Île-de-France : Près de 8.000 décès liés à la pollution pourraient être évites

Qualité de l’air La pollution de l’air est responsable de près de 1 décès sur 10 en Île-de-France selon Airparif

A.L.
Le 23 juillet 2018, à Paris. Vue panoramique depuis le belvédère de Belleville lors d'un pic de pollution, à 21 heures juste après le coucher du soleil. A droite, la tour Eiffel; plus à gauche, on distingue le dôme des Invalides.
Le 23 juillet 2018, à Paris. Vue panoramique depuis le belvédère de Belleville lors d'un pic de pollution, à 21 heures juste après le coucher du soleil. A droite, la tour Eiffel; plus à gauche, on distingue le dôme des Invalides. — Clément Follain

Des milliers de morts dont on pourrait se passer. C’est la conclusion d’un rapport publié en 2022 par L’Observatoire Régional de Santé Île-de-France (ORS) et Airparif, que l’organisation francilienne de mesure de la pollution a de nouveau évoqué dans une conférence de presse de bilan de l’année ce mardi 7 février.

En 2019, selon ces organisations, la mortalité liée à la pollution de l’air a été évaluée à 7.920 décès prématurés. Dans le détail, il s’agit de 6.220 morts liées aux particules fines, 3.680 morts liés au dioxyde d’azote et 1.700 morts liées à l’ozone. Mais une partie de ces décès se recoupent, ce qui aboutit au chiffre de 7.920 (avec une grande marge d’incertitude, la fourchette maximale étant évaluée à plus de 13.000 décès).

La totalité de la population francilienne exposée

Pourtant, si les nouvelles recommandations de l’Organisation mondiale de la santé étaient suivies, ces morts seraient évitées. En 2021, l’organisation mondiale a abaissé ses seuils de référence, que la pollution atmosphérique a des effets néfastes sur la santé à des concentrations encore plus faibles que ce qui était admis jusqu’alors. En prenant en compte ces nouveaux seuils, c’est la totalité de la population francilienne qui est exposée à des niveaux de pollution trop élevés en ozone et en particules fines PM2,5.

Comment se font ces calculs ? « On peut rarement lier un décès directement à la pollution de l’air. On va regarder dans une région donnée l’impact de la pollution de l’air sur la santé en corrélant les niveaux de pollution de l’air, et on voit des niveaux d’espérance de vie différents. On constate que plus le niveau d’ozone, de particules fines et de pollution de l’air est grand, plus l’impact sur la santé est grand. A partir de ces études on a des doses réponses, on sait qu’à 15 microgrammes, par exemple, on a tel impact. Et ensuite on évalue le niveau de pollution dans une région », explique Antoine Trouche, ingénieur à Airparif chargé de la médiation scientifique.



La ZFE a déjà des effets sur la santé

La situation s’est certes améliorée : entre 2010 et 2019, le nombre de décès attribuables à l’exposition prolongée aux PM2.5 a baissé de 40 %. La mise en place de la Zone à faibles émissions (ZFE) de la métropole du Grand Paris, et notamment l'interdiction des véhicules Crit’Air 5 et Crit'Air 4 en juin 2021, à permis d'éviter 50 décès prématurés et 500 cas d'asthme, selon Airparif. 

Mais un décès sur dix reste toujours attribuable à la pollution de l’air en Ile-de-France. Et l’ensemble des Franciliens et Franciliennes perd en moyenne 8 mois d’espérance de vie (contre 16 mois en 2010), la pollution de l’air étant responsable de pathologies chroniques graves, en particulier de maladies cardiovasculaires, respiratoires et de cancers.