Dernière rénovation : « Ce procès fait partie du combat », deux nouvelles audiences de militants ce mercredi à Paris

PROCES Ce mercredi, Sébastien comparaît devant le tribunal judiciaire de Paris, pour le blocage du périphérique parisien, intervenu le 10 décembre. Lucas, un autre militant de Dernière Rénovation l’accompagnera pour avoir bloqué deux les Champs Elysées le 8

Laure Gamaury
Des membres du collectif Dernière Rénovation bloque le périphérique au sud de Paris, le 7 novembre 2022.
Des membres du collectif Dernière Rénovation bloque le périphérique au sud de Paris, le 7 novembre 2022. — Aurore MESENGE
  • Deux militants du collectif Dernière Rénovation sont jugés à Paris ce mercredi, pour avoir bloqué en décembre l’un le périphérique le 10, et l’autre les Champs Elysées le 8.
  • Sébastien, l’un des deux accusés sur le banc, revendique son action de désobéissance civile et considère que c’est le seul moyen audible et efficace pour faire réagir face à l’urgence environnementale.
  • « Ce procès fait partie du combat. Il est très important. Forcer la justice à se positionner sur nos actions est primordial », assure cet enseignant-chercheur de 37 ans.

« Ce procès fait partie du combat. Il est très important. Forcer la justice à se positionner sur nos actions est primordial ». A la veille de son procès, Sébastien, militant engagé dans le collectif Dernière Rénovation, ne perd pas de vue les enjeux de la cause qu’il défend. Ce mercredi, il comparaît devant la 10e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, pour le blocage du périphérique parisien, intervenu le 10 décembre. Lucas, un autre militant de Dernière Rénovation l’accompagnera pour avoir bloqué le 8 décembre les Champs Elysées aux côtés d’autres personnes.

Les militants qui revendiquent des actions de « désobéissance civile, seul moyen cohérent de faire bouger les lignes », d’après Sébastien, acceptent sans sourciller ce passage devant la justice. « Quand on bloque une route avec Dernière Rénovation, on le fait en sachant qu’on sera arrêté. On reste sur place jusqu’à ce que la police arrive. C’est important pour nous d’assumer nos actes, de répondre devant la justice et de passer par cette étape. On doit convaincre les juges que ce qu’on fait c’est comme laisser passer une ambulance à un feu rouge. Normalement c’est interdit, mais devant l’urgence, on la laisse faire. Pour la réussite de notre action et de notre cause, il faut qu’on reconnaisse notre légitimité à violer certains textes de loi ». A 37 ans, cet enseignant-chercheur comparaît pour la première fois devant la justice : « c’était ma troisième ou ma quatrième garde à vue mais je n’avais jamais eu de procès ».

« L’Etat n’a pas les moyens de faire un procès à chaque militant arrêté »

« Je me suis lancé dans la désobéissance civile il y a environ un an. Ma première action a été de bloquer une étape du Tour de France en 2022 », narre-t-il. De son parcours, on retiendra que Sébastien a plutôt très bien vécu sa première garde à vue. « Contrairement à d’autres, je me suis retrouvé dans une cellule individuelle d’un petit commissariat des Hautes-Alpes où j’ai passé 24 heures seul, et où j’ai pu faire mon introspection, réfléchir sur la suite de mon action militante. Et j’ai décidé de m’investir d’autant plus dans la désobéissance civile ».

C’est d’ailleurs pourquoi il a participé à la séquence d’action organisée en décembre en trois temps, le blocage des Champs Elysées le 8, le blocage du tunnel du Mont Blanc avec Ultima Generazione en Italie le 9 et le 10, un blocage massif des deux voies du périphérique parisien avec 25 personnes au niveau de la Porte d’Ivry. « Je suis le seul à comparaître pour cette action alors qu’on était près de 30 oui, peut-être parce que je commence à avoir plusieurs gardes à vue au compteur. Plusieurs centaines de membres de Dernière Rénovation sont allés en garde à vue mais l’Etat n’a pas les moyens de faire un procès à chaque militant arrêté ».

Relaxe ou dispense de peine, « une petite victoire »

L’audience de Sébastien doit débuter à 9 heures. « Je suis un peu mitigé sur ce qui m’attend. D’une part, j’ai un gros espoir que notre action soit reconnue comme légitime, pour le bien général et j’ai espoir de réussir à convaincre les juges que notre action est pertinente et juste ». Il considère ainsi qu’une relaxe ou une dispense de peine, comme ça a déjà pu être décidé pour des militants condamnés, serait « une petite victoire ». « Mais j’ai déjà assisté à un procès de ce genre, et je sais que ça peut être un peu compliqué à vivre, que tout le monde n’est pas forcément très bienveillant et amical avec les accusés. On verra bien comment ça se passe ».

L’enseignant-chercheur, engagé depuis de nombreuses années dans des activités militantes, ne doute cependant pas du bien-fondé de ses actions. « Malgré les gens qui manifestent ou se présentent à des élections, rien n’avance, rien ne se passe. J’ai été investi dans des organismes de réinsertion, dans la lutte contre le handicap, mais devant une menace si énorme et si urgente que sont les questions climatiques, de pollution des eaux, de l’air, la biodiversité, etc., tout ce qu’on fait d’autre et qu’on pensait utile n’a plus aucun sens ». Sébastien affirme ainsi que son procès n’est qu’un rouage de la lutte dans laquelle il s’est engagé. « D’après le Giec, il nous reste deux à trois ans pour diminuer nos émissions, parce que si le déclic se produit après, il sera trop tard pour assurer des conditions vivables aux générations futures. L’important est là, mon cas personnel ne compte pas. »