Paris : Avec le stationnement payant des deux-roues thermiques, les motards se sentent « pestiférés »

TRANSPORT Depuis ce jeudi, le stationnement des deux-roues thermiques est payant dans la capitale

Mathilde Desgranges
Paris, stationnement payant pour tous les deux-roues a moteur thermique a partir du 1er septembre 2022.
Paris, stationnement payant pour tous les deux-roues a moteur thermique a partir du 1er septembre 2022. — © HOUPLINE-RENARD/SIPA
  • Désormais les conducteurs de deux-roues motorisés thermiques (2RM) doivent payer pour stationner dans Paris.
  • La mesure, prévue pour entrer en vigueur le 1er janvier dernier, avait finalement été reportée de huit mois.
  • Certains propriétaires de 2RM pestent sur la difficulté à comprendre les démarches pour payer leur stationnement.

« C’est une catastrophe, s’alarme Virginie. Et, d’ici deux ans, ils vont aussi rendre payant le stationnement des deux-roues électriques ? » Les enfants ne sont pas les seuls à rechigner en ce jeudi de rentrée. Motards et propriétaires de scooter font la moue, pour le premier jour de stationnement payant des deux-roues motorisés thermiques (2RM) dans la capitale. Les conducteurs de ces véhicules devront désormais payer 2 à 3 euros de l’heure pour se garer, alors que la gratuité sera appliquée pour les deux-roues électriques.

Une mesure « nécessaire pour mieux partager l’espace public, lutter contre les nuisances sonores et la pollution de l’air », affirme dans un tweet David Belliard, adjoint à la Mairie de Paris en charge de la transformation de l’espace public et mobilités.

Une mesure « qui rebute »

« On capitule. » Las de ne pas se sentir entendu, Frédéric envisage de se résigner « si seulement la mairie donnait les moyens nécessaires pour rendre la mesure possible ». Il explique qu’il « veut bien payer mais qu’il n’y a même pas assez de places » pour les deux-roues. « La plupart ont été transformées en piste cyclable ou en parc à vélos », regrette le quarantenaire. Se sentant désormais comme « un pestiféré » dans la capitale, il soutient « qu’une moto, c’est quand même une voiture en moins ».

Galien aussi pourrait accepter « de payer, par équité avec les voitures ». « Ce qui me rebute, c’est surtout qu’il est très compliqué de comprendre comment cela marche », affirme-t-il. Malgré des discussions avec d’autres propriétaires de motos ou de scooters, il se trouve toujours contraint d’éplucher le site de la mairie. « On n’y comprend rien… Le tarif résidentiel ne comprend que quelques pâtés de maisons, trouver une place pour se garer reste très compliqué…, énumère-t-il. Cela ne motive pas à, disons, rester dans la légalité. »

Un sentiment partagé par Keita. Livreur UberEats, le jeune homme se sert de son scooter au quotidien. Depuis mi-août, il se prépare à la mise en application de la mesure et cherche à obtenir un abonnement à l’année. « Je suis allé voir la mairie du 17e arrondissement. On m’a dit de faire la démarche sur Internet mais cela ne marche pas, explique-t-il, l’air embêté. Tout cela me fait chauffer le crâne. » En ce premier jour de stationnement payant, il a prévu de retourner à la mairie pour demander des explications.

Passer à l’électrique

« Il est tout beau, tout neuf ! » Tout juste garée, Virginie montre à un ami son nouveau scooter. « Je l’ai récupéré hier », ajoute-t-elle. Son ton change gravement quand elle explique « avoir été obligée d’en changer à cause de la mesure » instaurée par la mairie de Paris. « Ils font tout un tintouin pour qu’on passe à l’électrique », râle-t-elle.

Comme elle, Richard réfléchit à passer à l’électrique même s’il se dit « sceptique quant à l’efficacité écologique de la mesure ». Il se sent « un peu obligé de sauter le pas », affirme-t-il. « Si je le fais, c’est avant tout pour profiter des subventions tant qu’il en a. » La mairie propose de rembourser 400 euros lors du passage au deux-roues électrique pour « inciter à des mobilités propres ». Et puis, l’immeuble de Richard vient d’être équipé de bornes électriques. La mesure tombe au bon moment. Sophie, qui a déjà franchi le cap, estime néanmoins qu’il est « très bien que tout le monde soit incité à passer à l’électrique, pour des raisons évidentes d’écologie ».