Paris : La société Streeteo et ses deux patrons jugés pour escroquerie après des milliers de contrôles fictifs
PROCES Ils sont également accusés d’avoir délivré des milliers d’amendes de stationnement illégales aux automobilistes parisiens
La gestion du stationnement à Paris par des sociétés privées n’est pas un long fleuve tranquille et a très mal démarré. En 2018, peu de temps après avoir récupéré une partie du marché parisien des « forfaits post-stationnement » (FPS), nouveau nom pour désigner les amendes de stationnement, la société Streeteo est accusée de fraudes. Cinq ans plus tard s’ouvre à Paris, ce jeudi, le procès de cette entreprise, filiale du gestionnaire de parkings Indigo, et de ses deux patrons jugés pour escroquerie.
Retour en 2018 et plus précisément le 1er janvier : à cette date, les quelque 140.000 places de stationnement dans la capitale ont été confiées à deux gestionnaires privés, parmi lesquels la société Streeteo. La raison ? Lutter plus efficacement contre les fraudeurs et assurer un taux de recouvrement des amendes plus élevé. Mais dès le mois de mars 2018, Le Canard enchaîné révèle que Streeteo aurait effectué des milliers de contrôles fictifs.
Une fraude d’ampleur
Dans la foulée, l’entreprise diligente une enquête interne, notamment pour savoir si ces PV ont été dressés par des agents assermentés, condition sine qua non pour délivrer une amende, et si les contrôles n’avaient pas été orchestrés depuis leur bureau, pour respecter le cahier des charges de la mairie de Paris. En parallèle, quinze jours après la révélation de l’affaire, le parquet de Paris ouvre une enquête pour faux et escroquerie, menée par les policiers spécialisés de la brigade de répression astucieuse (BRDA). À ce moment, Streeteo estime qu’il s’agit de « comportements individuels ».
Depuis l’enquête a mis au jour une vaste affaire d’escroquerie, comme le révélait Le Monde en avril 2018, avec une fraude d’ampleur et « près de 5 000 » amendes infligées par des agents non assermentés, selon Christophe Najdovski, alors adjoint aux transports à la mairie de Paris. Streeteo a depuis traversé plusieurs tempêtes, dont la révélation en octobre de la même année par Envoyé Spécial d’un surmenage général des équipes et de conditions de travail, qui mènent à un turnover très important des agents, autour de 30 %. Mais la mairie de Paris, malgré sa plainte, n’a pas rompu son contrat avec la filiale d’Indigo.
L’audience doit débuter à 13h30.