La plus grande station d’hydrogène pour voitures d’Europe inaugurée à Paris

ENVIRONNEMENT Installée à la Porte de Saint-Cloud, cette station produit elle-même l’hydrogène qu’elle fournit aux automobilistes

Romarik Le Dourneuf
Les véhicules de transport public à l'hydrogène pourront se fournir à la Porte de Saint-Cloud (16e arrondissement)
Les véhicules de transport public à l'hydrogène pourront se fournir à la Porte de Saint-Cloud (16e arrondissement) — HysetCo
  • La start-up française HysetCo inaugure, ce mercredi, sa nouvelle station d’hydrogène à la Porte de Saint-Cloud (16e arrondissement)
  • Cette station, qui pourra bientôt fournir une tonne d’hydrogène « bas carbone » par jour, a la particularité de produire elle-même l’énergie qu’elle distribue.
  • Cette station a été en grande partie financée par des fonds provenant de la région, de la Ville de Paris et de l’Ademe.

C’est ce qu’on appelle un heureux hasard. Ce mercredi, alors que la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat rend son rapport sur les Zones à faibles émissions (ZFE), est inaugurée la plus grande station d’hydrogène d’Europe à la Porte de Saint-Cloud à Paris.

Avec une capacité de distribution d’une tonne d’hydrogène par jour destinée aux véhicules, cette station construite et exploitée pas la start-up HysetCo dépasse de loin ses « petites sœurs » déjà en fonctionnement en Île-de-France. Situées aux aéroports d’Orly, de Roissy et à la Porte de la Chapelle, les trois stations déjà gérées par l’entreprise française ne peuvent fournir qu’entre 200 à 250 kilogrammes d’hydrogène par jour.

Une énergie produite sur place

Mais ce qui fait passer cette nouvelle station dans une nouvelle génération, c’est que l’hydrogène distribué est fabriqué sur place. « Les autres stations sont alimentées, notamment, par notre actionnaire Air Liquide. Cette nouvelle station produit elle-même l’hydrogène par électrolyse de l’eau », explique Loïc Voisin, président d’HysetCo, à 20 Minutes. Pour les novices, on fait passer de l’électricité dans de l’eau pour séparer le dihydrogène de l’oxygène. « L’oxygène est rendu aux petits oiseaux et le dihydrogène, qu’on appelle plus communément hydrogène, est utilisé pour alimenter des véhicules », explique Loïc Voisin.


L'hydrogène fournit est produit sur place
L'hydrogène fournit est produit sur place - HysetCo

Cette nouvelle étape change drastiquement l’offre de l’entreprise. Si l’avenir des véhicules est à l’électricité ou à l’hydrogène, la question de la disponibilité de ces deux sources d’énergie est souvent en question. De 16 tonnes par mois environ, l’offre d’HysetCo va bientôt passer à plus de 45 tonnes en Île-de-France. Une croissance exponentielle pour l’entreprise qui proposait moins de 3 tonnes mensuelles il y a deux ans encore.

L’entreprise vise les utilitaires

Cette croissance s’accompagne d’une autre parallèle, puisque l’entreprise dispose de sa propre flotte de véhicules, essentiellement à l’usage de chauffeurs de taxi : « C’est une énergie qui est particulièrement adaptée pour eux. Mais notre prochaine cible se porte également sur les conducteurs d’utilitaires, comme les artisans par exemple », poursuit Loïc Voisin qui avance un argument solide : à l’hydrogène, il est possible de faire le plein en cinq minutes pour une autonomie réelle de 500 à 600 kilomètres.

Et la start-up ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’elle espère installer six nouvelles stations du même acabit en Île-de-France d’ici à la fin de l’année 2024. Une stratégie de développement soutenue notamment par l’Agence de la transition écologique à Paris (ADEME), la Ville de Paris, du plan France Relance, de la région Île-de-France et de la commission européenne, qui ont subventionné cette nouvelle station à hauteur de 14 millions d’euros.

HysetCo promet un hydrogène « bas carbone »

Si l’hydrogène est une énergie qui ne dégage pas de CO2 en soi, sa production, encore à 95 % issue du méthane, elle ne l’est pas. C’est pourquoi HysetCo s’engage fournir un hydrogène « bas carbone », c’est-à-dire produite à partir d’électricité issue d’énergies renouvelables.



Les autorités publiques, à l’origine du financement de la nouvelle station, espèrent en tirer profit dans leur lutte contre le réchauffement climatique, comme l’explique David Belliard, adjoint d’Anne Hidalgo en charge des transports et des mobilités, à 20 Minutes : « Nous accompagnons des nouvelles motorisations en proposant des nouvelles infrastructures. L’hydrogène semble adapté pour des véhicules plus lourds et de transport collectif. La filière n’est pas encore mature, pas totalement propre, mais nous y voyons le potentiel pour développer une filière plus verte et ainsi favoriser la transition de véhicules thermiques vers des technologies plus vertueuses. »