Tuberculose : Pourquoi c’est compliqué de faire vacciner son enfant à Paris

SANTé La vaccination contre la tuberculose n’est plus obligatoire en France, mais reste recommandée en Ile-de-France par le Haut Conseil de la santé publique

G.N.
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Depuis plusieurs années, il y a une pénurie mondiale de vaccins BCG (illustration).
Depuis plusieurs années, il y a une pénurie mondiale de vaccins BCG (illustration). — CHAIDEER MAHYUDDIN / AFP
  • En Ile-de-France, la vaccination contre la tuberculose bien que non obligatoire est recommandée en raison d’un nombre de cas plus élevé dans la région qu’ailleurs sur le territoire national.
  • Malheureusement, « depuis 2016, nous sommes dans une phase de pénurie mondiale de vaccins BCG », indique la mairie de Paris. Chaque département reçoit ainsi un nombre limité de doses.
  • Les vaccins ne sont donc plus disponibles en pharmacie mais « contingentés aux structures suivantes : centres de PMI, centres de vaccination, centres de lutte antituberculeuse et maternités », précise l’ARS d’Ile-de-France.

Pas obligatoire mais recommandé, mais en même temps pas vraiment disponible. A Paris, le vaccin contre la tuberculose (BCG) peut facilement donner le tournis aux jeunes parents parisiens. Tentons d’y voir plus clair.

Pourquoi le vaccin est-il recommandé et non plus obligatoire ?

Se basant sur les recommandations de l’OMS et d’autres pays européens, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) « recommande de considérer que le seuil pratique pour définir un pays de haute endémicité tuberculeuse soit une incidence annuelle de tuberculose maladie > 40/100.000 habitants », rappelle l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France. Et donc de prendre ce seuil pour décider ou non de l’obligation de la vaccination. Au-delà, c’est oui, en dessous, c’est non.

En France, on est à 7,6 cas déclarés pour 100.000 habitants en 2020, nul besoin donc de vaccination obligatoire. Mais « en Ile-de-France, la situation est sensiblement différente, précise l’ARS. En 2020, 4.606 cas de tuberculose ont été déclarés en France dont 36 % en Ile-de-France. » Ce qui fait pour cette même année un taux de déclaration de la tuberculose de 14,3/100.000 habitants, soit deux fois le taux national. « C’est pourquoi il a été décidé [avis du HCSP du 1er février 2013] de maintenir une vigilance concernant certains territoires dont l’Ile-de-France, indique l’ARS. C’est à ce titre qu’est recommandée la vaccination des enfants nés en Ile-de-France. »

Pourquoi le taux est-il plus élevé en Ile-de-France ?

Tout simplement parce que l’Ile-de-France est une région avec une grande « ouverture au monde », comme le rappelle la mairie de Paris, où s’installent de nombreuses personnes originaires de pays de haute endémicité tuberculeuse, selon l’expression de l’ARS. La mairie de Paris avance aussi l’explication de la densité de population dans la région, ce qui peut favoriser la transmission de la maladie.

Pourquoi est-ce difficile de se faire vacciner dans la capitale ?

« Depuis 2016, nous sommes dans une phase de pénurie mondiale de vaccins BCG liée aux fabricants », explique la mairie de Paris. En conséquence, les vaccins ne sont plus accessibles en pharmacie mais « contingentés aux structures suivantes : centres de PMI, centres de vaccination, centres de lutte antituberculeuse et maternités », précise l’ARS. « On vaccine les enfants en fonction de critères prioritaires, s’ils vivent dans des foyers denses, si leur famille a beaucoup voyagé dans des pays à risque, par exemple dans le cas de parcours migratoires », liste la mairie de Paris.



Autre difficulté, le vaccin est fourni par flacon de dix doses ce qui fait qu’on « ne peut pas prendre les patients au fil de l’eau, il faut des rendez-vous pour ne pas perdre les doses, les délais sont liés à ça », précise la mairie de Paris. Cette dernière fait aussi état de difficultés à recruter des médecins dans les arrondissements populaires, à même d’administrer le vaccin. Ce qui explique qu’il faille parfois attendre plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous de vaccination dans ces arrondissements.