Des collégiens inventent un système pour charger nos smartphones avec les mouvements du corps
REPORTAGE Des élèves du collège Moulin des Près à Paris ont inventé « Amstrong », un système qui permet de recharger une batterie de téléphone portable grâce aux mouvements du corps, dans le cadre d’un concours
- Samsung Electronics France et Entreprendre pour Apprendre organisent la deuxième édition de Solve for Tomorrow, un concours destiné aux élèves de lycée et collège pour leur apprendre à développer des projets en s’appuyant sur les sciences et la technologie.
- Parmi les cinq finalistes qui viendront se présenter au jury présidé par Jacques Attali ce mercredi, 29 élèves du collège Moulin des Près à Paris.
- Ils dévoileront « Amstrong », un système qui transforme l’énergie produite par les mouvements du corps en courant capable de recharger des petits appareils mobiles.
« Notre système se présente en trois dimensions. Sur le plan économique, il permet de réduire de 300 millions d’euros la facture des Français. Pour l’environnement, c’est une économie en CO2 équivalente à 9,2 millions de voitures, qui permet de supprimer les chargeurs de téléphone qui ont une consommation fantôme équivalente à 5 milliards d’ampoules LED de 10 watts. Enfin, notre système, qui coûtera entre 10 et 30 euros, sera accessible à tous… Il est vivable, équitable, et viable ».
En lisant ces mots, on pourrait s’imaginer qu’il s’agit d’un représentant d’une multinationale, venu vanter son produit aux géants de ce monde. Mais en face de nous, prononçant ce discours très séduisant qu’elle débite par contre à la vitesse d’une mitraillette, se tient Inès, 14 ans, en 3e au collège Moulin des Près à Paris. Sa classe participe au concours Solve for Tomorrow 2023, organisé auprès de 1.089 élèves par la fédération d’association Entreprendre Pour Apprendre et l’un des leaders de l’électronique, Samsung. Et pas question de chômer pour Inès et ses camarades, car leur projet a été sélectionné pour la finale qui se tient le lendemain, mercredi 24 mai. Trois axes étaient donnés cette année aux lycées et collèges, autour de l’inclusion sociale, la consommation d’énergie et le recyclage.
Brainstorming
« Je veux des gens sur la découpe laser. Les autres je veux que vous alliez sur les PC et on refait la simulation avec l’anneau », lance le professeur de technologie Lahcene Lahmiani, tel un chef d’orchestre. Aussitôt, les ados en jogging ou jeans baskets vont rejoindre leurs postes et allument les écrans, ou se saisissent d’outils.
Ce sont 29 élèves qui ont travaillé pendant des mois autour du projet « Amstrong », un système qui transforme l’énergie produite par les mouvements du corps en courant capable de recharger des petits appareils mobiles, par l’intermédiaire d’un petit boîtier. « Le smartphone c’est l’appareil qui leur parle le plus. Manon a proposé au départ de créer des chaussures pour créer du courant pour charger un téléphone, on a fait un brainstorming et on a mis toutes les idées ensemble, et c’est là qu’est née cette idée », explique l’enseignant.
Induction électromagnétique
Les élèves ont utilisé pour arriver à ce résultat la méthode du design thinking, processus d’innovation basé sur l’usage, grâce à une mentor de Samsung qui les a aidés dans cette voie. « Ils ont interviewé leur famille, leurs proches, ou des clients de smartphones et se sont aperçus que les gens chargent leur téléphone à 100 % pour pouvoir l’utiliser toute la journée, mais que les gens ont la mauvaise habitude de le laisser charger toute la nuit »… ce qui consomme beaucoup d’énergie, explique le professeur.
Zakaria, 14 ans, prend le relais pour les explications techniques, avec une aisance remarquable. Il fait partie du groupe qui doit aller défendre le projet à l’oral devant le jury présidé par Jacques Attali, cet homme-orchestre à la fois penseur, musicien, chef d’entreprise, conseiller des politiques et aussi président de Positive Planet, une ONG qui lutte contre la précarité à travers l’entrepreneuriat. « Cela repose sur le phénomène d’induction électromagnétique : c’est une variation du flux du champ magnétique dans une bobine de fil de cuivre. Pour faire varier ce champ, il va falloir le rapprocher puis l’éloigner de la bobine, ça crée une variation et donc du courant », explique Zakaria, qui montre l’objet encore sous forme de prototype.
Un logo, des tee-shirts
Impossible de dire combien d’énergie peut générer « Amstrong », et s’il sera effectivement capable de maintenir une batterie de portable en l’état avec les seuls mouvements d’un humain tout au long d’une journée. Mais l’enseignant se veut optimiste, il espère bien que l’idée de sa classe permettra à l’humanité de se passer de chargeur. Les élèves, elles et eux, se sont investis à fond, à raison d’une heure trente par semaine sur les cours de technologie et beaucoup d’heures sup dans les dernières semaines. Ils et elles ont même inventé un logo, imprimé sur des tee-shirts qui seront portés par la classe le jour de la finale.
« En 3e en technologie, la ligne directrice c’est la démarche de projet, et avec ce concours extérieur, c’était une opportunité de donner encore plus de sens à mon cours », explique Lahcene Lahmiani. D’autant que les projets qui tapent dans l’œil de Samsung ont une chance ensuite d’être accompagnés jusqu’au bout. Réponse ce mercredi, vers 17 heures.