Trottinettes électriques à Paris : Dott, Lime et Tier veulent éviter la sortie de route

libre-service Les trois opérateurs de trottinettes en libre-service ont organisé ce jeudi matin une conférence de presse alors que la Mairie de Paris réfléchit à ne pas renouveler la concession qui arrive à échéance en février 2023

Guillaume Novello
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Les trois opérateurs de trottinettes électriques en libre-service font front commun pour défendre leur service face à la mairie de Paris.
Les trois opérateurs de trottinettes électriques en libre-service font front commun pour défendre leur service face à la mairie de Paris. — G. Novello
  • Alors que la Mairie de Paris réfléchit à reconduire ou non la concession accordée à trois opérateurs de trottinettes électriques en libre-service, ceux-ci organisent leur défense.
  • Ainsi Dott, Lime et Tier ont organisé ce jeudi matin une conférence de presse où ils ont défendu leur activité et assuré que leur service était loin d’être aussi dangereux qu’il paraissait.
  • Les trois opérateurs ont également dévoilé les onze mesures qu’ils ont adressées à la Mairie de Paris, parmi lesquelles la vérification de la majorité de l’utilisateur.

C’est l’union sacrée ! Alors certes l’expression est galvaudée, mais concernant les opérateurs de trottinettes électriques en libre-service à Paris, elle s’applique à merveille. Pour preuve, ils sont allés jusqu’à partager les mêmes slides lors de la conférence de presse tenue ce jeudi matin ! Il faut dire que l’heure est grave. Fin septembre, la Mairie de Paris a convoqué les trois opérateurs, Dott, Lime et Tier pour leur adresser un quasi-ultimatum : vous avez un mois pour trouver des solutions pour améliorer la sécurité et l’occupation des rues. Avec la menace du non-renouvellement de la concession qui arrive à échéance en février 2023.

Face au danger, le tocsin a sonné et les opérateurs se sont groupés. Ils ont ensuite, dans les temps, adressé à la Mairie un programme commun comprenant onze mesures mais sans retour depuis, affirment-ils. Tout juste David Belliard, l’adjoint à la Voirie, s’est exprimé dans plusieurs médias. Et ça n’a pas rassuré les mousquetaires de la micromobilité. Ainsi dans Le Monde du 8 novembre, l’élu écolo déclare ceci : « Ce mode de déplacement n’est pas vertueux, puisqu’il se substitue à la marche. Les accidents ont augmenté de 189 % depuis 2019, et la trottinette génère un climat anxiogène. » On fait mieux comme déclaration d’amour.

Un Américain à Paris

Sentant le vent tourner et avant que la décision de la Mairie ne tombe - il se murmure qu’Anne Hidalgo décidera in fine –, les trois opérateurs ont donc invité la presse pour défendre leur service. Preuve que la situation est prise au sérieux, le PDG américain de Lime, Wayne Ting, a même fait le déplacement, ratant Thanksgiving avec sa famille. Mais c’est Henri Moissinac, cofondateur et PDG de Dott qui a ouvert le bal en balançant quelques chiffres histoire de « tordre le cou aux fausses infos » et prouver que le service est adopté par les usagers. « En octobre, il y a eu 1,7 million de trajets effectués par 400.000 utilisateurs différents, a-t-il indiqué. Et depuis octobre 2020, on a une hausse de 77 % du nombre de trajets réalisés pour une flotte de trottinettes restée inchangée. »

Surtout, Henri Moissinac a assuré que parmi les 24 utilisateurs tués sur un engin de déplacement personnel motorisé (EDPM), qui comprend les trottinettes électriques mais aussi les monoroues, les gyropodes et les hoverboards, « un seul l’a été sur une trottinette partagée, même si c’est toujours un mort de trop ». Pour lui, « la trottinette électrique en free-floating est le seul véhicule à Paris bridé en vitesse ». Enfin, côté stationnement, « 96 % de nos trottinettes sont garées à la bonne place ».

Contrôle d’identité

Pour prouver leur bonne volonté, le trio a dévoilé son paquet de onze mesures adressé à la Mairie de Paris et indiqué en mettre en application, dès à présent, certaines d’entre elles. « On n’attend pas et on va activer dès lundi la fonctionnalité qui permet de vérifier que l’utilisateur est bien majeur via un contrôle de la carte d’identité, a précisé Alex Souter, président France de Tier Mobility. Et les trottinettes seront dotées d’une plaque d’immatriculation pour que la police puisse identifier l’utilisateur en infraction. » Parmi les autres propositions, on trouve la suspension en cas d’infraction au Code de la route, la proposition de financer une expérimentation de vidéoverbalisation, le développement de technologies de détection des trottoirs ou encore le financement de places de stationnement supplémentaires, qui sont aujourd’hui au nombre de 2.500.

Mais c’est peut-être l’intervention de Wayne Ting qui a été la plus persuasive, flattant, en anglais, le chauvinisme gaulois qui sommeille en nous. « Qui montre le chemin dans la révolution verte des transports ? Paris, a-t-il lancé. Le monde regarde Paris sur la façon dont il a régulé les micromobilités. Nous sommes en train de construire un futur avec moins de voitures et on voudrait abandonner ça et revenir à une époque avec davantage de voitures ? » C’est beau, c’est made in America, mais est-ce que cela suffira à convaincre la Mairie de Paris ? Celle-ci n’avait pas répondu à nos sollicitations à l’heure d'écrire ces lignes.