Crise énergétique : Paris appuie sur l’interrupteur pour les écrans publicitaires
INFO « 20 MINUTES » Les 1.630 panneaux publicitaires de l’entreprise Clear Channel présents dans la capitale seront éteints de 23h45 à 6 heures du matin, dès le 1er décembre
- Un vœu des écologistes doit être adopté en Conseil de Paris ce mercredi après-midi, qui fixe un arrêt des écrans de publicité numérique à 23h45 dès le 1er décembre.
- Un écran de publicité numérique consomme environ 2.000 kWh par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’un ménage, hors chauffage.
- Ces mesures peuvent paraître timides, mais la ville de Paris est dépendante de la législation et des contrats signés avec les opérateurs.
C’est un petit pas, contraint par les publicitaires, mais c’est un pas tout de même. La Ville de Paris s’apprête à voter, ce mercredi après-midi, un texte diminuant le temps des écrans de publicité numérique sur le territoire de la capitale, suite à un vœu des écologistes. Ces dispositions concernent les panneaux publicitaires de l’entreprise Clear Channel, les abris voyageurs, colonnes Morris, et panneaux rétroéclairés sur les kiosques ainsi que les écrans et enseignes lumineuses des locaux commerciaux.
Selon nos informations, les 1.630 panneaux publicitaires de l’entreprise Clear Channel seront éteints de 23h45 à 6 heures du matin, dès le 1er décembre, au lieu d’1 heure à 6 heures du matin à partir du 1er juin 2023, comme le commande le décret gouvernemental du 6 octobre, à la suite du plan de sobriété énergétique du gouvernement. Les abris voyageurs, colonnes Morris, panneaux rétroéclairés sur les kiosques seront pour leur part éteints d’1 heure à 6 heures mais dès le 1er décembre, et non le 1er juin.
La pression sur les commerçants augmente
Un écran de publicité numérique consomme environ 2.000 kWh par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’un ménage, hors chauffage. En plein effort national de sobriété, le chiffre a paru une aberration aux écologistes parisiens, qui ont fait pression sur l’exécutif. « Il y aura un impact dès cet hiver sur la dépense énergétique de la ville. On s’aligne avec ce qui a été fait pour la tour Eiffel », se félicite Fatoumata Koné, présidente du groupe Les Écologistes au Conseil de Paris.
La Ville va aussi augmenter la pression sur les commerçants, qui s’étaient vus obligés l’été dernier de fermer leur porte lorsqu’ils actionnaient chauffage ou climatisation. Ils auront désormais l’obligation d’éteindre leurs enseignes lumineuses et leurs écrans à la fermeture des locaux, donc week-end compris, et ce dès le 1er novembre, et non au 1er juin pour ce qui concerne l’extinction nocturne prévue par le décret gouvernemental.
Contraintes liées aux contrats
La mairie s’engage par ailleurs à interpeller et entrer en négociation avec la RATP et Ile-de-France Mobilités pour que l’extinction des panneaux se fasse à partir de 23h45 ou le plus tôt possible, mais sans prendre d’engagement concret à ce stade, la ville étant dépendante du bon vouloir de ces opérateurs. « En cas de non-coopération à l’effort collectif porté par la Ville, le Conseil de Paris autorise la maire à considérer tous les leviers de pénalités voire la suspension d’une partie de sa contribution à Île-de-France Mobilités », indique le texte qui s’apprête à être voté.
Ces mesures peuvent paraître timides, mais la ville est dépendante de la législation et des contrats signés avec les opérateurs. « Si les contraintes sont trop importantes l’opérateur peut se retourner contre la ville », explique Fatoumata Koné, qui préfère « éviter d’avoir à rembourser tous ces opérateurs ».
Pour la cheffe de file du groupe écologiste parisien, l’adoption de ce vœu même amendé est une « victoire », les demandes des écologistes en ce sens ayant toujours été refusées. Cette fois, la mairie a semble-t-il réussi à négocier avec les entreprises de publicité, dans un contexte d’effort national. S’agissant des nouvelles obligations des commerçants, Fatoumata Koné estime qu’il s’agit là d’un « vrai message envoyé au privé. Les commerçants vont y réfléchir à deux fois avant d’acheter un écran ».