Île-de-France : Remballez vos œufs de poules domestiques, la région est trop polluée
COT, COT, COT Une étude de l’Agence régionale de santé sur 25 poulaillers domestiques de la région a fait ressortir des taux de PCB 40 à 50 fois supérieurs aux seuils réglementaires européens pour les œufs commercialisés
Dioxines, furanes et PCB : le territoire francilien est imprégné de polluants, et pas seulement aux abords des incinérateurs de déchets, révèlent les premiers résultats d’une étude de l’Agence régionale de santé (ARS). A tel point que l’agence recommande dans un communiqué aux personnes qui ont des poules domestiques de ne plus consommer leurs œufs.
L’étude, conduite suite à une alerte en 2022 sur la concentration de dioxines dans des œufs non commercialisés près de l’incinérateur d’ordures ménagères situé à Ivry, a consisté à analyser 25 poulaillers domestiques du territoire, dont 14 situés à proximité des trois principaux incinérateurs de déchets autour de Paris (Ivry-sur-Seine, Issy-Les-Moulineaux, Saint-Ouen) et 11 qui en sont éloignés. Surprise : non seulement l’ensemble des prélèvements de sols et d’œufs présentent des contaminations, mais aussi deux sites éloignés de plus de 3 km de tout incinérateur présentent des taux explosifs.
Des taux 40 à 50 fois supérieurs aux normes
Sur ces deux sites, le taux de PCB est 40 à 50 fois supérieur aux seuils réglementaires européens pour les œufs commercialisés. « L’ARS rappelle que la consommation régulière d’aliments contaminés par des dioxines et des PCB entraîne une imprégnation progressive de l’organisme qui peut avoir des effets sur la santé à long terme, comme une augmentation du risque de cancer, de troubles de la fertilité et de la grossesse, d’effets métaboliques comme le diabète et des effets perturbateurs endocriniens. Il n’existe aucun traitement pour éliminer ces substances de l’organisme », avertit l’agence dans ce communiqué.
Les dioxines et furanes sont des sous-produits indésirables de la combustion des déchets, rappelle l’ARS, tandis que les PCB, dont la production est désormais interdite en France, étaient surtout utilisés pour fabriquer des isolants, des lubrifiants, de la peinture, des huiles ou encore des adhésifs.
« Cette étude doit être élargie à toute l’Ile-de-France »
Les propriétaires des deux poulaillers concernés ont été informés du danger, ainsi que tous les autres. Pas de panique, en revanche, si vous consommez des œufs du commerce labellisés Ile-de-France. Ceux-ci font l’objet de contrôles réguliers, rappelle l’agence, qui préconise, « dans l’attente de l’analyse définitive », de ne plus consommer d’œufs ni de produits animaux de production domestique non contrôlée « sur l’ensemble de la région francilienne ».
Dans un communiqué de presse, le pole écologiste de la région Ile-de-France a réagi en esimant que « la responsabilité des pouvoirs publics impose, non pas d’affoler les populations, alors même que l’étude engagée n’est pas encore terminée, mais bien de faire œuvre de transparence ». « Pour être pertinente, cette étude doit être élargie à toute l’Ile-de-France, poursuit le communiqué. L’enjeu est de protéger efficacement les habitant·es en s’attaquant aux causes, avec notamment des objectifs clairs de décroissance de l’incinération, et de les accompagner en leur donnant, ainsi qu’aux entreprises et associations, les moyens d’auto-analyser leurs jardins et leurs productions. On est très loin du compte. »
« Règlementation stricte »
Pour le Syctom, qui gère trois usines franciliennes de traitement des déchets, l'étude de l'ARS démontre au contraire «l'absence de lien avéré entre l'incinération et la contamination des oeufs des poulaillers domestiques» puisque l'ensemble des prélèvements sont contaminés, y compris des zones distantes de 3 kilomètres.
Située au sud-est de Paris, l'usine d'Ivry est «soumise à une règlementation stricte de ses rejets, dont les dioxines» et «les valeurs mesurées en sortie de cheminée sont systématiquement inférieures ou très inférieures aux valeurs limites règlementaires», souligne ce syndicat métropolitain.