Réforme des retraites : Pour Louis Boyard, le blocage des facs par la jeunesse, « c’est la clé pour faire plier Macron »

Politique En lançant son hashtag #BlocusChallenge sur Twitter, le député incite les jeunes à bloquer leur établissement scolaire pour protester contre la réforme des retraites

Mathilde Desgranges
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Le député LFI Louis Boyard (Illustration).
Le député LFI Louis Boyard (Illustration). — Chang Martin/SIPA
  • Louis Boyard, député du Val-de-Marne et plus jeune député de métropole, lance son #BlocusChallenge pour inciter les jeunes à se mobiliser.
  • Dans le débat sur la réforme des retraites, la mobilisation des jeunes est « la clé pour gagner et faire plier Macron », estime-t-il.
  • Celui qui refusait d’être ramené à son âge, au début de son mandat, en fait désormais un argument politique pour amener la jeunesse à se mobiliser en politique.

A quelques jours de la grande mobilisation contre la réforme des retraites, Louis Boyard lance son #BlocusChallenge pour inciter les jeunes à se mobiliser. De visite jeudi dernier dans une université d’Amiens, puis en live sur Twitch samedi, le député LFI du Val-de-Marne ne cesse de les inciter à prendre part à la mobilisation. Celui qui refusait d’être ramené à son âge, au début de son mandat, en fait désormais un argument politique pour amener la jeunesse à se mobiliser en politique.

« Les jeunes n’ont jamais été aussi politisés, parce qu’ils sont connectés et ont accès à énormément d’informations, estime-t-il auprès de 20 minutes, assis à la terrasse du Café Bourbon la semaine passée. Mais ils restent déconnectés des institutions politiques. » Et Louis Boyard compte bien les conquérir. « Ils sont la clé pour gagner, et faire plier Macron » sur la réforme des retraites, confie-t-il, en gardant les yeux rivés sur l’écran de son téléphone entre chaque réponse. Comme une caricature de la jeunesse qu’il incarne.

Quelques semaines après son clash avec Cyril Hanouna sur TPMP, et quelques jours après que ses données personnelles ont été divulguées, entraînant des menaces à son encontre, le député se montre inébranlable. Venu pour « casser les codes, et faire de la politique autrement », il se dit prêt à « prendre des coups au passage ». Son dernier coup d’éclat lui a tout de même valu d’être recadré par la présidente de l’Assemblée nationale, qui a rappelé sur Twitter que « la politique n’est pas un challenge TikTok ». En charge des lycées, en sa qualité de présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse a même porté plainte pour « incitation au délit d’entrave et incitation à la violence ». 

« A ce rythme-là, on va partir à la retraite à 98 ans »

Dès la rentrée universitaire, l’ancien président de l’Union nationale lycéenne a entrepris de rester proche des étudiants en lançant sa « tournée des facs ». Initiée pour rester à leur écoute, et leur faire part du projet d’allocation autonomie, cette tournée est devenue l’occasion de parler politique aux jeunes. En six mois, il s’est rendu dans une vingtaine d’universités à travers la France, remplissant des amphis de 500 à 600 places. Rapidement rejoint par d’autres députés, dernièrement par François Ruffin, il interpelle les jeunes sur leur pouvoir d’achat, le réchauffement climatique ou encore le sujet des retraites.

« A ce rythme-là, on va partir à la retraite à 98 ans », leur assurait-il au cours des dernières conférences. « Bloquez tout », « vous êtes légitimes à dire non », leur répète-t-il également, avec son franc-parler habituel. Comme une manière de les inciter à marcher dans ses pas. A 16 ans, Louis Boyard conduit son premier combat politique en « menant avec brio le blocus dans son lycée », selon un ancien responsable de l’Union nationale lycéenne (UNL). Un blocage qui a duré six mois, jusqu’à ce que la région Ile-de-France consente à reconstruire l’établissement dans lequel on avait découvert de l’amiante.

« On avait fait ça avec les copains », commente-t-il comme si de rien n'était. C’est pourtant grâce à cette victoire que Louis Boyard à commencé à se faire un nom. Un responsable de l’UNL l’a remarqué, puis contacté. « Des lycéens qui se mobilisent, il n’y en a pas tant que cela, explique ce dernier. Quand on voit un profil comme celui de Louis se démarquer, on lui donne des responsabilités. » Le député raconte qu’il « [lui] a parlé de la réforme de Parcoursup, des inégalités que cela entraînerait. Et il m’a dit : “Bats-toi.” Tout part de là. »



C’est désormais en tant que député, et certainement avec un brin de nostalgie, que l’ancien président de l’UNL accompagne des lycéens dans leur blocus. Ce mardi, pour la mobilisation contre la réforme des retraites, il « s’attend à ce que tous les lycées et toutes les universités soient bloqués […]. C’est pourquoi [il] lance le hashtag #BlocusChallenge : postez vos plus belles photos de blocus de lycée et d’université », indique-t-il sur Twitter ce dimanche. Parmi les photos postées, l’une d’entre elles sera tirée au sort et ses auteurs seront invités à visiter l’Assemblée nationale en sa compagnie.

« Une caisse de résonance médiatique » sur les réseaux

« Quand je vais à la rencontre des jeunes, dans les lycées ou dans les facs, certains me disent qu’ils me connaissent de TikTok ou de Twitter », s’amuse le député. Louis Boyard ne fait pas seulement du bruit dans l’hémicycle et sur les plateaux télé, ses interventions sont aussi particulièrement virales sur les réseaux sociaux. « Avant le début de sa campagne pour les élections législatives, il avait déjà 40.000 abonnés et pas mal de visibilité », rappelle son meilleur ami Lilian. Six mois après son élection, il a dix fois plus d’abonnés sur TikTok, le réseau le plus populaire chez les jeunes. Certaines de ses vidéos cumulent plusieurs millions de vues.

« Les jeunes ne viennent pas à la politique. Alors il faut que la politique vienne à eux, en adoptant leurs codes », assure le député. D’autant que « Louis a cette facilité d’être en plein dans cette génération que les politiques cherchent à atteindre », selon son attaché parlementaire, Ismaël. Le qualifiant de « caisse de résonance médiatique », son entourage lui reconnaît une propension à donner de la visibilité aux causes qu’il défend. « Il fait un bon porte-parole des mobilisations syndicales, et réussit à apporter un contre-discours massif sur les réseaux », estime son ancien camarade de l’UNL.


Mais ses méthodes ne font pas consensus, même au sein de la Nupes. « Il est député, pas leader syndical, nuance un élu socialiste. Il faut voir ce qu’il propose de concret, derrière les coups de gueule. » Ce dernier le considère comme un « rouleur de mécanique », qui se complaît à faire parler de lui. Son ami Lilian dirait plutôt que « c’est un peu un petit Mélenchon », version 2.0. Les deux hommes étaient ensemble à la tribune vendredi dernier, pour un dernier meeting de chauffe avant le grand jour, et JLM n’a pas manqué de caresser l’ego de son dernier héritier : « Je suis très admiratif de la campagne qu’il a menée ». A voir où va la mener celle qui pourrait commencer dans les campus du pays.