Paris : Fontaines, ombrières, toits en blanc… La Mairie présente son plan contre la canicule cet été
INFO « 20 MINUTES » Un ensemble de mesures immédiates - complémentaires d’une approche de long terme pour faire face à la crise climatique - que dévoile à « 20 Minutes » Dan Lert, l’adjoint à la maire de Paris chargé de la transition écologique
- Alors que le thermomètre va monter en fin de semaine, la mairie présente son plan contre les canicules pour cette année.
- Ce nouveau plan comprend l’installation de 24 nouvelles ombrières, 10 brumisateurs et 40 fontaines brumisantes. De nouvelles « cours oasis » vont également être créées, c’est-à-dire débitumées et transformées en îlots de fraîcheur.
- « Il y a une urgence à accélérer l’adaptation face au péril climatique en s’inspirant des villes d’Europe du Sud » estime Dan Lert, l’adjoint à la maire de Paris chargé de la transition écologique, qui nous dévoile ce plan.
On peut dire que c’est un bon sens du timing. Alors que Météo-France vient d’annoncer que les 31 degrés pourraient être atteints vendredi prochain dans la capitale, la Mairie de Paris présente son plan d’attaque contre les canicules.
Nouvelles fontaines et ombrières, toits peints en blanc sur certains équipements, brumisateurs… Un ensemble de mesures immédiates - complémentaires d’une approche de long terme pour faire face à la crise climatique - que dévoile à 20 Minutes Dan Lert, l’adjoint à la maire de Paris chargé de la transition écologique.
Des ombrières pour perdre 9 à 10 degrés
Faire de l’ombre d’abord, pour faire baisser les températures. En parallèle de son plan arbres qui prévoit des milliers de plantations, qui prendront forcément un peu de temps pour éclore, la mairie va installer 24 nouvelles ombrières sur des places, équipements publics, ou encore jardins parisiens. Du mobilier nouveau qui viendra s’ajouter à la centaine d’ombrières déjà présentes, selon la mairie. Des dispositifs avec une armature en acier et un toit ajouré en bois qui procurent 30 m2 d’ombre au sol et font chuter le thermomètre de 9 à 10 degrés.
Des ombrières qui ont l’air de plaire aux Parisiens : grâce à un QR code sur ce nouveau mobilier urbain, 200 personnes ont exprimé leur avis et parmi elles, 75 % trouvaient les ombrières « utiles » et 71 % « bien intégrées à l’esthétique parisienne », selon la mairie.
Les fontaines Wallace transformées
Rafraîchir, ensuite, avec de l’eau. La mairie prévoit d’installer dix brumisateurs en plus et 40 fontaines brumisantes (plus petites) . Pour ces dernières, il s’agira soit de transformer les bonnes vieilles fontaines Wallace par un ajout discret (19 d’entre elles vont connaître ce coup de jeune, sur une centaine existantes) soit d’apporter de nouvelles fontaines plus modernes : 16 nouvelles « Mât Source », des colonnes vertes où l’on peut remplir sa gourde ou se s’arroser d’un petit nuage de brume ; et cinq « Totems », en inox.
Un dispositif qui s’ajoute au réseau de 800 commerçants engagés où l’on peut recharger gratuitement sa gourde, précise la Mairie de Paris, qui a publié une carte où l’on peut les visualiser :
Le toit d’une crèche peint en blanc
« Ces questions d’adaptation c’est une course contre montre, les collectivités locales ont besoin de choix clairs. Le ministre [de la Transition écologique, Christophe Béchu] a mis en débat un scénario à plus quatre degrés, cela doit se traduire par des actes. Il faut accepter que le visage de Paris évolue, change, pour s’adapter. Plus d’un tiers de nos projets sont stoppés par les architectes des bâtiments de France, il y a des endroits où on interdit de poser des volets », commente Dan Lert.
Les services de la ville ont justement commencé des expérimentations où la ville repeint en blanc des surfaces, comme le toit d’une crèche, ou les revêtements de certaines rues aux écoles. De quoi gagner trois à six degrés. De nouvelles « cours oasis » vont également être créées, c’est-à-dire débitumées et transformées en îlots de fraîcheur.
« Le climat va ressembler à celui de Séville »
L’idée de ce plan commence à germer en novembre 2021, avec une étude sur les projections climatiques à Paris. Les scientifiques du Giec alertent alors la mairie sur la probabilité d’un pic de chaleur à 50 degrés, qui pourrait arriver dès 2030. Branle-bas de combat : des élus s’activent et lancent la « MIE Paris 50 degrés », une mission d’information qui a dévoilé ses préconisations en avril dernier. Du côté de l’exécutif, on planche sur les mesures les plus urgentes, d’autant que l’été 2022, avec trente-trois jours de canicule, le deuxième le plus chaud que la France ait connu, joue le rôle d’aiguillon.
« Le changement climatique est une réalité à Paris qui accélère, comme sur le reste du territoire, prévient Dan Lert. Dans nos projections il y aura plus de 35 jours de canicule par an en 2080. Le climat va ressembler à celui de Séville. Il y a une urgence à accélérer l’adaptation face au péril climatique en s’inspirant des villes d’Europe du Sud ».
Des mesures de longue haleine
Ce « plan d’adaptation en vue des épisodes de chaleur de l’été 2023 » n’est donc en réalité qu’un jalon d’une stratégie bien plus large, commencée par le plan climat de 2018, et continuée par la mission Paris à 50 degrés et le plan local d’urbanisme dit « bioclimatique » (PLU). Il comprend notamment plus de rénovations énergétiques des immeubles, de désimperméabilisation des sols et un objectif de 300 hectares d’espaces verts supplémentaires pour atteindre les 10 mètres carrés par habitant recommandés par l’Organisation mondiale de la santé.
Mais ces mesures suffiront-elles à nous rafraîchir cet été, alors même que Paris est pointée du doigt comme la ville la plus mortelle d’Europe en cas de canicule ? Lundi en Conseil de Paris, au moment de voter le nouveau PLU, plusieurs groupes d’opposition ont souligné les effets de la politique prise ces dernières années, alors qu’Anne Hidalgo déclarait il y a dix ans vouloir « densifier » la ville. « Vous avez créé des îlots de chaleur à l’image de la place de la République », a reproché par exemple Maud Gatel, présidente du groupe MoDem, Démocrates et Écologistes de Paris, tandis que Rachida Dati, à la tête du groupe Changer Paris (LR) reprochait la « destruction d’espaces verts au profit d’aménagements minéraux ».
Pas sûr que quelques fontaines et ombrières rivaliseront avec des kilomètres de béton. Pour voir un Paris plus accueillant et surtout plus frais l’été, et que la ville passe du statut de « radiateur » à celui « d’oasis », comme le veut Dan Lert, il faudra sans doute encore patienter.