Suicide d’un adolescent à Poissy : Les parents du lycéen harcelé « outrés et effarés » par le courrier du rectorat
indignation Ce courrier menaçait les parents d’une procédure en dénonciation calomnieuse, et parlait d’un « supposé harcèlement » s’agissant de Nicolas
« Supposé harcèlement », « propos inacceptables »… La lettre du rectorat adressée en mai aux parents de l’adolescent harcelé qui s’est suicidé à Poissy en septembre dernier a laissé les parents de Nicolas « outrés et effarés », selon des propos recueillis par l’AFP.
« Vous avez remis en cause les fonctions et menacé de dépôt de plainte le personnel de direction (…). Les propos que vous avez tenus et le comportement que vous avez eu envers des personnels de l’Education Nationale dont le professionnalisme et l’intégrité n’avaient pas à être remis en cause de la sorte, sont inacceptables », énonçait ce courrier dévoilé par BFM TV, qui menaçait les parents d’une procédure en dénonciation calomnieuse, et parlait d’un « supposé harcèlement » s’agissant de Nicolas.
Possible plainte
Dans une précédente missive, auquel le rectorat répondait, les parents se plaignaient de n’avoir eu aucune nouvelle du proviseur suite à une réunion autour du cas de leur enfant, le proviseur leur reprochant en retour de n’avoir pas cherché à entrer en contact avec la communauté éducative.
« Nous avons été outrés et effarés de recevoir de telles lettres », a assuré la mère de Nicolas, Béatrice, qui a précisé ne pas avoir encore décidé si elle allait porter plainte. « Avant de prendre cette décision, nous attendons les résultats des enquêtes et les actions qui seront menées par le gouvernement », a-t-elle expliqué lors d’un échange écrit avec l’AFP dimanche.
Tentative de suicide
Deux membres du gouvernement ont réagi samedi, après la publication des lettres du rectorat et du proviseur du lycée par BFMTV. La Première ministre Elisabeth Borne a qualifié de « choquant » le ton de la missive. « Ce courrier est une honte, une honte », a pour sa part déclaré Gabriel Attal, qui a ordonné une enquête administrative. Pour la mère de l’adolescent, ces réactions officielles ont montré qu’enfin, leur « fils était reconnu dans sa souffrance et son harcèlement ».
Son fils s’est suicidé le 5 septembre, à sa rentrée dans un nouvel établissement. Dès mi-octobre 2022, les parents de Nicolas ont réalisé que leur fils se faisait harceler et ont alerté l’équipe pédagogique. Mi-mars, ils ont appris par son psychologue que leur fils a fait une tentative de suicide en janvier. « C’est à ce moment-là que nous avons tout mis en branle pour aider notre fils, main courante, rendez-vous avec le proviseur, échanges de courriers, etc. », a-t-elle énuméré.
Nicolas avait changé d'établissement
Après un premier rendez-vous avec l’équipe pédagogique, les parents ont envoyé un nouveau courrier au proviseur, mais n’ont reçu en réponse que les lettres critiquées par Élisabeth Borne et Gabriel Attal. « Nous ne savons toujours pas si une sanction même symbolique a été émise à l’encontre des harceleurs », a-t-elle déploré.
A la rentrée, Nicolas avait changé d'établissement. « Cet été, il était heureux de passer des vacances avec moi. Il devait faire un CAP en alternance en électricité. A la rentrée, il était stressé parce qu'il commençait quelque chose de nouveau », a rapporté Béatrice.
Sanctions
Gabriel Attal, qui était aux côtés de la famille vendredi pour les obsèques de l'adolescent mort à l'âge de 15 ans, a indiqué samedi qu'il attendait les conclusions de l'enquête administrative qu'il a diligentée « sous quinze jours ». « J'en tirerai toutes les conclusions, y compris en matière de sanctions », a dit le ministre.
Ce lundi, il doit réunir les rectrices et les recteurs de tout le pays « pour un audit dans l'ensemble des rectorats sur toutes les situations de harcèlement signalées aux rectorats sur l'année passée ».