Disneyland Paris : Les grévistes promettent de l’animation si leurs revendications ne sont pas entendues

Hey ho, Hey ho Les salariés demandent une revalorisation de leurs revenus et une amélioration de leurs conditions de travail

Romarik Le Dourneuf
Disneyland Paris. (Illustration)
Disneyland Paris. (Illustration) — Francois Mori/AP/SIPA
  • Entre 1.000 et 1.500 salariés se sont mis en grève ce mardi 30 mai pour demander une amélioration de leurs conditions de travail et une augmentation de leurs revenus.
  • Si la direction assure avoir déjà fait des efforts en 2022, les salariés répondent qu’ils sont insuffisants face à l’inflation qui heurte leur pouvoir d’achat.
  • Sans négociations urgentes avec la direction du parc, les syndicats promettent de l’animation cet été au parc d’attractions.

Rififi (et Loulou ?) à Marne-la-Vallée. Si les neveux de Donald Duck risquent les maux de tête cet été, ce ne sera pas seulement à cause de la canicule. En effet, ce mardi, près de 1.000 salariés étaient en grève à Disneyland Paris. Une situation qui pourrait perdurer. C’est dans un contexte social tendu que le parc d’attractions, qui soufflait ses trente bougies en 2022, a ouvert ses portes. Au petit matin, ils étaient plusieurs centaines à défiler sur Main Street, devant le Château de la Belle au Bois dormant, lieu de l’habituelle parade des personnages du monde féerique.

Près de 10 % des salariés en grève

Si les stickers des syndicats et les gilets jaunes ont remplacé les costumes de Bernard et Bianca, c’est que les salariés réclament des améliorations de leurs conditions de travail et de rémunérations depuis plusieurs semaines.

Le 23 mai dernier déjà, ils étaient plus de 500 à avoir « débrayé ». Ce mardi, leur nombre s’établit à 1.200 et 1.500 selon les syndicats, 954 selon la direction du parc. Pas une mince affaire pour un parc qui compte 17.000 salariés.



La première de leur revendication touche aux horaires adaptés. Mis en place en 2020, ce système permet à la direction du parc d’organiser et de modifier les plannings des employés en fonction des besoins. Une hyperflexibilité que subissent les employés selon Ahmed Masrour, délégué syndical UNSA : « C’est une véritable souffrance. On se déplace parfois pour quelques heures, souvent en décalé, avec des horaires différents d’un jour à l’autre. » « Un désastre pour la santé comme pour la vie de famille », abonde Fabien Beiersdorff, secrétaire général de la CGT Disney.

Les propositions de la direction du parc trop loin des revendications

L’autre pan des revendications est d’ordre financier. Une augmentation de 200 euros net mensuels, le doublement de la paie les dimanches et la revalorisation des indemnités kilométriques. « Nous demandons que ces dernières soient elles aussi doublées », explique Fabien Beiersdorff.

Des demandes qui ont été refusées par la direction lors d’une rencontre exceptionnelle entre la direction et les organisations syndicales vendredi dernier comme l’explique Ahmed Masrour : « Tout ce qu’ils nous proposent, c’est une prime de 125 euros et une avance sur notre 13e mois. C’est complètement hors-sol. »

Une proposition confirmée à 20 Minutes par la Direction du parc qui assure « maintenir le dialogue ». Elle ajoute à cette « mensualisation du 13e mois », que les grévistes se sont vus proposer de monétiser des jours de repos et des heures supplémentaires qui s’ajouteraient à la prime d’intéressement versée en deux fois 500 euros brut en novembre et janvier dernier.

2,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022

Des offres à ajouter aux « efforts » consentis en 2022 : « un éventail de mesures qui a permis d’augmenter les coefficients de salaires et de primes les plus bas », ce qui aurait généré une « augmentation de salaire de 9 % pour 82 % des salariés ». A cela, elle ajoute un gel des prix de la restauration pour les salariés « malgré l’augmentation des coûts des matières premières avec l’inflation ».

« Des mesurettes, réagit Ahmed Masrour, ils se moquent de nous. D’un côté ils nous proposent juste de vendre nos congés de l’autre, ils avancent l’inflation qu’ils refusent justement de nous compenser. » Car les améliorations de 2022 sont submergées par l’inflation selon Fabien Beiersdorff : « Il s’agissait de rattraper un retard sur les années précédentes. Depuis, notre pouvoir d’achat a encore fondu. »

Une incongruité pour les salariés du parc qui a réalisé un bénéfice d’exploitation de 47 millions d’euros en 2022, pour un chiffre d’affaires record de 2,4 milliards d’euros.

L’été du parc en jeu

Aussi, les grévistes demandent d’urgence l’ouverture de nouvelles négociations. Des négociations d’entreprise toujours prévue à la fin de l’année comme nous le confirme la direction. « Alors ils auront de nouvelles mobilisations », répond Fabien Beiersdorff qui envisage une nouvelle journée de mobilisation ce jeudi.

Mais cette difficulté de communication entre les deux camps pourrait entacher l’image de Disneyland. Car si la direction assure que la mobilisation « n’impacte pas le bon fonctionnement du parc » qui a reçu 15 millions de visiteurs en 2022, le son de cloche est différent du côté des syndicats qui assurent qu’ils ne lâcheront rien « tant que la direction générale reste sourde et insensible au quotidien des familles et à la vie privée et professionnelle des salariés ».

Quelle suite au mouvement ?

« Les salariés en grève viennent de tous les métiers du parc : Sécurité, boutiques, restauration, stocks, animation, etc. », détaille Ahmed Masrour. « Le nombre de grévistes grandit d’heure en heure, constate Fabien Beiersdorff avant d’ajouter, on verra si cela n’aura pas d’impact quand les visiteurs seront accueillis tous les jours par nos revendications. »


Même la CFTC a déclaré, dans un communiqué, « soutenir ces mouvements de contestations des salariés au sein de l’entreprise ». Des mouvements dont la suite sera décidée ce mardi soir lors d’une assemblée générale exceptionnelle. Seule certitude, tous les syndicats sont déterminés à poursuivre leurs revendications selon Ahmed Masrour : « Nous pouvons nous mobiliser tous les jours de l’été s’il le faut. » Les prochains visiteurs peuvent donc s’attendre à assister à une nouvelle attraction des plus originales cet été.