Paris : « Silence, ils nous tuent »… Une marche dénonce l’inaction de l’Etat contre les féminicides

PROTESTATION Les manifestantes ont dénoncé la recrudescence des féminicides ces dernières semaines

20 Minutes avec AFP
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Manifestation contre les féminicides, illustration
Manifestation contre les féminicides, illustration — Alain ROBERT/SIPA

Après des cas retentissants survenus ces derniers mois, une marche dénonçant « l’inaction du gouvernement » en matière de lutte contre les féminicides a réuni plusieurs centaines de personnes, vendredi soir à Paris.

Réunies autour de pancartes « Silence, ils nous tuent », « Pas une de plus », ou « Plaintes ignorées, femmes tuées », les manifestantes – en grande majorité des femmes – ont défilé de la place du Châtelet à l’Opéra en scandant « Flics, prenez nos plaintes » ou « Justice nulle part, féminicides partout ».

« Rendre visible des survivantes et des familles de victimes »

« Le fait est qu’on constate une recrudescence des féminicides ces dernières semaines, dans l’indifférence totale du gouvernement et le mépris », a dénoncé Léa, membre de Collages féminicides Paris, un des collectifs organisateurs, réclamant « davantage de moyens pour plus de téléphones grave danger, de bracelets anti-rapprochement et des formations ». Pour elle, l’objectif de la marche était aussi « de rendre visible des survivantes et des familles de victimes », et que les femmes « se réapproprient la rue ».

Annie, Gloria, Aurélie, Chahinez, anonyme septuagénaire… En tête du cortège, des militantes portaient des pancartes blanches avec les noms en lettres noires de femmes tuées en 2021 par leur compagnon ou ex, de prostituées et de femmes trans tuées. D’autres réclamaient « grâce pour Valérie Bacot », condamnée vendredi soir à une peine symbolique  pour le meurtre de son mari violent et proxénète, et ressortie libre du tribunal. « On réclame un changement urgent dans notre société car les violences sont des choses récurrentes dans la vie des femmes. Il faut davantage de formations des professionnels sur ces sujets, de sensibilisation et d’écoute », a estimé Aurore, manifestante, professeure d’histoire-géo de 28 ans.

Explosion en 2019

Après le meurtre de Chahinez, une mère de trois enfants blessée par balles puis immolée par le feu dans la rue par son mari violent récidiviste, début mai à Mérignac, le gouvernement a annoncé six mesures, dont certaines déjà existantes, pour « renforcer la protection des victimes ».

Depuis ce cas, qui a suscité une forte indignation, au moins une dizaine d’autres femmes ont perdu la vie ou manqué de la perdre du fait de violences conjugales, selon un décompte de l’AFP. Stade ultime des violences subies par plus de 200.000 femmes par an, les féminicides avaient connu en 2019 une forte augmentation, avec 146 décès recensés (25 de plus qu’en 2018). En 2020, selon les chiffres du ministère de la Justice, 90 femmes ont été tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint.