Corbeil-Essonnes : Sur les fouilles archéologiques des Tarterêts, « vouloir trouver un squelette est un peu ambitieux »

REPORTAGE Pour la quatrième année consécutive, des archéologues fouillent le site des Tarterêts III à Corbeil-Essonnes

Mathilde Desgranges
Des ossements et fossiles découverts sur le site des Tarterêts III.
Des ossements et fossiles découverts sur le site des Tarterêts III. — © Mathilde Desgranges / 20 Minutes
  • En 2012, un site archéologique a été découvert dans le quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes.
  • Une équipe constituée d’archéologues de l’Inrap et du CNRS fouille l’endroit pour la quatrième année consécutive.
  • Des visites du site archéologique sont proposées au public le samedi 30 juillet.

Dans une rue excentrée du quartier des Tarterêts, entre les tours en béton et la terre en friche, un site archéologique regorge de vestiges du passé. Au détour de la rue Gustave-Eiffel de Corbeil-Essonnes (Essonne), un Algeco, des toilettes de chantier et des filets orange fluorescents cachent une dizaine d’archéologues du CNRS et de l’Institut national de recherches archéologiques (Inrap) en plein travail. À genoux sur des planches en mousse colorées, à plus d’un mètre sous le niveau du sol, ils déblaient des fossiles datés de -22.200 à -14.500 ans. Cette fouille « couvre des périodes peu connues dans le bassin parisien », affirme Cécile Ollivier-Alibert, qui dirige l’équipe.

Les archéologues fouillent le site archéologique des Tarterêts III, à Corbeil-Essonnes.
Les archéologues fouillent le site archéologique des Tarterêts III, à Corbeil-Essonnes. - © Mathilde Desgranges / 20 Minutes

Depuis mi-juillet, ces archéologues consacrent quatre semaines au site des « Tarterêts III ». Cette quatrième année consécutive de fouilles va permettre d’explorer de nouvelles zones, et de préciser certaines conjectures. « L’année dernière, on s’est rendu compte que le site était plus ancien qu’on ne l’avait envisagé », explique Cécile Ollivier-Alibert.

Corbeil-Essonnes, un grand potentiel archéologique

« Le site a été découvert dès 2012, lors de fouilles préventives en amont d’un projet de construction », raconte Louise Truchot pendant une visite guidée. « On a fouillé cet endroit parce qu’on sait qu’il a un potentiel archéologique », complète Cécile Ollivier Alibert. Depuis la découverte des sites archéologiques Tarterêts I et II, entre 1969 et 1970, le quartier fait l’objet d’une attention particulière des scientifiques. L’Essonne constitue un terrain de recherche dense, notamment connu pour le campement magdalénien (entre -17.000 et -14.000) découvert à Étiolles, à 4 km du site des Tarterêts.

« Vouloir trouver un squelette ici, aux Tarterêts III, c’est un peu ambitieux », considère la titulaire des fouilles. Jusqu’ici, les archéologues ont surtout déterré des ossements animaux et des silex. « L’objet qui a le plus attiré leur attention est une dent de hyène », explique la guide Louise Truchot. Datée de – 30.000 ans, cette dent est bien plus ancienne que les autres fossiles du site. « Plusieurs hypothèses expliquent sa présence : soit les mouvements du sol ont remué la terre et fait remonter une dent fossilisée, soit un être humain l’a volontairement déplacée », détaille-t-elle.

« Pas que du béton autour de nous »

« C’est intéressant que le site soit à proximité des Tarterêts, se réjouit Olivier, un habitant de Corbeil-Essonnes. C’est un peu une rencontre des civilisations ». Le trentenaire n’en est pas à sa première visite, il est déjà venu « deux ou trois fois » au cours des précédentes années de fouilles. « Quand c’est un lieu qu’on a fréquenté, on a envie de savoir comment les gens y vivaient dans les temps anciens », complètent Joseph et Françoise, deux retraités revenus sur les lieux de leur jeunesse.

L’ouverture du site au public permet « de montrer aux enfants qu’il n’y a pas que du béton autour de nous », explique un père de famille venu avec ses quatre filles. Des prochaines visites auront lieu samedi 30 juillet. En attendant, une journée portes ouvertes est organisée cet après-midi au parc Aimé-Césaire. « Il ne nous reste que 15 jours de fouilles, cela va être court pour finir, regrette Cécile Ollivier-Alibert. On reviendra sûrement l’année prochaine, avec une plus petite équipe. »