C’est quoi « le PLU en bas de chez vous » voulu par la ville de Paris ?
CONSULTATION Dans le cadre de l’élaboration de son PLU bioclimatique, la mairie de Paris propose aux citoyens de s’exprimer en ligne sur le devenir de la ville
- Les Parisiens et Parisiennes sont invités à s’exprimer sur le projet de Plan local d’urbanisme bioclimatique, pour la troisième fois depuis son lancement en janvier 2021.
- Cette fois-ci, il s’agit de discuter des traductions concrètes des grandes orientations déjà adoptées.
- Pour un membre du mouvement #Saccage Paris, ce sera l’occasion de « mettre la majorité municipale face à ces contradictions ».
C’est la grande affaire qui occupe Emmanuel Grégoire, le premier adjoint à la mairie de Paris. La révision du Plan local d’urbanisme (PLU) commencée en janvier 2021 devrait se terminer fin 2023, début 2024. Pour rappel, le PLU édicte les règles d’urbanisme et d’utilisation des sols sur un territoire donné, ici la surface de Paris. Il s’agit donc d’un document important que la Mairie de Paris a décidé de renommer PLU bioclimatique et qui sert de cadre à tous les projets d’aménagements urbains de la municipalité.
Pour l’exécutif en place, le PLU doit répondre à trois objectifs. « Comment transformer la ville pour l’adapter à 2050 où par exemple les vagues de chaleur l’été seront plus fréquentes, comment garantir que tout le monde puisse vivre à Paris, notamment via l’accès au logement, et enfin comment transformer la ville en conservant son identité urbaine et son patrimoine », énumère-t-on au cabinet d’Emmanuel Grégoire. Vaste chantier auquel les Parisiennes et Parisiens sont donc invités à participer depuis lundi et pour une durée de 60 jours via une consultation en ligne.
Des questions assez générales et plutôt consensuelles
Alors ce n’est pas la première consultation du public, c’est même la troisième sur les quatre prévues par la loi en cas de révision du PLU. La première a eu lieu début 2021 et la deuxième du 21 janvier au 1er avril 2021 et portait sur le projet d’aménagement et de développement durable (PADD). Ce sous-document du PLU permet de fixer les grandes orientations d’urbanisme à long terme. Avec la présente consultation, on rentre dans le détail. « C’est le PLU en bas de chez vous », comme le dit le cabinet du premier adjoint.
Concrètement sur le site de Paris Idées, la consultation s’organise autour de 4 onglets : « Actions clés de l’avant-projet », « prescriptions localisées », « OAP sectorielles » et « cahiers d’acteurs ». Dans le premier, on est invité à répondre, de très favorable à très défavorable, à différentes propositions liées à des traductions concrètes du PADD et éventuellement y laisser des commentaires. Pour mieux former son avis, il est possible de télécharger l’avant-projet, mais le document fait quand même 120 pages. Les questions restent assez générales et plutôt consensuelles. Par exemple, celle-ci : « Augmenter le nombre d’espaces végétalisés protégés (arbres, espaces verts…) ». Hormis Renaud, rares sont ceux qui refusent l’implantation des arbres… Ou encore celle-là : « Identifier de nouveaux lieux pour les équipements publics et la logistique urbaine ». Oui, pourquoi pas ?
Dans l’onglet « prescriptions localisées », on a accès à une carte interactive où on peut proposer de préserver tel espace vert ou de réserver telle parcelle à du logement. Ensuite, on a affaire aux OAP, ou Orientations d’aménagement et de programmation, sectorielles. Pour faire simple, les OAP définissent un ensemble de règles, soit par thématique (biodiversité, construction, etc.) soit par secteur. Dans le troisième onglet, c’est de ces dernières dont il s’agit. Il y en a 13 en tout qui reprennent les grands projets d’aménagement urbains comme la ZAC de Bercy-Charenton. Enfin les « cahiers d’acteurs » sont réservés aux contributions d’organisations reconnues.
« Un plan local de com' »
Evidemment, parmi les citoyens sollicités, certains sont plus engagés que d’autres comme ceux qui gravitent au sein du mouvement #Saccage Paris. « Nous ferons une contribution, affirme l’internaute derrière le compte Twitter PanamePropre, à l’origine du mot-dièse redouté par la mairie de Paris. C’est important de contribuer, notamment pour mettre la majorité municipale face à ces contradictions. » Le militant dénonce « un plan local de com' » et une « forme de schizophrénie » : « La mairie annonce vouloir diminuer la perméabilité des sols, mais dans le même temps fait la Tour Triangle ! » Mais ne souhaitant pas être réduit à un rôle de critique, il promet « une contribution politique, mais aussi une étude fouillée ». Du côté du cabinet d’Emmanuel Grégoire, on ne craint pas un afflux de contributions très critiques : « Dans les réunions publiques aussi, il y a des éléments hostiles. Et parfois, avec #SaccageParis, on raconte la même chose, de ces contributions peuvent émerger des sujets communs. »
Du côté des associations écolos, on est sur ses gardes. « On va y participer et nous invitons le plus grand nombre de personnes à le faire, indique Pierre-Alexis Hulin, des Amis de la Terre. Mais il n’y a rien de très substantiel. On n’a toujours pas le texte véritable du PADD. Il nous manque les règlements et surtout les exceptions. » C’est d’ailleurs la limite de l’exercice. Pour le contributeur, il est difficile, sur le site Internet, de savoir si sa proposition respecte le PADD, condition sine qua non pour qu’elle soit retenue, indique la municipalité. Nombre de contributions risquent donc de finir à la corbeille… Enfin Frédéric Leonhardt, vice-président de Respire, demande, en parallèle du début du PLU, « d’arrêter la machine d’urbanisation » car « il y a trop d’écarts entre les déclarations et ce qui est fait, notamment sur la santé environnementale. »