Coupe du monde de rugby 2023 : Un préavis de grève RATP confirmé pour le match d’ouverture au Stade de France

Il va y avoir du sport Les syndicats dénoncent leurs conditions de travail depuis plusieurs mois

Romarik Le Dourneuf
Les agents Services et espaces multimodaux (SEM) de la RATP comptent bien se faire entendre pendant la Coupe du monde de rugby 2023. (Illustration)
Les agents Services et espaces multimodaux (SEM) de la RATP comptent bien se faire entendre pendant la Coupe du monde de rugby 2023. (Illustration) — Romuald Meigneux / SIPA
  • Le syndicat FO-RATP du département Services et espaces multimodaux (SEM) a confirmé son préavis de grève pour le jour du match d’ouverture de la Coupe du monde de rugby qui aura lieu au Stade de France le 8 septembre prochain.
  • Le syndicat dénonce des conditions de travail qui se dégradent et des discussions stériles avec la direction de la RATP.
  • Cette dernière assure que la gestion d’un tel événement fait partie des missions de la régie et que celui-ci devrait bien se dérouler.

C’était prévisible. Ce mercredi, la branche SEM (Services et espaces multimodaux) du syndicat Force ouvrière de la RATP a confirmé son préavis de grève pour le 8 septembre. Une date qui n’a pas été choisie au hasard puisqu’il s’agit du match d’ouverture de la Coupe du monde de rugby 2023 au Stade de France.

Cette menace, brandie depuis des semaines, est le résultat de négociations qui n’ont pas abouti entre le syndicat et la direction de la RATP. « Nos conditions de travail se dégradent depuis des mois, voire des années », explique Cyril Manach, secrétaire de la FO-RATP SEM, la branche qui contient les personnels commerciaux, agents de gare, agents de contrôle, agents de maîtrise et opérateurs.

Effectifs réduits et conditions inégales entre agents

« Les effectifs se réduisent du fait de départs qui ne sont jamais compensés alors que les exigences en matière de qualité d’accueil sont extrêmement rigoureuses, développe Cyril Manach, cela entraîne des sanctions à tour de bras. » De plus, selon le responsable syndical, avec la présence de moins en moins assurée de la maîtrise du territoire (les agents chargés de l’information aux voyageurs et de la gestion des incidents), les agressions se multiplient : « Nous en sommes victimes et témoins au quotidien. »

Surtout, le syndicat dénonce la gestion des négociations avec la direction de la RATP. Quand cette dernière a pris contact depuis des mois avec les fonctions du « roulant » pour expliquer que les nombreux bouleversements entraînés par la Coupe du monde et son flux de voyageurs seraient gratifiés « à 100 % » pour les conducteurs avec une prime de 350 euros, plus des primes à l’acte. Cette même direction aurait attendu le dernier moment pour discuter avec les autres branches de la RATP.

« Ils vont se rendre compte que sans nous, les stations resteront fermées »

Une différenciation qui avait déjà été soulevée dans un communiqué publié au début du mois d’août : « Ils vont se rendre compte que sans nous, les stations resteront fermées. S’ils n’ont personne pour ouvrir, fermer, secourir, accueillir, canaliser, vendre, manager les équipes, gérer la couverture des postes, piloter administrativement les agents… Ils pourront toujours mettre 30 trains à la minute… »

« On n’a pas pris le temps de nous consulter alors que cela fait sept mois que nous faisons des demandes. Nous sommes juste reçus à la fin pour entendre que la Coupe du monde n’entraînait pas de changement dans nos fonctions et donc, qu’à ce titre, nous n’avions droit à rien », ajoute Cyril Manach. Finalement, après les menaces de blocage, les agents SEM obtiennent une prime, quelques primes « one shot » [la même reçue une fois par tous] et quelques primes à l’acte [en fonction des tâches et des personnes], mais uniquement pour les agents travaillant sur les périmètres de la Fan Zone et du Stade de France, à condition qu’il n’y ait pas un seul jour de congé maladie déposé, selon le responsable syndical : « Mais les supporteurs ne vont pas vivre H24 dans le Stade, il faudrait les gérer dans toute l’Île-de-France. »

La direction de la RATP tente de rassurer, les syndicats évoquent les JO

Contactée par 20 Minutes, la direction de la RATP confirme qu’un préavis a été déposé par deux syndicats, FO-RATP pour les agents de stations et l’UNSA Transport pour les agents de maintenance, et la teneur des discussions avancés par le syndicat : « Nous faisons une vingtaine d’événements de ce type par an au Stade de France (concert + matchs), il s’agit donc d’une offre de service maîtrisée par l’entreprise. »

« Sur le plan social, l’entreprise a négocié des accords visant à gratifier la contribution exceptionnelle des salariés concernés à cet événement. Des accords ont ainsi été conclus avec les conducteurs et les agents de stations », ajoute la RATP qui assure que les préavis de grève ne seront pas de nature à perturber le bon déroulé de la compétition, ainsi que sa réussite.

« Ils minimisent ce qui va se passer », rétorque Cyril Manach. Si la grève est officiellement à durée déterminée, le syndicaliste sait qu’elle sera difficile à tenir du fait du niveau de revenu des salariés qui ne permettra pas un sacrifice sur le long terme : « Mais nous pourrons opérer par actions coup de poing. Car c’est aussi une manière de prévenir de ce qui pourrait se passer pour les Jeux olympiques en 2024. »