériences, leurs réseaux, et peut-être créer des projets communs, comme celui imaginé par COP1, Refugee Food et le Chaînon Manquant qui permettra de distribuer aux étudiants « des repas frais et de qualité aux étudiants en favorisant l’insertion sociale des réfugiés par la cuisine ».
Des produits frais, issus de l’agriculture biologique et de circuits courts
Des repas frais et de qualité, c’était un des critères déterminants dans l’attribution des financements aux associations. « L’un des objectifs de ce projet est de donner accès à une nourriture saine aux étudiants, qui souvent suppriment les fruits et les légumes de leurs menus parce qu’ils sont trop chers », explique Marie-Christine Lemardeley. Si l’adjointe assure que les conserves ne sont pas proscrites, « on ne va tout de même pas gâcher une aide », les associations devront avoir une attention particulière accordée à l’impact environnemental des produits proposés, « les denrées devront être issues de l’agriculture biologique et vertueuse ou de circuits courts, de saison, à moins de 250 kilomètres de Paris ou de la récupération de denrées alimentaires et de la ramasse d’invendus ».
Une voie que suivent déjà la plupart des structures subventionnées, comme c’est le cas de COP1, association fondée en septembre 2021 par des étudiants, et qui distribue, deux ans plus tard, 1.600 colis par semaine au travers de quatre distributions alimentaires hebdomadaires. « On travaille aussi avec beaucoup d’autres associations qui luttent contre le gaspillage, la banque alimentaire de Paris et Île-de-France (Bapif), raconte Jenny Dai, présidente de la branche Paris de l’association, mais on commande aussi des fruits et légumes auprès de producteurs. »
L’AILE étendue aux non-boursiers bénéficiaires des repas à 1 euro
Pour Jenny Dai, cette nouvelle aide ne sera pas superflue : « On voit toujours plus d’étudiants et de jeunes s’inscrire pour bénéficier de notre aide. La demande ne cesse d’augmenter depuis le Covid avec tous les événements qui nous tombent dessus, inflation des prix de l’alimentation et de l’électricité en tête. » Parmi les bénéficiaires, beaucoup d’étudiants étrangers, non-éligibles aux aides du CROUS, et des étudiants non-boursiers.
Pour une partie de ces derniers aussi, la Mairie de Paris va sortir le chéquier à travers le programme AILE (Aide à l’installation dans un logement pour les étudiants). Ce dispositif, d’un montant compris entre 500 et 1.000 euros, doit permettre aux étudiants boursiers qui ne peuvent bénéficier d’un logement social du CROUS de faire face aux frais inhérents à leur installation (achat d’électroménager, de meubles ou d’informatique). À partir de ce mois d’octobre, l’AILE s’ouvre à tous les étudiants bénéficiaires des repas du CROUS à 1 euro, soit les étudiants non-boursiers en situation de précarité financière.
« Pour cela, les étudiants doivent télécharger le dossier sur le site de la Maison étudiante de Paris et le renvoyer au CROUS qui fait office de guichet unique. Environ 1.000 étudiants y sont éligibles, c’est une aide d’un montant d’un million d’euros qui sera pris en charge par la ville », ajoute Marie-Christine Lemardeley, qui se joint aux quatorze présidents d’université qui demandent un revenu universel de 1.000 euros pour les étudiants.
*Etude menée auprès de 5.115 étudiants
**Enquête menée auprès d’un échantillon de 812 personnes, représentatif de la population étudiante française
Répartition de l’aide proposée par la Mairie de Paris
- Association COP1, 60.000 € proposés
- Projet commun aux associations COP1, Refugee Food et le chaînon Manquant, 40.000 € proposés
- Association Linkee, 120.000€ proposés
- Association du beurre dans leurs épinards, 10.000€ proposés
- Association l’Eternel solidaire, 8.000€ proposés
- Association Sytteen, 12.000€ proposés
- Association O cœur de la rue, 6.000€ proposés
- Association OSAA, 9.000€ proposés
- Association Secours Populaire Paris, 20.000€ proposés
- Association Solidaya, 10.000€ proposés
- Association Yes We Camp, 20.000€ proposés
- Association Ernest CCS, 30.000€ proposés