JO de Paris 2024 : Pour qui les Jeux seront-ils un tremplin vers l’emploi ?

MATCH A moins d’un an des Jeux de Paris, le rythme s’accélère dans tous les secteurs, et notamment sur le front du recrutement où les besoins de personnels s’affinent. On estime à 181.000 les postes nécessaires durant les Jeux de Paris.

Laure Gamaury
Sur la péniche où était organisée la session job dating aux abords de L'Ile-Saint-Denis, ce vendredi 22 septembre 2023, en vue notamment de recruter pour les JO de Paris.
Sur la péniche où était organisée la session job dating aux abords de L'Ile-Saint-Denis, ce vendredi 22 septembre 2023, en vue notamment de recruter pour les JO de Paris. — Direction de la communication de Pole emploi Île-de-France
  • Avec son Forum Emploi, organisé mardi à la Cité du cinéma, le Cojop mise sur une cinquantaine de recruteurs, parmi lesquels la RATP, Sodexo Live ! ou encore lui-même, pour charmer les futurs travailleurs des JO.
  • Sur le territoire de Plaine Commune, en plein cœur de la Seine-Saint-Denis, terre des Jeux, les recrutements sont aussi l’affaire des acteurs locaux, qui rivalisent d’imagination pour trouver le match idéal.
  • « Les femmes de ménage aussi ont droit à une croisière pour aller chercher leur job. Ce n’est pas l’apanage des cadres ! », martèle Samira Ouardi, directrice de la Maison de l’Emploi de Plaine Commune, à l’origine de plusieurs sessions de job dating sur une péniche.

« Les femmes de ménage aussi ont droit à une croisière pour aller chercher leur job. Ce n’est pas l’apanage des cadres ! » Et si finalement le lieu et l’environnement changeaient l’essence même du job dating ? C’est la conviction de la Maison de l’Emploi de Plaine Commune et de sa directrice Samira Ouardi, qui organisait, vendredi, en partenariat avec les agences de Pole emploi de Seine-Saint-Denis et différents acteurs du territoire, une croisière job dating autour de l’Île Saint-Denis, territoire central des Jeux de Paris 2024, où seront notamment logés les 15.000 athlètes dans le village olympique.

Comme un clin d’œil à la cérémonie d’ouverture des JO de l’an prochain, et avec en prime un guide conférencier, qui a largement partagé ses connaissances sur l’Histoire du territoire durant les deux heures de croisière. « Notre but est bien évidemment d’améliorer et de fluidifier le dialogue entre les talents et recruteurs. Et le lieu, ça fait tout. C’est comme pour un premier date : un rendez-vous au Mc Do, ce n’est pas la même chose qu’au Marriott, et bien là c’est pareil ! », s’exclame-t-elle encore.

Ou à la Maison du cinéma à Saint-Denis, renchérirait sans doute le Cojop (Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris), qui y organise mardi son gigantesque Forum Emploi où 16.000 postes à pourvoir immédiatement, seront proposés. Car les Jeux, c’est demain et ils nécessiteront 181.000 emplois sur la période, certains déjà existant mais une partie importante à créer. Mardi, plus de 4.500 personnes viendront avec leur CV prêt, pour rencontrer une grosse cinquantaine d’employeurs, parmi lesquels la RATP, Sodexo Live ! qui a remporté le marché de la restauration des athlètes sur le village olympique, ou encore le comité d’organisation lui-même, qui compte aujourd’hui 1.700 salariés et devrait atteindre les 4.000 au mois de juin.

Des demandeurs d’emploi choyés

Pour s’orienter dans ce labyrinthique Forum Emploi, nouveau clin d’œil du Cojop cette fois, avec un « site organisé autour de cinq villages, comme les cinq anneaux olympiques » : un pour le recrutement dans l’hôtellerie et la restauration, un autre pour les transports, la logistique et l’énergie ; un pour la sécurité, le quatrième pour le nettoyage et la gestion des déchets et enfin, un dernier pour les métiers du sport et de l’évènementiel.

