Ile-de-France : Les pistes pour éviter une hausse du pass Navigo
TRANSPORTS « Cette hausse peut faire péter le couvercle », s’inquiète le sénateur du Val-de-Marne Pascal Savoldelli
- Alors que se profile une hausse importante du pass Navigo pour les Franciliens et Franciliennes, 20 Minutes a recueilli des propositions d’élus de gauche et de droite pour limiter cette hausse.
- L’une des options sur la table est celle d’une annulation ou d’un report du remboursement lié à la dette Covid.
- Autre solution envisagée à gauche : suspendre la privatisation, qui allégerait mécaniquement les comptes de 4,9 milliards d’euros.
Le Sénat a refusé la semaine dernière d’augmenter le versement mobilité, cette contribution des entreprises qui aurait pu permettre de limiter, voire d’annuler, la hausse à venir du pass Navigo. Alors quelles sont les pistes à venir pour éviter une trop forte hausse ?
La première, et celle qui a le plus de chances de passer, est celle d’une annulation ou d’un report du remboursement lié à la dette Covid. La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse avait promis pendant la crise sanitaire que « la crise du Covid ne coûterait rien aux usagers », se félicitant d’un accord « historique » avec l’Etat. Sauf que l’argent apporté par l’Etat devra être remboursé. Or, avec la crise de l’énergie, ce remboursement s’est compliqué…
Annuler le remboursement lié au Covid
« L’Etat est intervenu massivement sur l’essence et les transports privés, et pour les transports publics, pour 6 à 7 millions d’usagers tous les jours en Île-de-France, il ne pourrait pas reprendre la responsabilité d’un certain nombre de choses ? » a plaidé en séance au Sénat la semaine dernière Roger Karoutchi, sénateur (DVD) des Hauts-de-Seine. Même point de vue du côté de la gauche communiste au Conseil régional : « Il faut renégocier l’accord sur l’avance de trésorerie pour annuler les 130 millions de dettes pour 2023, et la même chose pour 2024 et 2025 », plaide Céline Malaisé, qui préside le groupe.
C’est la solution qui semble la moins rejetée par le gouvernement. « La question des avances remboursables a été posée par le rapporteur général, vous ne m’avez pas entendu dire que je ne voulais pas en discuter » a expliqué en séance Gabriel Attal, Ministre de l’Action et des Comptes publics. « Nous tendons la main, l’État, pour continuer d’accompagner la région, regarder avec elle s’il y a des difficultés pour essayer de faire en sorte que l’augmentation des prix des billets de transport en Île-de-France ne pèse pas sur le pouvoir d’achat des ménages et notamment des classes moyennes qui travaillent », a affirmé ce mardi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.
Suspendre la privatisation
Jonathan Kienzlen, leader des élus socialistes, est lui favorable à une « taxe sur la plus-value » autour des futures gares du Grand Paris Express. Jean-Baptiste Pegeon (EELV) préfère une taxe sur les panneaux publicitaires qui ferait contribuer les « entreprises les mieux dotées ». Autre solution envisagée à gauche : suspendre la privatisation, qui allégerait mécaniquement les comptes de 4,9 milliards d’euros, selon Céline Malaisé. Ou encore inciter les entreprises à rembourser une plus forte partie du pass Navigo - actuellement elles ne sont tenues de le faire qu’à hauteur de 50 % - en leur proposant une « exonération des cotisations sociales pour les sommes au-delà de 50 % ».
En l’absence d’un accord, le pass Navigo devrait atteindre les 90 euros, soit à l’année, 990 euros. « C’est un mois de salaire mensuel d’une caissière, pour simplement se déplacer, vous imaginez le taux d’acceptabilité d’une telle mesure ? » s’inquiète Fabien Guillaud Bataille, conseiller régional communiste.
Vers une forte contestation sociale ?
Une augmentation qui fait craindre au sénateur du Val-de-Marne (PCF) Pascal Savoldelli une véritable révolte des usagers et usagères. « Cette hausse peut faire péter le couvercle, parce que ce n’est pas acceptable. On ne peut pas avoir d’un côté une dégradation du service et de l’autre une hausse comme celle-ci. Pour chercher du travail il ne faut pas seulement changer de trottoir, il faut utiliser les transports… »
D’autant que, selon l’adjoint aux transports de la Mairie de Paris Jacques Baudrier (PCF), également administrateur d’IDFM, même cette augmentation ne suffira pas : « Ce qui se profile pour d’ici six mois à neuf mois c’est un pass Navigo à 110 euros. Il faut au minimum un milliard d’euros tout de suite. »