Manque d’espaces verts, pollution sonore, propreté… Ce qui préoccupe les Parisiens

INFO 20 MINUTES La Mairie de Paris dévoile ce mercredi les résultats des « Dialogues parisiens », sa grande consultation lancée à l’automne dernier autour d’une simple question « Comment bien vivre à Paris demain ? »

Guillaume Novello
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Les Parisiens étaient invités à formuler des propositions sur comment mieux vivre à Paris.
Les Parisiens étaient invités à formuler des propositions sur comment mieux vivre à Paris. — Arnaud Andrieu/SIPA
  • A l’automne, la Mairie de Paris a lancé une vaste consultation à destination des Parisiens et Parisiennes, avec l’appui de la plateforme Make.org, pour répondre à une question simple : « Comment bien vivre à Paris demain ? ».
  • Ce mercredi, la municipalité dévoile les résultats de ces « Dialogues parisiens » qui ont fait émerger 18 « priorités », parmi lesquelles on trouve la régulation des mobilités, la végétalisation de l’espace public, ou encore la préservation du mobilier urbain.
  • « Le but était de laisser les Parisiens s’exprimer et qu’ils donnent leur avis sur leurs propres propositions », résume Emmanuel Grégoire, le premier adjoint à la maire de Paris.

Paris divisé, mais Paris réconcilié ? Peut-être. C’est en tout cas un des objectifs des « Dialogues parisiens » lancés début octobre par la Mairie de Paris en collaboration avec la plate-forme Make.org. La consultation, très ouverte puisqu’il s’agissait de répondre à la question « Comment bien vivre à Paris demain ? », s’est achevée fin novembre et ce mercredi sont dévoilés les résultats de ces Dialogues, que 20 Minutes a pu consulter en avant-première.

En tout, 114.911 personnes ont participé à cette consultation de grande envergure avec 10.160 idées déposées. Chaque idée était ensuite soumise au vote des participants avec un total de 2,5 millions de votes. Après analyse, 18 « priorités » ont émergé, indique la Mairie de Paris, qui les a regroupées en six grands thèmes, les « conversations ». Parmi les priorités, on trouve la régulation des mobilités, la végétalisation de l’espace public, la lutte contre la pollution sonore des véhicules, l’amélioration de la propreté ou encore la préservation du mobilier urbain.

Un pacte de gouvernance

« Le but était de laisser les Parisiens s’exprimer et qu’ils donnent leur avis sur leurs propres propositions », résume Emmanuel Grégoire, le premier adjoint à la maire de Paris. « Cette démarche s’inscrit dans un vrai pacte de gouvernance avec les citoyens, enchérit Anouch Toranian, adjointe en charge de participation citoyenne. Elle n’est pas inédite puisque nous sollicitons déjà l’avis des Parisiens, par exemple sur le budget participatif, mais ça permet de connaître leurs attentes et de se rendre compte qu’on n’est pas à côté de la plaque. »

L’aspect inédit vient de la méthode utilisée par Make.org qui est parvenu, par des méthodes de ciblages de publics potentiels à obtenir un panel plutôt représentatif avec une relative égalité des sexes (51 % femmes contre 49 % hommes), une homogénéité par tranche d’âges et par arrondissements. « Il fallait que ce soit un vrai café des Parisiens et pas un café du commerce », formule Emmanuel Grégoire. « Il y a eu des trolls pour ou contre, qu’on a rapidement neutralisés, explique Axel Dauchez, président de Make.org. Les gens ont été hyperconstructifs. La charte de modération était très stricte mais on a eu un taux de modération assez faible. »

« Un outil de réconciliation des Parisiens »

Le fonctionnement de la consultation qui soumettait plusieurs propositions diverses au vote des participants avait aussi pour but de dégager des consensus. « C’est un outil de réconciliation des Parisiens », assume Emmanuel Grégoire. « Ce qui est intéressant, c’est que sur les points de convergence, on a des divergences sous-jacentes et que sur les points de divergences, on a des consensus sous-jacents », remarque Axel Dauchez, ce qui lui fait dire que « c’est là où se reconstruit l’action publique ». Par exemple, tout le monde est pour « mieux sécuriser la circulation des trottinettes, vélos et deux roues », mais on s’oppose sur les moyens pour y parvenir. Faut-il les interdire ? Ou augmenter l’espace de la chaussée qui leur est dédiée, au détriment de la voiture ? De même, un consensus se dégage sur l’aide aux SDF mais la question des migrants divise alors que certains d’entre eux dorment à la rue.



« Cette appropriation des sujets par les Parisiens nous engage et nous allons répondre à ces 18 priorités », annonce Anouch Toranian qui espère que la deuxième session de l’Assemblée citoyenne de Paris s’emparera également de ces sujets. « Sur la question de la régulation des mobilités, nous avons déjà annoncé l’instauration d’un Code de la rue », indique Emmanuel Grégoire. D’ailleurs au sujet des trottinettes électriques en libre-service, « il y avait des très pour et des très contre, ajoute le premier adjoint. Et l’analyse des Dialogues nous a poussés à solliciter l’avis des Parisiens via la consultation du dimanche 2 avril. »

Une deuxième réponse aux attentes des Parisiens interviendra avec l’annonce prochaine d’un programme d’accélération des investissements. « La ville génère du stress, surtout depuis la crise du Covid-19, analyse Emmanuel Grégoire. C’est à nous de corriger les effets pervers du vivre en ville et les Dialogues parisiens sont, en plus d’être une base de données extrêmement riche et un outil de mesure de l’opinion, une aide à la décision. » « Ça nous engage à rendre des comptes, répète Anouch Toranian. Et cela va impacter l’action municipale. » Les élus se savent attendus au tournant de la démocratie participative.