Achraf, 21 ans, habitant de la Courneuve, présent pour le job dating sur la péniche de ce vendredi, sera aussi de la partie mardi. « Je suis surpris, j’aurais jamais imaginé rencontrer des futurs employeurs dans un cadre aussi spécial. On est sur une péniche. C’est moins stressant que d’aller dans un bureau, seul face au recruteur ».

Le jeune homme recherche un emploi dans la manutention ou la logistique, voire une formation pour prétendre à un poste plus qualifié.  « Tant qu’ils ne demandent pas le permis ou une voiture, je prends. Je vais pouvoir le passer (le permis) mais pas avant les JO je pense. Donc oui, j’aime bien le sport, j’aimerais bien pouvoir travailler pendant les Jeux, ça me plairait vraiment. Et j’y crois ».

Motivé comme il est, Achraf devrait trouver chaussure à son pied et peut-être même avoir le choix dans des secteurs où aujourd’hui, les employeurs ont du mal à recruter. « Dans les métiers en tension, la tension existait avant et elle ne s’arrêtera pas avec la fin des JO. C’est le cas de l’hôtellerie-restauration, de la sécurité privée », énumère Stéphane Crusoe, directeur territorial délégué de Pôle emploi 93 ouest. « Et ça permet aussi d’inverser le rapport de force entre employeur et demandeur d’emploi, voire pour certains de ces derniers, de leur permettre de choisir », complète Samira Ouardi.

Déjà tournés vers l’après-Jeux ?

Si côté sécurité privée, la question se pose toujours de savoir si les 26.000 besoins nécessaires pendant les JO seront comblés, dans l’hôtellerie-restauration, tout le monde est confiant. « Les Jeux, c’est l’expérience d’une vie », prophétise Boris Pincot, DRH monde de Sodexo Live ! Son entreprise, qui a ouvert jeudi sa campagne de recrutement en externe, va rechercher 6.000 personnes pour distribuer 13 millions de repas dans le village des athlètes durant les JOP, mais également sur 14 sites de compétition à Paris, en région parisienne mais aussi à Marseille ou à Lyon, sur les épreuves de voile et de foot. « Nous aurons environ 40 % de postes qui requièrent une qualification technique, les 60 % restant aucune ».

Une chance pour Aïssatou ? « Je suis cuisinière, j’ai un CAP cuisine et aujourd’hui, je cherche un poste longue durée, en CDI ce serait super ». Ravie de pouvoir échanger avec des recruteurs sur cette péniche de l’emploi, elle trouve le contact plus agréable et détendu. Accor, qui cherche 300 personnes pour le village olympique uniquement, ou encore le groupe H Hôtel qui s’installe à Saint-Denis Pleyel et compte trouver 200 personnes du territoire pour constituer ses équipes sont autant de promesses d’emplois concrets et… durables. « On a confiance en un héritage des Jeux socialement inclusif parce qu’on y travaille tous les jours », précise Samira Ouardi.

Même son de cloche à la RATP, qui sera présente mardi au Forum Emploi des JO. « Nous serons sur le village transports, assure Marie Cosson, directrice du développement des compétences du groupe RATP. Parce que pendant la période JO, 70 % des voyages se feront sur une ligne opérée par la RATP. En 2023, notre plan de recrutement visait 6.600 personnes. Nous avons des besoins dans la conduite de bus et de métro et sur des postes d’agents en stations et gare, notamment. » Et une majorité en CDI puisque les métros ne s’arrêteront pas à Paris après les Jeux. « Le pic sera l’été prochain, on anticipe en vue de cette échéance mais la plupart des postes proposés seront pérennes ». Donc sur la péniche de Plaine commune vendredi comme à la Cité du cinéma mardi, on part sur un test event, avant le grand raout olympique de l’été prochain : good luck avant good job en somme !